Les Alpins à l’heure des grandes mutations

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L’exposition, Alpins, 7 000 ans d’Histoires, présentée au Musée dauphinois, présente dans son dernier chapitre l’essor du tourisme en montagne et ses effets sur les milieux… pas toujours bénéfiques…

“En ce temps-là, on fera le tour du monde en aussi peu de jours que l’on faisait jadis son tour de Suisse […] et le touriste aura dévoré en trois semaines toutes les merveilles de la création.” Quand le Suisse Rodolphe Töpffer, inventeur de la bande dessinée et grand excursionniste, écrit ces lignes en 1836, le premier train à crémaillère vient tout juste de s’élancer par-dessus les Alpes et le tourisme n’en est qu’à ses prémices. 

Du pas des muletiers à celui des trailers qui traversent des massifs entiers en quelques heures, ce citoyen genevois pouvait-il imaginer à quel point ses propos étaient prémonitoires ? En quelques décennies, depuis la conquête des hauts sommets par les pionniers de l’alpinisme jusqu’aux usines à ski des années 1970, les Alpes se sont transformées à grande vitesse. 

Au début du XXIe siècle, à l’ère du chambardement climatique et de la surfréquentation touristique sur certains sites, ces reliefs qu’il fallait vaincre et dominer à tous crins font figure de refuge pour des urbains en quête de fraîcheur et de quiétude. Des territoires enclavés apparaissent comme des eldorados pour une faune et une flore en péril. Il y a urgence à protéger une roche qui s’effrite et sue à grosses gouttes. 

Poids des mots, choc des photos : les deux vues du glacier de Sarenne (à L’Alpe-d’Huez) à cent ans d’intervalle, présentées dans la troisième partie de l’exposition, sont sans appel. L’oraison funèbre a été prononcée en septembre dernier par des climatologues. L’IGN va devoir réactualiser sa carte du secteur : un deuil pour les générations de skieurs qui l’ont pratiqué en été jusque dans les années 1990. 

D’autres images montrent la fragilisation de l’habitat montagnard : celle d’une chapelle qui glisse inexorablement vers la pente dans les Hautes-Alpes. Des forêts qui rougissent en Chartreuse sous l’effet de la sécheresse et des insectes. Les Alpes sont devenues un observatoire du changement climatique et un territoire à protéger.

Mais le peuple alpin ne reste pas inactif. L’adaptation a déjà commencé. Des interviews d’habitants et de jeunes Européens de six pays de l’arc alpin, qui se projettent en 2050, racontent leur vision de ce territoire en pleine mutation. Comment continuer à habiter et exploiter les espaces d’altitude tout en les préservant ? Dans leur livre Demain la montagne, Sandy Plas et Matthias Virilli ont recensé 101 initiatives émanant aussi bien de collectivités, d’associations locales que d’individus. 

Les images saisissantes de nos massifs vus du ciel, issues d’un film projeté dans la dernière salle, nous rappellent toute la majesté farouche de ce décor. La montagne sera toujours la plus forte.

Encart

Exposition : « Alpins, 7 000 ans d’histoires » 

Musée dauphinois, 2, rue Maurice-Gignoux, à Grenoble

Entrée gratuite tous les jours - musees-isere.fr

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Marmotte à ski

 

Une scénographie novatrice et teintée de poésie

Plan-relief des Alpes animé en vidéo, films d’animation, cartels « augmentés » sur écrans tactiles ou vidéo de survol des montagnes en drone : la scénographie, signée Maddalena Giovannini, fait largement appel aux technologies multimédias pour mieux nous immerger dans le quotidien des Alpins au fil des âges.

Les illustrations de Flore Hénocque ajoutent une note poétique. Une attention particulière a été portée aux enfants et aux familles, qui pourront suivre la saga d’une jeune bergère du néolithique à nos jours. 

À la fin, tout le monde pourra réviser ses connaissances avec un grand quiz en 80 questions (Incoll’Alpes) 

 

 ©Musee-dauphinois

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