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En février dernier, le Département de l’Isère a voté un nouveau plan d’action pour soutenir durablement les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Objectif : améliorer les conditions de travail des soignants et la prise en charge des résidents.
Fatigue, stress, journées de douze heures… Les conditions de travail dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont de plus en plus éprouvantes, au risque parfois de remettre en cause le bien-être des résidents.
“Avec le vieillissement de la population et des entrées tardives en maison de retraite, à plus de 85 ans en moyenne, le personnel doit s’occuper d’une population de plus en plus dépendante, explique Laura Bonnefoy, vice-présidente du Département chargée de la dépendance et du handicap. Par ailleurs, les métiers étant difficiles et peu valorisés, les établissements peinent à recruter. Le taux d’absentéisme pour maladie professionnelle y est plus élevé que dans le BTP”, poursuit-elle. À cela s’ajoutent parfois aussi des investissements qui n’ont pas été effectués à temps pour humaniser les établissements et les rendre plus confortables.
En 2016, le Département de l’Isère prenait à bras-le-corps cette problématique et débloquait près de 30 millions d’euros pour aider les Ehpad à se moderniser. Quarante établissements ont été ainsi soutenus dans leurs projets de rénovation. Dans la foulée, une réflexion plus large était engagée avec les 160 structures d’accueil iséroises pour faire un état des lieux et envisager des solutions adaptables à chaque établissement. Aujourd’hui, les élus départementaux ont décidé de passer à la vitesse supérieure en lançant la deuxième phase de ce chantier : 34 actions déclinées en quatre thématiques ont été imaginées.
Un plan en quatre volets
Une première partie de ce plan concerne la valorisation des métiers de la gérontologie : aide-soignant, auxiliaire de vie… Plusieurs pistes sont envisagées, comme un accompagnement individualisé pour favoriser la revalorisation des acquis et de l’expérience des équipes.
Le deuxième axe propose des idées concrètes pour encourager l’échange de bonnes pratiques entre les établissements. La création de plateformes dématérialisées pourrait par exemple aider les structures à mieux résoudre ensemble leurs difficultés.
Troisième volet, lutter contre « l’Ehpad bashing », par le biais de films ou de reportages plus positifs que ceux diffusés dans les médias, mais aussi par des outils de communication permettant d’informer les résidents et leurs familles sur la vie de l’établissement.
Quatrième et dernière volonté, intégrer davantage les Ehpad dans la vie de la cité à travers des journées portes ouvertes, des repas partagés, des expositions, des ateliers pour les familles et les aidants ou encore des animations organisées en lien avec le milieu scolaire…
Le Département, qui consacre un budget annuel de 367 millions d’euros aux personnes âgées et aux personnes handicapées, a d’ores et déjà annoncé qu’il accorderait des moyens supplémentaires pour financer les actions portées dans chaque établissement en fonction de leurs priorités.
Une réflexion est aussi engagée avec les services d’aide à domicile pour une meilleure prise en charge des personnes âgées et des personnes handicapées.
Question à :
Anne-Laure Dubois, directrice des Ehpad de Tullins, Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs et de Notre-Dame-de-l’Osier. Fondation Partage & Vie.
Isère Mag : Qu'attendez-vous de ces nouvelles mesures ?
Anne-Laure Dubois : Ce plan va nous permettre d’expérimenter des projets adaptés à chaque établissement et à chaque territoire. L’intérêt est qu’il a été construit en concertation avec les professionnels, directeurs et salariés, qui ont pu faire remonter leurs idées.
Nous avons aujourd’hui une feuille de route avec des pistes concrètes qui vont nous aider à tester de nouvelles solutions pour améliorer la qualité de l’accueil et des soins, et individualiser davantage la prise en charge des résidents.
© A.Berlioz