25 août 1944 : épuration et femmes tondues, la vengeance avant la justice

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Une femme tondue à la Libération à Grenoble. Photo. Coll.Musée de la Résistance et de la Déportation - Département de l'Isère..
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Chaque jour du 20 août au 2 septembre, en coopération avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, nous vous faisons revivre dans ces colonnes la Libération de l’Isère, telle qu’elle s’est déroulée il y a 80 ans, jour par jour. Épisode 6…

C’est avec l’épuration extrajudiciaire un des volets de la Libération. Des femmes ayant dénoncé des patriotes ou ayant fréquenté de trop près les Allemands sont tondues publiquement, sous les vivats de la foule…


C’est évidemment une part sombre de l’histoire de la Libération du pays. Et l’Isère n’en a pas été épargnée. Ce 25 août 1944, Les Allobroges publient une photographie intitulée “Ces dames de la Gestapo”. La veille, dans l’après-midi, des tontes ont été effectuées devant la prison de Saint-Joseph sur des femmes soupçonnées d’avoir collaboré avec l’ennemi.
Ces scènes de violence spontanées sont présentes sur tout le territoire lors de la Libération dont les femmes sont les cibles privilégiées. 

 

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La tonte des femmes, comme ici à La Mure avec Madeleine Wolf, attirait les foules.

 

La tonte des cheveux, symbole de féminité, est l’humiliation appliquée à ces femmes suspectées de proximité avec l’ennemi. Ces châtiments sexués manifestent la “revanche virile” des hommes frustrés par les années de guerre. Ces tontes sont une manière pour les populations d’exprimer leur colère envers l’ennemi.
 

Des foules qui assistent aux “tontes”
 

Autour de ces tontes réalisées en place publique, les foules sont grandes et composées d’hommes, femmes et enfants. Ces actes laissent des stigmates qui marquent longtemps la société française.


Il faut dire que les atrocités commises par les Allemands et les ultras de la collaboration dans le département ont créé un sentiment très fort d’indignation, laquelle s’exprime ainsi de façon spontanée et totalement débridée.
Cette colère et cette volonté de vengeance sont attisées par les journaux mais aussi par les organisations résistantes qui ont hâte de voir punis les Français ayant servi les nazis.


L’épuration extrajudiciaire ne concerne pas que les femmes tondues. À la Libération, des collaborateurs sont également pourchassés et certains abattus, sans autre forme de procès. En Isère cependant, les principaux responsables de la Milice ou des organisations pro nazies ont fui.


Pour le comité départemental de libération nationale, il est primordial de ramener l’ordre et la justice. L’épuration a été anticipée dès les premières réunions en janvier 1944. Yves Farge, le commissaire régional de la République (l’équivalent du préfet de région aujourd’hui), a pointé en août 1944 la nécessité de régler au plus vite ce point, pour éviter que la région ne sombre dans le chaos. 

Il faut prendre aussi en compte la nécessite d’épurer l’administration tout en relançant les services de l’État. En Isère, un comité d’épuration est mis en place le 24 août. Et en attendant la mise en place de la Cour de Justice, c’est une cour martiale qui juge les principaux collaborateurs dès son entrée en vigueur le 30 août. C’est elle qui jugera et condamnera à mort six jeunes miliciens, provoquant par cette décision de grandes tensions au sein du comité départemental de libération.
 

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