La libération de l’Isère, quatorze jours qui ont changé l’histoire

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Soldats dans une jeep entourés par la foule lors de la Libération de Chapareillan.
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Le 20 août 1944, les Américains arrivaient à Lalley. Le 2 septembre, les derniers soldats allemands quittaient le nord du département. L’Isère était libéré. Quatre-vingts ans après, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère nous invite à revivre ces quatorze journées extraordinaires.

Soldats dans une jeep entourés par la foule lors de la Libération de Chapareillan.

 

Bals, feux d’artifice, concerts, parachutages, films, reconstitutions… Depuis juin, de la Normandie à la Provence, via l’Isère, l’été 2024 a été rythmé par les célébrations du 80e anniversaire de la Libération.

Le Débarquement sur les plages de Normandie et l’ordre de mobilisation générale donné par le commandement américain le 6 juin, les maquis qui entrent en effervescence et multiplient les opérations de sabotage tout autour de Grenoble, l’espoir qui renaît après deux ans d’occupation et de sanglante répression allemande : les Isérois se repassent le film de ces quatorze jours qui ont fait basculer leur destin, jusqu’au départ des dernières troupes allemandes en Nord-Isère, le 2 septembre 1944.

Après le Débarquement tant attendu des forces alliées sur le sol de Provence, le 15 août, tout va très vite. Le général Patch, commandant la VIIe armée américaine, s’est donné trois mois pour atteindre Grenoble. 

Grâce à l’action intensive des maquisards et résistants pour leur ouvrir la voie, les premières Jeep américaines mettent seulement cinq jours pour arriver en Isère via le col de la Croix-Haute. 

 

Le rôle décisif de la Résistance

Le 22 août, au terme de violents combats au Pont-de-Claix, la première unité du maquis, le groupe franc d’Uriage, trouve la capitale des Alpes vidée de ses occupants : le terrible général Karl Pflaum (à l’origine du massacre de Vassieux-en-Vercors) a fait évacuer ses troupes en catastrophe vers l’Italie pendant la nuit.

Le jour-même, sitôt Grenoble libérée, la République et ses institutions sont restaurées par la Résistance – qui avait créé clandestinement le Comité départemental de libération nationale de l’Isère le 25 janvier 1944 lors d’une réunion à l’Hôtel de la Poste à Méaudre. Frédéric Lafleur s’installe à l’hôtel de ville et Albert Reynier à la préfecture.

Le lendemain, à l’autre bout du département, les 1 500 résistants du secteur VII, menés par Joseph Fracassety (alias le capitaine Rémy), lancent l’assaut pour libérer Bourgoin et Jallieu (qui sont encore deux communes distinctes), deux jours avant l’arrivée des Alliés.

Les combats se poursuivent ici et là. Le 24 août, à Domène, les Allemands capturent ainsi 12 Américains. Les soldats de la Wehrmacht, défaits, se replient en Nord-Isère où les affrontements meurtriers se poursuivent. 

Le 29 août, à Chanas, 18 otages sont fusillés par les Allemands. Le 1er septembre, Vienne est libérée à son tour ainsi que Beaurepaire. Non sans sanglantes représailles. Les derniers combats ont lieu à Décines. Le lendemain, le département est délivré de toute présence allemande. 

La guerre se poursuivra encore pendant neuf longs mois sur le reste du territoire français au-delà même du 8 mai 1945, jour de la capitulation de l’Allemagne nazie : Saint-Nazaire sera la dernière en France, le 11 mai.

Encart

Repères :

Vivre la Libération !

Une expérience immersive à vivre au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. 14, rue Hébert, à Grenoble. Entrée gratuite tous les jours (sauf le mardi matin). 

Programmation sur : musees.isere.fr 

Contact : 04 76 42 38 53.

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Maquisards sur une automobile durant la Libération de Grenoble. 

 

Libération : De la joie à la douleur

 

Joie, colère, peur, espoir, sidération. Passé la liesse et l’euphorie suscitée par le départ de l’oppresseur nazi, la population iséroise, comme partout en France, va devoir composer avec des sentiments mêlés. Une exposition au Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère retrace ces événements.

 

Liliane Vieilly a 14 ans le 22 août 1944 quand elle se mêle à la foule en liesse avec sa mère pour acclamer les Américains et les résistants sur le cours Jean-Jaurès. “Tout de suite, c’est la fête. C’est fou, c’est fou !” racontait cette Grenobloise au Dauphiné Libéré en 2019.

