Comment le Département protège les enfants en danger

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Martine Kohly, vice-présidente du Département en charge de l’enfance, de la famille, de la jeunesse et des sports.
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6 534 enfants et jeunes de moins de 21 ans sont actuellement pris en charge par les services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Département. Pourquoi et comment assure-t-il cette lourde responsabilité ?

 

Interview de Martine Kohly, vice-présidente du Département en charge de l’enfance, de la famille, de la jeunesse et des sports.

 

Isère Mag : En 2023, plus de 4 000 informations préoccupantes sur des enfants en danger ou risquant de l’être ont été signalées au Département. Pouvez-vous nous rappeler le rôle du Département dans ce domaine ? 

Martine Kohly : Depuis 1982, la protection de l’enfance est l’une de nos missions obligatoires. L’une des plus nobles et sans doute aussi l’une des plus importantes. Les e Départements sont chef de file en la matière et chargés d’intervenir dès que la santé, la sécurité ou la moralité d’un mineur est menacée ou risque de l’être. Nous devons aussi nous assurer que les conditions de son éducation ou de son développement physique, affectif, intellectuel et social soient respectées. 

Par ailleurs, l’État nous a confié la prise en charge des mineurs non accompagnés qui arrivent en France. Au-delà de leurs difficultés, ces jeunes ont des projets, des ressources et des compétences. Comme pour tous les jeunes que nous accompagnons, notre devoir est de leur donner les moyens de devenir des citoyens responsables. 

 

I. M. : Comment s’organise la protection de l’enfance ?

M. K. : Dans 2 cas sur 3, ce sont des décisions de placement prises par la justice. Par contre, dans 1 cas sur 3, nous sommes directement sollicités par des familles qui traversent une épreuve difficile (séparation, maladie, veuvage…) et ne sont plus en mesure d’élever leur enfant. 

Nous avons aussi une cellule de recueil des informations préoccupantes, une tour de guet en quelque sorte, qui nous permet de centraliser et d’évaluer les alertes, mails ou courriers de toute personne – voisins, membres de la famille, enseignants… – ayant connaissance d’un enfant en danger ou risquant de l’être. Nos équipes se rendent au plus vite sur place pour évaluer la situation et proposer aux parents la solution la mieux adaptée : une aide ponctuelle, l’intervention d’un éducateur, un accueil provisoire de l’enfant dans une famille d’accueil… On peut aussi simplement rester à leur disposition si l’enfant n’est pas en danger.

Mais lorsque les parents s’opposent aux mesures préconisées ou que les relations sont très dégradées (avec des violences physiques et psychologiques par exemple), c’est la justice qui prend le relais. Quelles que soient les décisions qui s’imposent, et si cela est possible, nous travaillons avec les parents. 

 

I. M. : Le Département a adopté un schéma de 2020 à 2024 qui vise à organiser la protection de l’enfance sur l’ensemble du territoire. Quels en étaient les grands axes ?

M. K. : Le premier objectif visait à renforcer la prévention dès les premières années de la vie. Pour cela, nous avons mobilisé nos services de protection maternelle et infantile (PMI), qui sont les premiers maillons dans le repérage des familles en difficulté. 

Nous avons aussi voulu développer des alternatives entre les aides éducatives parfois insuffisantes et le placement envisagé en dernier recours. Exemple : proposer l’accueil en internat scolaire ou encore chez des proches pour maintenir l’enfant dans son milieu.

Dans un souci de proximité, nous nous sommes dotés d’une cellule de régulation et d’orientation vers les places d’accueil sur l’ensemble du territoire pour apporter des solutions au plus près des besoins. Enfin, nous avons facilité les échanges entre tous les acteurs (parents, éducateurs, familles d’accueil, psychologues…) pour éviter que les enfants restent durablement dans des situations qui ne leur sont pas adaptées.

 

I. M. : Quel est le bilan de ce schéma et quelles sont les perspectives ?

M. K. : La plupart des objectifs ont été tenus. Dans le cadre de ce schéma, le Département a aussi mis en place un comité des jeunes accompagnés, placés ou ayant été placés. Il rassemble 16 ambassadeurs chargés de faire des propositions pour améliorer la protection de l’enfance en danger. 

Parmi leurs suggestions : créer de petites structures d’accueil de neuf places au maximum et mieux prendre en compte tous les adultes pouvant faire référence dans leur vie. D’ici à 2027, nous envisageons de créer un schéma unique des solidarités qui intégrera la jeunesse, l’insertion, l’autonomie, le logement et le sport pour que tous les acteurs du social travaillent main dans la main. 

La santé, la sécurité et l’épanouissement des enfants sont notre boussole et les jeunes qui nous sont confiés doivent comme tous les autres trouver leur place dans notre société et pouvoir s’épanouir. Particularité en Isère, ils peuvent être pris en charge jusqu’à l’âge de 21 ans.

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Les chiffres clés de l'aide sociale à l'enfance (ASE)

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