Alpins, 7 000 ans d’histoires

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Après trois ans de chantier, le Musée dauphinois a ouvert sa nouvelle exposition au long cours consacrée aux gens de nos montagnes : ces Alpins qui, depuis sept millénaires, ont su s’adapter et innover pour vivre là-haut, dans la pente.

Raconter sept mille ans d’histoires des Alpins sur 700 mètres carrés d’exposition, depuis les premiers peuplements sédentaires du néolithique (il y a cinq mille ans avant notre ère) jusqu’à nos jours. C’est l’ambition de cette nouvelle rétrospective du Musée dauphinois consacrée aux « Gens de l’alpe » – du nom de la précédente exposition créée sous la direction conjointe de Jean Guibal et de Jean-Claude Duclos en 1998, elle-même héritée de « Gens de là-haut » datant de 1976… 

“Depuis un quart de siècle, les connaissances scientifiques sur la montagne se sont considérablement enrichies. Il fallait réactualiser notre muséographie et intégrer les grands enjeux contemporains”, explique son directeur, Olivier Cogne. Dépoussiérer, épurer, étonner. Au terme de trois ans d’un projet associant de nombreux acteurs culturels, cette traversée des Alpes à travers les millénaires et les grandes mutations politiques, sociétales et techniques a été découpée en trois grands chapitres.

 

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Masque d’Hermès, Jupiter-Ammon en double Hermès (bronze, IIe siècle après J.-C.) retrouvé dans les Hautes-Alpes. ©Département des Hautes Alpes

 

Elle démarre au néolithique, dans les pas des tout premiers bergers, pour embrasser l’épopée des grandes mobilités humaines, jusqu’à l’arrivée du chemin de fer, au XIXe siècle. Elle nous introduit ensuite dans l’intimité des montagnards, au temps de Victor Hugo et d’avant la Première Guerre mondiale – on retrouvera les dioramas (intérieurs d’habitat reconstitués) qui ont fait le succès de « Gens de l’alpe », remodelés et enrichis, avec une partie des objets et mobiliers collectés dans le Queyras par Hippolyte Müller, fondateur du musée. 

Enfin, elle nous invite à remonter le XXe siècle secoué par deux conflits mondiaux. La révolution industrielle démarrée au siècle précédent et le développement du tourisme s’accélèrent et vont transformer en profondeur nos paysages, pour arriver aux grands défis auxquels est confrontée la montagne aujourd’hui. 

Dans une région où la température se réchauffe deux fois plus vite qu’à l’échelle du globe, les populations doivent repenser à nouveau en profondeur leur mode d’habiter et de vivre en altitude. “Le fil rouge de ce parcours, c’est précisément la capacité des sociétés montagnardes à s’adapter et à innover face au relief, aux conditions climatiques, aux invasions successives (la romanisation des Alpes), aux bouleversements politiques (le rattachement du Dauphiné à la France), aux évolutions techniques (l’amélioration des voies d’accès et la modernisation des transports)”, résume Olivier Cogne. 

Tout au long de l’exposition, on comprend que les Alpins ne sont pas ces autochtones un peu archaïques et coupés du monde tels que décrits en 1949 par le géographe Fernand Braudel. Loin d’entraver la circulation des hommes et des idées, les Alpes depuis toujours sont des territoires de passages et de migrations, de liberté et d’ingéniosité. 

Des chaussures et vêtements en cuir et en fourrure, hottes, claies ou raquettes à neige en branches de bouleaux retrouvés sous la glace témoignent de la façon dont s’équipaient il y a très longtemps les paysans des vallées alpines pour franchir des cols situés à plus de 2 000 mètres d’altitude avec leur cheptel ! Les mines d’argent de Brandes, à L’Alpe-d’Huez, ou les carrières romaines de la Queyrie dans le Vercors attestent aussi de leurs capacités ancestrales à tirer profit des ressources naturelles. 

 

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Après la conquête des Gaules par César (peu avant le début de l’ère chrétienne) et le percement des grandes voies de communication, les échanges se développent encore entre plaines et villages d’altitude. À la fin du Moyen Âge, les caravanes de mulets chargés de produits d’Orient irriguent tout l’arc alpin. Quand la révocation de l’édit de Nantes mettra fin à la tolérance religieuse, au XVIIe siècle, les idées des Lumières et le protestantisme continueront malgré tout de se diffuser grâce au réseau des colporteurs du haut Oisans via les routes de montagne moins surveillées. 

Des études récentes montrent même que les jeunes de nos montagnes bénéficieront souvent d’une alphabétisation précoce et d’une instruction plus poussée qu’à la ville, à la faveur des longs mois d’hiver. Les Alpins ne sont décidément pas des crétins !

En savoir plus : Rubrique Notre histoire

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Pratique 

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« Alpins, 7 000 ans d’histoires » 

Musée dauphinois, 2, rue Maurice-Gignoux, à Grenoble. 

Entrée gratuite tous les jours - musees.isere.fr

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