Laboratoire vétérinaire départemental : notre alimentation sous haute surveillance

Laboratoire vétérinaire départemental
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Régulièrement, des crises sanitaires viennent semer le doute dans nos assiettes et rappeler notre vulnérabilité aux agents pathogènes. De la santé des troupeaux à celle des consommateurs, le Laboratoire vétérinaire départemental veille sur la sécurité de toute la chaîne alimentaire. 

Jean-Pierre Barbier, président du Département, et Jean Papadopulo, vice-président du Département délégué au Laboratoire vétérinaire départemental et à la santé animale, en visite au Laboratoire vétérinaire départemental de l’Isère.

 

La sécurité alimentaire est aujourd’hui une préoccupation quotidienne des Français et un enjeu majeur de santé publique. À l’heure des élevages industriels et des plats préparés, comment être certain que les règles d’hygiène et la chaîne du froid ont bien été respectées ? 

Quelle confiance peut-on avoir dans les productions fermières ou artisanales ? L’enjeu est tout aussi essentiel pour les producteurs, qui redoutent de voir une épidémie se propager au sein de leurs troupeaux. 

Heureusement, le Laboratoire vétérinaire départemental de l’Isère (en cours de mutualisation avec celui de la Savoie) veille au grain. Bras armé de la politique agricole pour la santé animale et pour la sécurité alimentaire, cet outil, rattaché depuis 1982 au Département, n’a cessé de voir ses missions et compétences s’élargir depuis sa création en 1959.

 

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Viande, lait, eau, fromages, plats cuisinés, toute la chaîne alimentaire est désormais soumise à sa vigilance. Seul laboratoire en Isère habilité à intervenir en matière de santé animale liée à l’élevage agricole, il assure ainsi le dépistage et la surveillance des maladies réglementées (ou permettant aux élevages d’obtenir une certification) et non réglementées, notamment à la demande des éleveurs du Groupement de défense sanitaire (GDS). 

Chaque année, ce sont ainsi 150 000 bovins, 47 000 ovins et 10 000 caprins qui sont dépistés en Isère par l’intermédiaire des vétérinaires ruraux — y compris tous ceux qui montent et redescendent de nos alpages lors de la transhumance. 

“Nous devons être très réactifs, car en cas de suspicion, l’animal infecté doit être isolé rapidement”, explique Thomas Rambaud, directeur du Laboratoire.

 

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Une capacité d’analyses unique en Isère 

Dans le domaine de l’hygiène alimentaire et de la protection du consommateur, le Laboratoire est aussi le seul laboratoire public : il assure le suivi de la qualité bactériologique des denrées de la production à la distribution.

“Nous avons cinq agents qui se déplacent dans toute l’Isère pour prélever des échantillons chez les producteurs ou dans les cuisines des collèges ou des maisons de retraite. Dans le cadre de ces visites programmées, nous avons aussi un rôle de conseil auprès de nos clients”, précise Nathalie Crovella, directrice adjointe. 

Régulièrement, des contrôles peuvent être commandés par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) en cas d’intoxication alimentaire, pour débusquer la salmonelle ou d’autres bactéries dans les aliments consommés.

 

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En cas de mort suspecte d’un animal sauvage ou d’un soupçon de grippe aviaire au sein d’un élevage, des autopsies sont par ailleurs pratiquées, et des prélèvements sont effectués à l’abattoir sur les carcasses. 

“Notre cœur de métier, c’est de pouvoir réagir aux crises sanitaires, poursuit Thomas Rambaud. La rapidité et l’adaptabilité sont essentielles, sans compromettre la qualité des résultats de nos analyses : nous sommes accrédités par le Comité français d’Accréditation (COFRAC) sur cinq programmes qui garantissent le respect de normes générales d’organisation et de protocoles d’analyses, ainsi que la traçabilité de toutes les étapes.” 

Le Laboratoire vétérinaire départemental est unique en Isère par sa capacité à traiter en urgence autant d’analyses, en quantité — parfois plus de 2 000 prélèvements par jour — comme en variété d’échantillons. 

