Le monde « mirobolant » de Miró

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Joan Miró, Bleu II, 1961 : l’un des trois tableaux qui restera au Musée de Grenoble.
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Du 20 avril au 21 juillet, le Musée de Grenoble nous invite à plonger dans le monde coloré et poétique du catalan Joan Miró (1893-1983), artiste majeur du XXe siècle, à travers une grande rétrospective.

Joan Miró, Bleu II, 1961 : l’un des trois tableaux qui restera au Musée de Grenoble.

 

Avec son compatriote Pablo Picasso, il est l’un des artistes les plus célébrés et prolifiques du XXe siècle – 2 000 peintures, 5 000 dessins et collages, 500 sculptures et 400 céramiques ! Le bleu est sa couleur, celle du ciel de sa Catalogne natale et celle de ses rêves, qui ne cesseront de nourrir un imaginaire sans fin. 

Proche des surréalistes, à la limite de l’abstraction lyrique, celui qui promettait d’« assassiner la peinture » a créé un univers unique et fascinant, peuplé de femmes-oiseaux, d’étoiles et de formes fabuleuses, libéré de toute convention. 

Guy Tosatto, directeur du Musée de Grenoble de 2002 à 2023, rêvait de longue date d’une grande exposition Joan Miró. L’opportunité s’est présentée grâce au Centre Pompidou, qui inaugure cinq années de « hors les murs » pour travaux avec ce prêt exceptionnel de 120 œuvres de sa collection – auxquelles s’ajoutent les quatre en possession du Musée de Grenoble et les Constellations de la Fondation Joan Miró de Barcelone, peintes pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des peintures figuratives « détaillistes » évoquant la Catalogne rurale de ses premières années – comme cet Intérieur de 1922, proche de l’art naïf, qui ouvre l’exposition grenobloise – jusqu’à cette Tête énorme en bronze de 1978, inspirée d’un papier de bonbon, c’est tout un monde qui s’ouvre à nous, foisonnant et libre.

 

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Joan Miró, Peinture (composition), 1933.
Joan Miró, Peinture (composition), 1933

 

“On connaît le Miró solaire, le peintre de l’enfance et de l’émerveillement. Mais il existe aussi un Miró inquiet, plus métaphysique, que l’on retrouve par exemple dans ses ‘Peintures sauvages’ des années 1930, durant la montée du fascisme”, expose Sophie Bernard, conservatrice en chef pour l’art moderne et contemporain au musée. 

À ses débuts, très inspiré par sa terre natale, l’artiste solitaire cultive une forme d’ascèse, restituant sur la toile les hallucinations provoquées par le jeûne. Mais c’est au contact des poètes surréalistes à Paris, qu’il rencontre dans les années 1920 – André Masson, Robert Desnos, Michel Leiris et André Breton l’admiraient –, que le Catalan accède à la reconnaissance de son art. Ciel, lune, oiseaux, femme en plume de paon : dans ses « peintures de rêve », sa cosmogonie poétique se dessine, proche du vide des Orientaux.

Plus tard, ses œuvres, véritables “hiéroglyphes en liberté”, selon le poète Jacques Dupin, gagneront en monumentalité sous l’influence de Jackson Pollock, aux États-Unis. À partir de 1956, il se fait construire un immense atelier face à la Méditerranée, à Palma de Majorque (où il restera jusqu’à sa mort) et sa peinture se métamorphose à nouveau, plus gestuelle. Il atteint une forme de quintessence.

L’exposition s’attarde sur cette dernière période de la création de Miró avec près de 90 œuvres. On retrouvera notamment les trois Grand Bleu des années 1960, parmi ses tableaux les plus célèbres. Les Isérois auront le privilège de les contempler au-delà de la fermeture de l’exposition, puisqu’ils resteront ensuite en dépôt pour une durée indéterminée au musée. Un beau cadeau !

©RMN - Grand Palais, Jean-François Tomasian Centre Pompidou, MNAM

Encart

Repères : 

« Miró. Un brasier de signes »

Du 20 avril au 21 juillet au Musée de Grenoble, place Lavalette. 

Tous les jours, sauf le mardi. Entrée : 14 euros (plein tarif). Gratuit le premier dimanche du mois. 

Plus d'infos : museedegrenoble.fr

 

Un musée soutenu par le Département

Le Musée de Grenoble, équipement culturel-phare de l’Isère, est soutenu à hauteur de 363 000 euros par le Département en 2024.

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