Club alpin français : 150 ans au service de la montagne

Publié le
Modifié le
CAF la meije
  • Culture
  • Notre histoire
Chapô

Le 2 avril 1874, 137 personnes créent à Paris le Club alpin français (CAF). Cent cinquante ans plus tard, le CAF, devenu en 2004 la Fédération française des clubs alpins et de montagne, est toujours actif avec 110 000 licenciés, répartis dans 437 clubs, et 8 000 bénévoles.

 

L’idée germait depuis quelque temps. “Presque tous les pays que traverse la chaîne des Alpes ont vu se former des associations de savants et de touristes pour l’exploration de ces montagnes. Il y a des clubs alpins en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Angleterre. Seuls les Français, qui possèdent le Mont-Blanc, résistent à l’attrait des cimes”, peut-on lire dans un article de la Revue scientifique datée du 20 septembre 1873.

La question est résolue sept mois plus tard, le 2 avril 1874, par la création du CAF. Qui donne naissance, la même année, à sept sections locales, dont le CAF Isère, créé le 27 août 1874 par Henry Duhamel et Charles Lory. L’alpinisme en est encore à ses balbutiements et les vastes territoires de montagne, jusqu’alors dévolus aux activités agropastorales, restent à découvrir.

 

Une offre montagnarde diversifiée

Pour accomplir sa mission, le CAF Isère s’attache à bâtir, avec ses propres ressources, des refuges en bois qui vont jouer un rôle primordial dans la conquête des sommets, comme l’abri du vallon de Bonnepierre, au pied de la face ouest des Écrins, et le refuge du Carrelet, aux confins du Vénéon, ouverts en 1879. Suivront le refuge de la Lavey en 1882, du Châtelleret en 1883, du Lac-Noir en 1884, de la Pra en 1899 et le premier refuge du Promontoire, accroché sur l’arête qui monte à la Meije, à 3 100 mètres d’altitude, bâti en 1901 et reconstruit en 1966 au même emplacement.

Pendant des années, la pratique reste réservée à une élite. La création des congés payés puis la construction des stations de sports d’hiver changent la donne à partir des années 1960. Les loisirs de montagne deviennent populaires. La liste des activités du CAF donne la mesure de l’offre développée au fil des ans : alpinisme, randonnée alpine, pédestre et glaciaire, escalade, cascade de glace, ski hors-piste, ski de randonnée, raquettes, descente de canyons, via ferrata, marche nordique… Autant d’activités conçues et encadrées pour rendre accessible au plus grand nombre une pratique autonome et responsable de la montagne.

En 1994, les licenciés du CAF Isère s’opposent sur leur stratégie de développement. Cette querelle de clocher aboutit à une scission, donnant naissance, au côté du CAF Grenoble Isère, au CAF Grenoble Oisans actuellement présidé par Jean-Louis Videau. Les deux clubs regroupent 4 000 adhérents et font découvrir la montagne sous toutes ses formes, sportive, culturelle, environnementale à tous les publics, y compris les plus éloignés : institut médico-éducatif, hôpital de jour, jeunes encadrés par la protection judiciaire de la jeunesse.

La crise sanitaire a eu peu d’impact sur leur développement. Le CAF n’a jamais eu autant de licenciés depuis sa création et les refuges ont battu des records de fréquentation en 2023. “Ce qui pose la question de l’absorption des publics et de la protection des milieux naturels”, souligne Pierre Ruef, président du CAF Grenoble Isère.

 

Engagé pour la sauvegarde du milieu naturel et de la montagne

La préoccupation environnementale est inscrite dans l’ADN du CAF. Dès le début du XIXe siècle, le CAF Isère a apporté un soutien actif au projet de parc national de La Bérarde, qui sera créé le 31 décembre 1913. Le club contribue en outre depuis sa création à la connaissance scientifique de la montagne et à sa vulgarisation grâce à l’édition d’une littérature alpine étendue. 

“La préoccupation climatique nous a conduits à réaliser ensemble, notre bilan carbone et à en tirer des enseignements : utilisation de minibus, organisation de déplacements moins lointains…” détaillent les deux présidents. Les centres urbains se dépeuplent, l’attrait pour la montagne est fort. “Cela nous pousse à réinventer le tourisme de demain”, conclut Pierre Ruef. 

La FFCAM a de belles années devant elle !

 

Encart

Repères : 

Un programme de festivités dense et varié

L’année 2024 s’annonce active pour le CAF Grenoble Isère, qui fête ses 150 ans, et pour la FFCAM. Le club grenoblois s’associe avec le CAF Grenoble Oisans, qui en est issu, pour célébrer cet anniversaire avec éclat. 

À Grenoble : 

  • Du 24 avril au 1er juin, à la Maison de la montagne, exposition sur les « perles » des livres d’or des refuges.
  •  Le 15 mai à 20 h, projection de films sur les refuges et rencontre avec les gardiens, conférence sur les 150 ans de la photographie en montagne par Jean-Luc Tissot, administrateur du Club Niépce-Lumière.

À Saint-Christophe-en-Oisans : 

  • Du 14 au 30 juin, à la Cordée, exposition sur les « perles » des livres d’or des refuges.
  • Du 1er juin au 30 septembre, au musée,  exposition sur l’histoire de l’alpinisme dans la vallée du Vénéon.
  • Du 21 au 23 juin, au chalet de La Bérarde, exposition de photos de « cafistes », montrant l’évolution des paysages.  
  • Les 22 et 23 juin à La Bérarde, week-end festif.

Plus d'infos : cafgrenoble.com

Corps suite

Zoom

Image

 

L’explosion des pratiques

Si la conquête des sommets a présidé à la fondation du CAF, l’association n’a cessé par la suite de développer d’autres activités de montagne : ski dans les années 1890 sous l’impulsion d’Henry Duhamel, spéléologie en 1935 avec l’exploration du trou du Glaz, randonnée pédestre à partir de 1945, puis nordique au lendemain des Jeux olympiques de Grenoble.

À partir de 1990, l’apparition de nouvelles pratiques – VTT, descente de canyon, cascade de glace, via ferrata, trail… – a donné naissance à une trentaine d’autres sections locales, dont la plus récente, Chamrousse, a été créée en 2023.

©Adobe stock

Corps fin

Histoire

Image

 

“Pour la patrie, pour la montagne”

Le slogan adopté en 1875 ne doit rien au hasard. Si dès sa création, en 1874, le CAF s’inspire des clubs européens qui l’ont précédé, il s’en distingue, car la guerre de 1870 est encore proche. Les conséquences de ce désastre éveillent dans les esprits, en même temps qu’un sentiment de patriotisme exacerbé, celui d’une responsabilité dans l’éducation de la jeunesse.

“Tous les hommes éclairés qui s’occupent de l’avenir de la France reconnaissent que nos jeunes négligent trop les exercices du corps : il faut les y attirer par tous les moyens. Or quel attrait plus puissant que la montagne ?” peut-on lire dans la préface des statuts du CAF, dont les ambitions sont clairement affichées : “Arracher les jeunes gens à l’énervante oisiveté des villes, aménager la montagne, y entraîner la jeunesse et, par de saines émotions, l’initier au culte du beau et de la liberté et à l’amour du sol natal et de ses merveilles.” 

D’où la création de « caravanes scolaires », encadrées par des enseignants de botanique ou de géologie, préfigurant déjà en filigrane l’essentiel des missions du CAF : accès à la montagne, éducation des jeunes, protection de l’environnement, activités scientifiques et publications grand public.

©CAF Grenoble Oisans

5
minutes de votre temps
A- A+
Publié le
Modifié le