26 août 1944 : charniers du Polygone à Grenoble, la découverte de l’horreur

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Chaque jour du 20 août au 2 septembre, en coopération avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, nous vous faisons revivre dans ces colonnes la Libération de l’Isère, telle qu’elle s’est déroulée il y a 80 ans, jour par jour. Episode 7...

Des hommes s’affairent à déterrer les corps des victimes de la barbarie allemande dans le secteur du polygone d’artillerie. Photo. Coll. Musée de la Résistance et de la Déportation – Département de l’Isère.

 

Jusqu’au bout de la guerre, Grenoble aura payé dans le sang son esprit de résistance. Alors que l’ennemi est vaincu et ne reparaîtra plus dans la capitale des Alpes, on découvre l’horreur du côté du Polygone d’artillerie : deux charniers contenant des corps en décomposition qu’il va falloir identifier…


Grenoble, enivrée de sa libération toute récente, découvre le 26 août toute l’horreur de la répression allemande, cachée dans le secteur du polygone d’artillerie. Dans un trou causé par une bombe, certainement lors des raids menés par les Alliés, des corps sont retrouvés.

La Croix-Rouge envoie une équipe sur place ainsi que la Défense passive. Et au fur et à mesure des fouilles, pour lesquelles des prisonniers allemands sont mis à contribution, c’est un véritable charnier qui se fait jour. Des corps entassés les uns sur les autres, criblés de balles, recouverts d’une fine couche de terre et de boue.

 

48 corps retrouvés dans deux charniers
 

Au total, 25 cadavres sont retrouvés dans un état abominable. Des riverains du chemin de la Butte (désormais avenue des Martyrs) témoignent : il s’agit sans doute d’exécutions menées durant la nuit du 10 au 11 août par les Allemands, et dont ils ont entendu les cris, les détonations et les gémissements. Et cette découverte n’est pas terminée qu’un deuxième charnier apparaît, à quelques dizaines de mètres. Au total, ce sont 48 corps qui sont retrouvés.

 

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Patiemment, la Croix-Rouge a rassemblé tous les indices permettant d’aider à identifier les corps. Photo. Coll. Musée de la Résistance et de la Déportation – Département de l’Isère.

 

Qui sont-ils ? La Croix-Rouge recueille tous les indices – vêtements, objets, documents, etc. – afin de les identifier. Le service anthropométrique de la police grenobloise photographie tout ce qui peut l’être. On sait rapidement qu’il s’agit majoritairement de résistants, faits prisonniers au mois de juillet et sauvagement exécutés. 

Parmi eux, un religieux, le père Yves de Montcheuil, arrêté à la grotte de la Luire dans le Vercors, ainsi que deux médecins juifs qui s’y trouvaient avec lui. Mais aussi Georges Martin, célèbre rugbyman voironnais, ou Georges Marrou, ouvrier syndicaliste de la Viscose. Et aussi 11 corps qui ne seront jamais identifiés. 

À qui doit-on ce massacre ? Il est imputé à Ernst Floereck, chef du SD (service de sécurité) de Grenoble, dont le surnom est le “saigneur de la Gestapo”.

La découverte de ces charniers, abondamment couverte par la presse, tout comme celle des exactions allemandes dans le Vercors, choque l’opinion publique et assombrit les célébrations de la Libération. Elle montre à quel point l’Isère, terre de Résistance, a subi une répression terrible et sanglante de l’Occupant et de ses relais français.

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