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Comment parler de la Seconde Guerre mondiale aux enfants ? Réponse au musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, qui a invité quatre auteurs-illustrateurs jeunesse de la région à imaginer des récits à partir des objets de ses collections. Une exposition à visiter en famille (dès 8 ans).
Le sac à dos par Géraldine Alibeu.
Transmettre l’histoire et la mémoire de la Seconde Guerre mondiale aux plus jeunes : un demi-siècle après sa création par d’anciens résistants, déportés et des enseignants, cela reste la vocation première du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère.
À l’heure où la grande majorité des derniers témoins directs a disparu, près de quatre-vingts ans après, cette mission devient encore plus pressante. “L’enjeu, c’est aussi de transmettre aux nouvelles générations les valeurs fondatrices de notre République”, rappelle sa directrice, Alice Buffet.
Chaque année, près de 10 000 élèves, du primaire au lycée, visitent ainsi le musée dans le cadre de leur programme scolaire. Mais comment les amener à revenir en famille ?
Sur place par Clarisse Lochmann
Un regard neuf sur le quotidien de la guerre
Pour répondre à cette question, l’équipe du musée a proposé à quatre auteurs-illustrateurs jeunesse, aux styles et univers graphiques très différents, d’imaginer une histoire, en leur demandant de s’inspirer d’objets de sa collection.
Géraldine Alibeu, qui a le don de croquer la montagne sur le vif avec beaucoup de fraîcheur, a tout naturellement choisi un sac à dos, une gourde et une radio d’époque pour évoquer le quotidien des maquis.
Partant de tickets de rationnement et de livres de recettes de pénurie, Clarisse Lochmann fait toucher le manque et les privations à travers ses dessins oniriques hauts en couleur.
Romain Rousset, connu pour ses personnages humoristiques et « forts en gueule », s’est emparé d’un casque, d’une arme, d’une lettre et d’un carnet pour faire revivre l’histoire des prisonniers de guerre.
Enfin, Jérôme Ruillier aborde le sort des enfants juifs cachés et la persécution dont ils ont été victimes avec une peluche de Babar, un wagon à bestiaux et la casquette d’un uniforme nazi. “Aucun de ces auteurs n’avait travaillé auparavant sur le sujet de la Seconde Guerre mondiale : ils ont apporté un regard neuf qui me semblait indispensable”, précise Alice Buffet.
Si les récits sont fictifs, le contexte historique a été validé par le musée. Il ne restait plus qu’à transformer ces quatre œuvres artistiques et littéraires en exposition : la scénographie immersive et sensorielle, constituée de quatre espaces bien distincts, est propice à des visites en petit nombre.
Un album jeunesse reprenant les quatre histoires et les objets choisis a été édité pour l’occasion ainsi qu’un « mode d’emploi » à usage des parents – qui seront moins dépourvus pour trouver les mots justes.
Une programmation spécifique (ateliers ou projections à destination des familles) accompagnera l’exposition cet été, puis tout au long de l’année scolaire prochaine.
©MRDI
Pratique :
La guerre est finie par Jérôle Ruillier.
« À (h)auteur d’enfant, histoire(s) de guerre. »
- Jusqu’au 8 juillet 2024.
- Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, à Grenoble.
- Entrée libre tous les jours (fermé le mardi matin).
Contacts : 04 76 42 38 53 - musees.isere.fr
Retrouvez Alice Buffet sur "Belvédère", le podcast du Département de l’Isère en cliquant ici.