La Turakie en Chartreuse-Guiers

“Vivre en montagne, c’est un peu comme vivre sur une île. Les éléments naturels y sont omniprésents”, songent à voix haute Emili Hufnagel et Michel Laubu, codirecteurs du Turak Théâtre.

Quelques mots et nous voilà embarqués en Turakie, dans l’imaginaire foisonnant d’une compagnie de théâtre qui ne craint ni la chute ni le naufrage, et qui vient d’échouer pour trois ans sur le massif le plus secret des Alpes iséroises, la Chartreuse, dans le secteur du Guiers, aux confins de l’ancien Dauphiné et de la Savoie. Un écrin de verdure et de calcaire qui devient une scène grandeur nature.

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Un bric-à-brac enchanté

L’été dernier, dans l’ancien foyer de ski de fond de Saint-Hugues-de-Chartreuse, les visiteurs de l’exposition « Text-île » (présentée avec le musée Arcabas pour la saison culturelle « Des habits et nous ») ont déjà pu goûter la poésie de ces Pierrot lunaires à travers leur ribambelle de mariées déjantées.

Depuis bientôt quarante ans, leur marque de fabrique est cette marionnette blanche au large sourire mélancolique qu’ils aiment à trimballer dans toutes sortes d’oripeaux et d’univers bricolés, à la rencontre des habitants, haut perchés comme sur les planches des théâtres nationaux.

Avec eux, un parasol désossé se fait projecteur, un globe terrestre devient accordéon et les objets glanés ici et là composent des mondes enchantés auxquels Turak donne vie en solo, en duo ou en tribu, dans des spectacles avares de paroles mais riches en émotions qui parlent à toutes les générations. 

Pour Michel Laubu, originaire de Moselle, l’aventure commence en 1979 : il entame sa première tournée avec objets et marionnettes dans son ancienne école maternelle. Le Turak Théâtre naît officiellement six ans plus tard.

Depuis 2001, il tire les ficelles avec la metteuse en scène Emili Hufnagel, qui l’a rejoint. Son dernier spectacle, Ma mère c’est pas un ange… mais j’ai pas trouvé mieux (une fable inspirée par Calamity Jane et sa fille), a d’ailleurs été créé en partie en 2023 à Saint-Pierre-de-Chartreuse à l’instigation de l’association Les Endimanchés.

“Au cours de ces trois années de résidence, nous inviterons les habitants à découvrir la fabrique du spectacle, pour aboutir à une création participative”, ajoutent Emili et Michel. 

En attendant, leur solo Deux pierres (présenté dans une carrière à Miribel-les-Échelles l’été dernier), qui met en scène deux mini-personnages animés par Michel, a commencé à tourner dans les lieux les plus inattendus. La Turakie n’a pas fini de nous surprendre.

©Raphaël Licandro & Turak Théâtre