Cette joie collective se double en Isère d’un sentiment légitime de fierté. Grenoble, capitale des maquis, plaque tournante de la Résistance contre l’armée hitlérienne, se verra d’ailleurs récompensée par la croix de la Libération le 5 novembre suivant par le général de Gaulle. Cette reconnaissance est à la mesure des souffrances endurées par la population. Comment oublier les enfants « tombés au champ d’honneur », les exécutions sommaires et ces 3 000 déportés dont on n’a pas de nouvelles ?

Il y a aussi la sidération devant l’horreur. Le 26 août, alors que la population commence tout juste à reprendre confiance, un charnier est découvert sur le site du polygone d’artillerie. Les 48 corps exhumés et mutilés s’ajoutent aux martyrs de la Résistance, aux massacres du Vercors. La presse publie chaque jour les listes des victimes des nazis et de la milice, l’opinion publique réclame vengeance.

Dès le 24 août, un comité d’épuration a été créé par le Comité français de libération nationale : les administrations doivent être purgées de tous les agents vichystes ou collaborateurs.

 

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Après un procès sommaire, six des miliciens capturés par la compagnie Stéphane sont exécutés à Grenoble sur le cours Berriat, le 2 septembre 1944, là où des résistants avaient été fusillés par les Allemands.

 

Le 2 septembre, la cour martiale rend son premier jugement : six des dix miliciens capturés en juin par la Résistance sont condamnés à mort. Tollé dans la presse. Des femmes sont tondues à l’arraché dans la rue, la colère explose. Mais le préfet Reynier refuse de procéder à des exécutions expéditives. Il faut restaurer la justice, refaire nation. Le 5 septembre, l’ensemble des comités de la Résistance régionaux se réunissent au château de Vizille, berceau de la Révolution française, pour réfléchir à un nouveau projet de société.

 

Au cœur des émotions

Cette histoire est aujourd’hui connue. Si Liliane a disparu comme la plupart des témoins directs, les récits ont été largement retranscrits et filmés, des ouvrages édités, des expositions organisées. Comment transmettre cette histoire fondatrice de notre République aux jeunes générations à l’ère du numérique ?

Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère propose une approche originale, alliant rigueur scientifique et nouvelles technologies. “L’émotion est un pilier de la transmission. Nous avons un énorme fonds iconographique, de nombreuses images inédites, dont un film d’époque. En sept minutes, nous invitons les visiteurs au cœur des émotions de la Libération”, affirme Alice Buffet, directrice du musée. Cette expérience immersive sera ouverte toute l’année. Elle promet de vraies surprises.

©MRDI - Département de l'Isère

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À lire

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Mimi Mingat-Lerme, résistante à vie

Secrétaire de mairie sous l’Occupation (et fournisseuse de faux papiers pour des résistants), agente de liaison pour les maquis du Grésivaudan, « Juste parmi les nations » (pour avoir caché chez elle une fillette juive), secrétaire du président du Comité départemental de libération nationale à la préfecture à la Libération : Anne-Marie Mingat -Lerme, dite « Mimi », disparue en 2017 à l’âge de 99 ans, est une figure de la Résistance iséroise. 

Le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère lui consacre le douzième opus de sa collection « Parcours de résistants », rédigé par Gil Emprin.

 

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Livre - Anne-Marie Mingat-Lerme

 

©MRDI - Département de l'Isère


À voir 

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23 août 1944, enfin libres ! 

Le Nord-Isère n’a pas échappé aux exécutions, rafles, assassinats et déportations. Dès février 1941, à Bourgoin, la résistance s’organise. Les 22 et 23 août 1944, le Bataillon Rémy va libérer la ville, au prix de violents combats urbains. 

Quatre-vingts ans après, ce documentaire historique de 40 minutes donne la parole aux derniers témoins de cette période tragique. La rafle de la Tour du Pin, la fusillade de Reculfort et de Saint-André-le-Gaz sont évoquées. 

Ce film est réalisé par l’association ASPAE Sauvegarde du Patrimoine et le Souvenir Français, comité de Pont-de-Beauvoisin Isère, en collaboration avec le Département et le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. Projections sur demande. 

Contact : MC Mauchamp - 06 99 08 83 37.

©Comité Bataillon Rémy

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