Mélanie Berger : imprégnations

Le jaune du tilleul du patio sous la lumière automnale. L’envol matinal des oiseaux. Le murmure du Rhône et les galets roulés par le fleuve ou encore les pétales de fleurs glanés dans le jardin… tous ces éléments, comme les multiples rencontres avec les autres artistes ou visiteurs, ont imprégné Mélanie Berger pendant ses deux mois d’immersion à Moly-Sabata, à l’automne 2022 : un lieu resté un peu hors du temps, hérité du peintre cubiste Albert Gleizes et de la communauté d’artistes qu’il créa dans les années 1950.

Ces ressentis ou impressions atmosphériques, l’artiste grenobloise (qui vit désormais à Bruxelles) s’est attachée à les restituer sur des feuilles de papier, comme autant d’instantanés fragiles, au moyen de pigments, huile de kaolin, fragments, jus de végétaux ou céramiques produites in situ. 

Jour après jour, les papiers ont été déplacés, roulés, empilés, redéployés. Entre les plis, attentive aux formes et aux couleurs naissant de ces superpositions, Mélanie a vu émerger des paysages abstraits, en camaïeux de teintes pastel. 

Ces ensembles de dessins ou objets glanés autour de l’atelier ont été ensuite rassemblés dans des boîtes de peuplier, qui se retrouvent aujourd’hui dans la grande galerie du musée Hébert.

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Mémoire des lieux et des humeurs

Ces installations un peu flottantes, déposées sans collage, ont quelque chose d’apaisant. Le regard y plonge et se noie comme dans un tableau impressionniste de Monet ou un ciel de William Turner. 

On pense parfois aux dessins de l’Américain Cy Twombly (vus dernièrement au Musée de Grenoble), au temps qui passe et à la mémoire des lieux qui infusent en nous.

“Chaque boîte est teintée de mon imaginaire et de mes expériences propres, mais reste ouverte à l’interprétation de chacun”, précise Mélanie Berger. Un travail sensible, à découvrir dans le magnifique écrin de la maison d’Ernest Hébert.