Lilian Bourgeat, Habits de jardin

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Arnaud Bertereau
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Chapô

Un géant aurait-il pris possession du jardin du musée Hébert ? Invité dans le cadre de la saison culturelle « Des habits et nous », le plasticien Lilian Bourgeat se joue de nos perceptions avec ses sculptures surdimensionnées.

Un étendage à linge. Un porte-manteau perroquet. Un Caddie® de supermarché… autant d’objets ordinaires évoquant de près ou de loin notre rapport au vêtement et à la consommation.

Reproduits à l’échelle XXL et posés dans les jardins romantiques du musée Hébert entre deux bosquets, ces objets changent soudain de statut pour se muer en installation d’art contemporain… transformant notre vision du monde !

On pense à Marcel Duchamp, inventeur du ready-made, qui lui-même bouleversa la notion d’œuvre d’art, au début du siècle dernier, quand il exposa un porte-bouteilles ou un urinoir signés de sa main. Ou encore à Claes Oldenburg, figure du pop art dans les années 1980-1990, qui a disséminé ses répliques monumentales un peu partout dans l’espace public. 

L’artiste bourguignon Lilian Bourgeat s’inscrit dans une longue tradition, depuis le sphinx de Gizeh, il y a cinq mille ans, aux corps humains surréalistes de Ron Mueck. 

“Je n’invente rien. Je crée juste un décalage, un leurre pour attirer le spectateur et l’amener à penser le monde autrement.” 

 

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Sculptures promotionnelles ou ready-made

À la différence d’autres artistes, Lilian Bourgeat produit lui-même ses œuvres dans son atelier. Ce qui pose souvent de vrais défis techniques. Car ses sculptures sont aussi pour la plupart « praticables » donc… solides !

En 2003, le public convié à son « Vernissage » avait ainsi tout loisir de trinquer avec l’un de ses gobelets surdimensionnés (dix fois plus grands environ qu’un gobelet usuel). Pas si facile ! 

Rien n’interdit non plus de grimper sur son banc géant – en respectant les règles de sécurité qui s’imposent. “Ce qui fait art, ce n’est pas l’objet en soi, mais l’expérience suscitée chez le spectateur.” 

L’interaction se fait en premier lieu avec le regard : un visiteur attentif observera ainsi que sa paire de bottes de jardinier de 3 mètres de haut (dont un exemplaire trône dans le parc du Domaine de Vizille depuis l’an dernier) est constituée de deux pieds gauche.

“Mon travail comporte toujours une dimension humoristique !” sourit le plasticien – qui n’hésite pas à faire lui-même son autocritique, comme dans la BD réalisée avec le dessinateur Philippe Vuillemin (collaborateur de L’Écho des savanes et de Hara-Kiri), Ma vie d’artiste.

“Cette carte blanche est une invitation à redécouvrir le musée et ses jardins de manière insolite”, renchérit sa directrice, Fabienne Pluchart. Et en tirant sur la corde à linge, on trouvera matière à s’interroger sur notre époque… Et c’est bien tout l’enjeu de l’art contemporain et de cette saison culturelle !

©ADAGP Paris - 2024

Encart

Pratique : 

Lilian Bourgeat, sculptures monumentales

À partir du 5 juillet dans les jardins du musée Hébert, à La Tronche. Entrée gratuite tous les jours (fermé le mardi)

Contact : musees.isere.fr

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Repères : 

« Des habits et nous », toute une saison culturelle en Isère. 

Découvrez le vêtement & son histoire sous toutes les coutures. 

Jusqu’au 30 septembre 2025

Cette « carte blanche » s’inscrit dans le cadre de la saison culturelle du Département dans ses 11 musées, mais aussi des musées partenaires (Aoste, Bourgoin-Jallieu ou la Maison Ravier, à Morestel). 

Programme complet sur : deshabitsetnous.isere.fr

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