“C’est une vraie garantie pour les producteurs fermiers, et une raison de plus pour les consommateurs de préférer les produits issus de notre agriculture et de nos artisans locaux”, conclut Jean Papadopulo, vice-président du Département délégué au Laboratoire départemental et à la santé animale.

 

©F.Pattou


Interview

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Jean Papadopulo, vice-président du Département délégué au Laboratoire départemental et à la santé animale. 

 

Un outil au service de l’agriculture

 

Isère Mag : Vétérinaire de métier, vous connaissez bien toute l’importance du Laboratoire vétérinaire départemental. 

Jean Papadopulo : Oui, c’est un outil particulièrement efficace et qui possède un niveau de compétences et d’analyses remarquable, très reconnu dans notre profession. 

En Isère, le Laboratoire vétérinaire, qui est mutualisé en partie avec celui de la Savoie pour la prophylaxie, est au centre de notre politique de soutien à l’agriculture et à l’élevage. De la naissance de l’animal jusqu’à sa transformation puis à sa distribution dans les cantines, les maisons de retraite, les restaurants ou les étals, il est présent sur toute la chaîne, au profit de la santé humaine. 

 

I. M. : Comment fonctionne-t-il ? 

J. P. : C’est un service public financé par une dotation du Département de 1,5 million d’euros par an, complétée par les propres recettes du laboratoire. 

Au quotidien, il assure des missions de veille sanitaire et de suivi des élevages, pour le contrôle des épidémies notamment. Il a aussi un rôle d’aide au diagnostic pour les vétérinaires et de conseil et d’audit pour les artisans, les producteurs fermiers, la restauration collective. En cas de crise, il passe la vitesse supérieure : il doit sans cesse s’adapter.

 

I. M. : Quelle est l’ambition du Département pour cet outil ?

 J. P. : Notre ambition est de conserver un outil de suivi sanitaire performant, au bénéfice de tous les Isérois et de tous nos élevages. Cela se traduit par les moyens financiers et humains significatifs que nous consacrons au Laboratoire. 

Tous les Départements ne possèdent pas un tel outil. Mais en Isère, territoire d’élevage et d’agriculture, c’est un partenaire essentiel du monde agricole.


Les chiffres du laboratoire vétérinaire en Isère : 

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Les deux-tiers des sociétaires de l’Association des producteurs fermiers de l’Isère sont des producteurs fromagers. Ils ont besoin d’assurer une veille sanitaire permanente de leurs produits.  

 

Une veille sanitaire permanente chez les producteurs fermiers

“Nous travaillons main dans la main avec le Laboratoire vétérinaire départemental pour permettre aux éleveurs de respecter les règles sanitaires européennes”, témoigne Frédéric Blanchard, président de l’Association des producteurs fermiers de l’Isère. 

“Nous regroupons 210 exploitants. Deux sur trois sont des producteurs fromagers. Le plus gros de notre travail consiste à les aider dans leurs démarches sanitaires souvent plus adaptées à des structures industrielles qu’à de petites unités. 

L’autre activité importante est de contrôler et de valider leurs procédés de fabrication et d’assurer ainsi une veille sanitaire régulière dans le respect des normes en vigueur. Pour cela, et grâce à un soutien financier du Département, nous avons mis en place un système de ramassage avec le laboratoire permettant de collecter régulièrement les échantillons de leurs transformations fermières et de mutualiser les analyses. 

En cas de résultat non conforme, l’un de nos techniciens spécialisés se rendra sur place pour chercher l’origine du problème, mettre en place les solutions qui s’imposent et garantir la qualité de nos produits.”

 

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2 000 éleveurs isérois comptent sur le Laboratoire vétérinaire départemental pour garantir la santé de leur cheptel.

