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La locution château fort fait surgir toute une imagerie médiévale faite de princesses alanguies dans leur donjon, de preux chevaliers et de combats épiques. Pour déconstruire les clichés sur le Moyen Âge, le musée de l’Ancien Évêché nous invite à adopter le regard des archéologues.
Mille ans séparent la chute de l’Empire romain, en l’an 476, et la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, en 1492.
Dans la représentation héritée du XIXe siècle, cette longue période que les historiens de la Renaissance ont appelée le Moyen Âge se résume à une image obscure où de puissants seigneurs, à l’abri dans leur forteresse de pierre, règnent sur une population opprimée en l’échange de leur protection.
“C’est comme si l’on imaginait que les techniques de construction, l’architecture ou l’organisation de la société étaient restées immuables pendant tout un millénaire”, compare Sylvie Vincent, conservatrice du musée de l’Ancien Évêché.
Déconstruire le mythe du château féodal forgé par les romantiques et faire un état des lieux des connaissances archéologiques accumulées depuis les années 1970 : c’est la double ambition de cette nouvelle exposition, montée avec le conseil scientifique d’Anouk Clavier et Jean-Pierre Moyne, deux spécialistes en fortifications issus de la direction du patrimoine culturel du Département de l’Isère, qui apporte aussi sa pierre à l’édifice.
Des mottes aux châteaux de pierre
Entre les premiers sites fortifiés de hauteur de l’époque mérovingienne (Ve siècle) comme Larina, à Hières-sur-Amby, et les maisons fortes réservées aux nobles (que l’on peut voir notamment dans la vallée du Grésivaudan), c’est tout un monde et tout un vocabulaire auxquels le visiteur va pouvoir s’initier en remontant le temps.
Sur les rives du lac de Paladru, à Colletière, trente ans de fouilles subaquatiques ont mis à jour les traces d’un habitat fortifié unique en Europe, où vécurent des cavaliers-paysans, autour de l’an mil. Le Chatelard de Chirens (XIe siècle) constitue un exemple original de motte-enceinte, occupée par des cavaliers armés et leur famille.
C’est seulement un siècle plus tard qu’apparaissent les premiers châteaux de pierre, sièges du pouvoir politique, à Bressieux ou à Beauvoir-en-Royans par exemple. On découvrira encore les bâties, des forteresses rapidement construites à des points stratégiques pour les besoins de la guerre, comme à la Perrière, à Saint-Julien-de-Ratz (près de Voreppe).
Pour le comte de Savoie, au début du XIVe siècle, il s’agissait de se protéger de ses rivaux du Dauphiné : en ces temps troublés, le territoire était très morcelé et les conflits nombreux!
Des films d’animation et un dispositif immersif présenté dans la chapelle contribuent à nous mettre dans l’ambiance : on plonge littéralement dans les décors peints du châtel de Theys racontant la légende de Perceval le Gallois.
Le public peut également se mettre dans la peau des archéologues en découvrant leurs outils et méthodes d’investigation : à partir de simples clous ou d’autres objets exhumés, tout un monde ressurgit…
Pratique
« À l’assaut des châteaux forts ! Les archéologues racontent. »
Jusqu’au 21 septembre 2025. Musée de l’Ancien Évêché. 2, rue Très-Cloîtres, Grenoble.
Entrée libre tous les jours sauf le mercredi matin.
Contacts : 04 76 03 15 25 - musees.isere.fr
©PAC
Nouveau
Un espace pour les enfants
Découvrir le jeu Le Renard et les Poules, créer ses propres armoiries ou construire son château : autant d’activités proposées au musée dans un espace dédié aux plus jeunes, avec un coin lecture.