Comprendre le fonctionnement des Ehpad

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Delphine Hartmann
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Depuis 2016, le Département met en œuvre un vaste programme pour rénover les Ehpad publics et privés. Voici quelques éléments de réponse pour mieux comprendre qui fait quoi en matière de création et de financement des établissements en Isère. Interview de Delphine Hartmann.

Delphine Hartmann, vice-présidente du Département en charge de l’autonomie et des handicaps

 

Isère Mag : Qu’est-ce qui caractérise un Ehpad ? 

Delphine Hartmann : Un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est une structure médicalisée, habilitée par l’État à recevoir des personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie, pour des séjours permanents ou spécifiques (hébergement temporaire, accueil de jour, accueil Alzheimer, etc.), et à leur dispenser des soins. L’Ehpad peut être public, géré par une commune, une communauté de communes, un centre communal d’action sociale ou un centre hospitalier. Il peut aussi être associatif, voire privé et à but lucratif. 
 

I.M : Qui décide de l'ouverture d'un Ehpad ? 

D. H : L'ouverture d'un Ehpad ne peut se faire qu'avec le déblocage de crédits de soins par l’État, qui décide du nombre de places à programmer. Aujourd’hui, alors que les besoins de places vont croissant du fait du vieillissement de la population, le Département déplore qu’il n’y ait toujours pas de volonté d’ouvrir de nouveaux établissements. 

Si nous n’avons pas de marge de manœuvre pour l’ouverture, nous sommes néanmoins très impliqués dans le financement de toute construction, réhabilitation et extension. A ce titre, nous avons un droit de regard sur chaque projet et nous assurons qu’il réponde à nos exigences (superficie des chambres, qualité du mobilier…). 

L’Isère est aujourd’hui dans le top-6 des départements où les Ehpad reçoivent des personnes très dépendantes et nous voulons qu’elles soient accueillies dans les meilleures conditions. 


I. M. : Qui finance l’hébergement ? 

D. H. : Le tarif recouvre l’hébergement, mais aussi l’ensemble des prestations de restauration, de blanchisserie et d’animation. Ce volet est assumé par le résident ou, s’il n’a pas les moyens, par ses enfants. L’aide sociale à l’hébergement, versée par le Département, permet de prendre en charge tout ou partie de ces frais. Son montant est calculé en fonction des ressources de la personne et du prix de journée, mais la somme versée sera récupérée sur la succession. En Isère, et contrairement à de nombreux autres Départements, nous avons fait le choix en revanche de ne pas solliciter les petits-enfants. 

Par ailleurs, le Département prend à sa charge l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA), qui intègre l’ensemble des prestations d’aide nécessaires à l’accomplissement des actes essentiels de la vie quotidienne (habillage, toilette et repas). La partie soins, quant à elle, relève de l’État. 


I. M. : Quelles ambitions avez-vous pour les Ehpad de demain ? 

D. H. : Dès 2016, nous avons voté un véritable « plan Marshall » de 10 millions d’euros pour aider les maisons de retraite, tant publiques que privées, à se moderniser. Beaucoup de chambres étaient équipées de deux ou trois lits et n’avaient ni WC, ni salle de bains ! 

Dans le cadre de notre dernier schéma autonomie 2022-2026, nous allons passer à la vitesse supérieure en aidant les Ehpad à devenir de véritables lieux de vie, encore plus ouverts vers l’extérieur, pour que les résidents puissent se sentir comme chez eux. 

Nous voulons aussi réserver des places pour les personnes âgées qui sont porteuses d’un handicap et ont besoin d’un accompagnement spécifique. Enfin, notre autre volonté est d’aider un secteur qui peine à recruter et manque cruellement de bras. Pour cela, nous allons lancer un plan d’actions auprès des jeunes pour promouvoir les métiers de la gérontologie. 


I. M. : En France et en Isère, on estime que les deux tiers des Ehpad sont en difficulté financière. Comment le Département va-t-il les aider ? 

D. H. : Le 17 novembre dernier, le Département a voté un fonds d’aide d’urgence de 7 millions d’euros pour les aider à compenser les déficits de l’année 2022. Trois facteurs ont contribué à les plonger dans une telle situation : tout d’abord, l’épidémie de Covid-19 qui a réduit leur activité suite et accru les coûts. Il y a aussi eu les accords du Ségur de la santé, signés en juillet 2020, qui ont permis de revaloriser – et c’est bien mérité – le salaire du personnel soignant. Enfin, les Ehpad ont été durement fragilisés par l’inflation, l’augmentation du coût de l’énergie et des denrées. L’aide apportée va permettre d’apporter une bouffée d’oxygène à 78 Ehpad isérois.


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L'hébergement des personnes âgées dépendantes en Isère
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