 

Faciliter le dépistage et le traitement des maladies d’élevage 

“Pour nous, le Laboratoire vétérinaire départemental est un partenaire incontournable dans la prévention, la veille et le traitement des épidémies”, affirme Sébastien Simian, président du Groupement de défense sanitaire de l’Isère (GDS) qui représente dans le département plus de 2 000 éleveurs.

Créés dans les années 1950, les GDS rassemblent les éleveurs afin d’améliorer la santé animale, réduire les coûts sanitaires, préserver la sécurité alimentaire et favoriser la bonne gestion des exploitations. 

“Notre principale mission consiste à surveiller l’émergence des maladies qui se transmettent de l’animal à l’homme (zoonoses) et les maladies réglementées par l’État. Avec l’aide du Laboratoire vétérinaire départemental, nous avons mis en place une organisation efficace : chaque année, entre le 1er novembre et 30 avril, les propriétaires de ruminants doivent faire appel à leur vétérinaire référent pour le dépistage des maladies contagieuses. 

Nous avons proposé un système qui permet d’acheminer directement les prises de sang des cabinets jusqu’au Laboratoire. En fonction des résultats, nous leur attribuons des aides financières en cas de maladie.”

 

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Les techniciens du Laboratoire vétérinaire départemental procédant à l’autopsie d’un lynx trouvé mort en forêt de Chartreuse.

 

Surveiller l’état de santé de la faune sauvage

Il s’agit d’une autre des grandes missions du Laboratoire vétérinaire départemental, qui travaille en étroite collaboration avec la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère et l’Office français de la biodiversité dans le cadre du réseau Sagir. 

Avec leur concours, il veille à contrôler la qualité sanitaire des viandes de sanglier issues de la chasse et mises sur le marché et, surtout, il assure le suivi épidémiologique des zoonoses, ces maladies et infections dont les agents se transmettent naturellement des animaux sauvages à l’être humain et vice versa. 

Certaines sont bien connues, comme l’influenza aviaire ou la peste porcine africaine ; d’autres un peu moins, comme la tuberculose, la brucellose ou la trichine. “Les comportements anormaux d’animaux, les décès suspects, comme les décès groupés, font l’objet de protocoles très rigoureux au niveau national, explique Sébastien Zimmermann, interlocuteur technique à la Fédération départementale des chasseurs de l’Isère. 

En décembre 2022 par exemple, l’autopsie de plusieurs petits prédateurs (renards et blaireaux) a permis de conclure à des cas de maladie de Carré. Dans un autre cas, la fédération des chasseurs a fait analyser par le LVD une centaine d’échantillons de sangliers, finalement tous indemnes de trichine.” Une synergie et une réactivité indispensables pour maîtriser tout risque sanitaire. 


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Chaque semaine, la DDPP envoie de nombreux lots d’échantillons alimentaires à analyser au Laboratoire vétérinaire départemental.

 

Quand la DDPP mène l’enquête 

La noix figurant dans la liste des ingrédients de ces biscuits est-elle bien de la noix de Grenoble comme indiqué ? Ces saucissons fabriqués à la chaîne répondent-ils aux normes sanitaires ? Ce restaurant et ce supermarché respectent-ils la chaîne du froid ? Autant de contrôles routiniers ou d’enquêtes menés par la direction départementale de la protection des populations (DDPP), parmi ses multiples missions de répression des fraudes et de surveillance des produits en vente sur le marché. 

Fort d’une trentaine d’agents, le service de la qualité et de la sécurité des aliments fait partie des bons clients du Laboratoire vétérinaire départemental : “Chaque semaine, nous lui envoyons des échantillons et prélèvements, confie sa responsable, Charlotte Mérel, vétériraire.

En cas de suspicion de toxi-infection alimentaire dans un Ehpad par exemple, quand plusieurs résidents sont tombés malades après l’ingestion d’un repas, nous lui demandons de cibler des germes pathogènes.” 

Les causes de l’infection identifiées, un rappel des règles et des mesures correctives s’imposent alors. Là encore, la rapidité et la fiabilité des résultats d’analyses sont essentielles !

 

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Roberto Alciati et Hugo Jeannet