L’art de se vêtir au Moyen Âge : au-delà des apparences

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Charles le Bel - Grand chroniques
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Qu’il soit cuirasse ou atour de séduction, l’habit ne fait pas toujours le moine, mais reste un marqueur social fort au Moyen Âge. Le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye nous invite au vestiaire.

Dès l’origine, dans l’histoire de Saint-Antoine-l’Abbaye, les récits hagiographiques (racontant la vie des saints) mentionnent une tunique tressée de feuilles de palmier dans laquelle furent transportées les reliques de saint Antoine l’Égyptien, cet ermite vêtu d’une peau de bête, qui avait le pouvoir de guérir le terrible « mal des ardents » (l’ergotisme).

Suivant le fil à travers une riche sélection de parures glanées dans les collections nationales ou régionales, le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye nous invite à nous pencher sur le vestiaire médiéval et sur sa symbolique, au plus près des corps réels ou fantasmés. 

 

Du bleu pour l’élite

Formes, couleurs, matières : de la toile de chanvre la plus rudimentaire portée dans les champs aux somptueuses soieries de Byzance de la cour, le vêtement tel que décrit dans la littérature de l’époque (La Cité des dames, Le Roman de la rose ou Les Grandes Chroniques de France) revêt toujours une dimension symbolique et sociologique.

“À la fin du XIIIe siècle, jusqu’à la guerre de Cent Ans, le royaume de France connaît une relative prospérité, les marchands se sont enrichis et les échanges vont bon train. Toutefois, dans une société féodale, les roturiers et les nobles veillent à marquer leur différence, notamment par la couleur. Par exemple, le bleu roi est associé à l’élite, cette teinture restant chère. Et le noir profond, difficile à obtenir et à conserver, est réservé à la noblesse : Philippe le Bon, féru de mode, va en faire grand usage à la cour des ducs de Bourgogne”, raconte Géraldine Mocellin, directrice du musée.

Les 70 objets et manuscrits réunis pour cette exposition, datés du VIe au XVIe siècle, témoignent de l’éclat des étoffes et du savoir-faire des artisans du Moyen Âge – notamment, de luxueuses pièces d’orfèvrerie. “Drapiers, maîtres tailleurs, tanneurs ou savetiers, tous participent à une théâtralisation du vêtement qui aboutira à ce que l’on nommera plus tard, la mode.”

Du simple suaire à l’armure protectrice richement ornée, c’est aussi le rapport au corps au Moyen Âge qui est ici abordé. Une histoire qui n’a rien de frivole !

Encart

Pratique : 

« Sur un fil ou l’art de se vêtir au Moyen Âge », dans le cadre de la nouvelle saison culturelle du Département de l’Isère : « Des habits et nous », du 7 juillet au 11 novembre, au musée de Saint-Antoine-l’Abbaye (le Noviciat).

Entrée gratuite tous les jours de 10 h 30 à 12 h 30 / de 14 h 30 à 18 h 30 (juillet et août) et de 14 à 18 heures de septembre à novembre (fermé le mardi). 

Contacts : 04 76 36 40 68 – musees.isere.fr

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Un fabuleux flabellum

Déjà utilisé dans l’Égypte antique, le flabellum (éventail, en latin) est ce large disque monté sur un long manche utilisé lors des cérémonies religieuses pour préserver l’officiant des mouches et de la chaleur.

Pour prolonger l’exposition, le musée a sollicité le Drômois Frédérick Gay, l’un des trois derniers éventaillistes français, qui s’est inspiré de cet objet votif pour une création originale.  À découvrir au musée en exclusivité.

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