Les Tairraz : des photographes au sommet

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Georges Tairraz I, Crevasses à la jonction des glaciers des Bossons et du Taconnaz en 1910 © Col. Tairraz
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Des années 1850 aux années 2000, les Tairraz, photographes et guides de haute montagne de père en fils sur quatre générations à Chamonix, ont porté un regard unique sur le mont Blanc et sa vallée. Le musée de l’Ancien Évêché consacre la toute première rétrospective à cette dynastie hors du commun.

Georges Tairraz I, Crevasses à la jonction des glaciers des Bossons et du Taconnaz en 1910 © Col. Tairraz

 

Pierre Tairraz, quatrième et dernier d’une des plus illustres lignées de guides-photographes de montagne, a rendu son dernier soupir en 2000 à l’âge de 67 ans. L’enseigne « Photographie alpine », créée cent cinquante ans auparavant par son trisaïeul Joseph Tairraz (1827-1920), trône pourtant toujours au centre de Chamonix. 

Poussant la porte de la boutique, Sylvie Vincent, directrice du musée de l’Ancien Évêché, a replongé dans l’histoire de cette dynastie exceptionnelle qui, de père en fils, sur quatre générations, a imprimé un regard unique sur la haute montagne, révélant au monde toute sa majesté et la précarité de l’homme face à ces paysages incroyables. Contactées, les filles de Pierre ont accepté d’ouvrir tout grand l’album de famille pour cette première rétrospective. 

 

Un regard devenu une marque de fabrique

À travers les 120 images exposées (parmi les 15 000 conservées dans le fonds familial), on parcourt toute l’histoire de la photographie, des premières chambres noires aux appareils reflex. Quand Joseph, guide de haute montagne et paysan pluriactif, entreprend d’immortaliser les habitants de la vallée et les premiers touristes fortunés (souvent anglais) avides de découvrir le spectacle du mont Blanc et des glaciers, il faut une caravane de porteurs pour hisser au sommet les quelque 50 kilos de matériel – les plaques de verre devant être enduites au dernier moment de liquide révélateur (le collodion humide). Joseph aurait ainsi réalisé la toute première vue du mont Blanc en 1861 – hélas détruite au cours d’une inondation en 1920. 

Avec son fils Georges I (1868-1924), formé auprès du fameux portraitiste parisien Pierre Petit, ami de Nadar, le studio familial prend une nouvelle ampleur. Profitant de l’afflux touristique qui transforme la mer de Glace en terrain de jeu, l’alpiniste photographe se démarque par ses cadrages audacieux et son regard de reporter sur Chamonix et les débuts des sports d’hiver.

À son tour, son fils Georges II (1900-1975), guide lui aussi, doit abandonner ses études de médecine pour se former auprès de son père, ses deux aînés étant disparus pendant la Grande Guerre. Ami de Roger Frison-Roche et de Gaston Rébuffat qu’il accompagne dans leurs courses sur le toit de l’Europe, son appareil Leica en bandoulière (le tout premier 24 × 36, sorti en 1929), il n’aura de cesse de sublimer la montagne par sa vision graphique et poétique. 

Georges II s’intéresse également au cinéma et participe, entre autres, au film Premier de cordée de Louis Daquin – dont on peut voir le making of dans un documentaire de 1943 au musée. Avec Pierre, à qui son père transmet très tôt sa passion, apparaît la couleur – le mythique « bleu glacier » deviendra sa marque de fabrique –, même s’il pratique aussi beaucoup le noir et blanc. 

Photographe et cinéaste, le dernier de la lignée des Tairraz développe une impressionnante maîtrise de la lumière. Plus de vingt ans après sa mort, l’esthétique de ses images imprègne toujours la photographie de montagne.

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Joseph Tairraz, le berger Maniglet en 1880
Joseph Tairraz, le berger Maniglet en 1880 © Col Tairraz

 

« Tairraz. Quatre générations de guides-photographes » 

Jusqu’au 1er septembre 2024 au musée de l’Ancien Évêché, à Grenoble. 

Entrée gratuite comme dans tous les musées du Département. Visites guidées sur inscription. 

Contacts et programmation : musees.isere.fr - 04 76 03 15 25.

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