Le piano de Berlioz retrouvé à La Côte-Saint-André

La chambre natale d’Hector Berlioz avec le portrait peint par Melchior Blanchard en 1865.

L’odeur de bois ciré, les planchers qui craquent, les portraits de famille et les bibliothèques de partitions originales : deux siècles après, le fantôme d’Hector Berlioz serait étonné de retrouver les souvenirs de toute une vie rassemblés dans la maison où il vit le jour, le 18 décembre 1803, et passa ses dix-huit premières années.

Au 69 de la rue de la République, au cœur de la prospère cité iséroise, la demeure familiale abrite depuis 1935 un musée à la gloire de l’enfant prodige. Classée en 1942 aux Monuments historiques, puis intégrée en 1968 au réseau des musées départementaux, la bâtisse depuis a été réaménagée et agrandie pour accueillir le public et des expositions temporaires (voir ci-contre). 

Mais les appartements privés ont gardé leur cachet d’antan, de nouvelles acquisitions ou dons venant enrichir régulièrement les collections. 

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Marie Recio, maîtresse et seconde épouse d’Hector Berlioz, cantatrice et répétitrice.

Une communauté de passionnés 

Entre sa vie personnelle tumultueuse et son œuvre pléthorique, le génie romantique apparaît de fait comme un puits sans fond pour une communauté internationale de Berlioziens. 

Certains sont devenus de généreux mécènes du musée comme les Écossais Monir Tayeb et Michel Austin : grâce à eux, on peut admirer l’un des rares portraits d’Harriet Smithson, première femme d’Hector et mère de son fils unique, Louis. 

Le piano Érard - dont on sait par le numéro de série qu’il fut acheté en 1847 par la cantatrice et répétitrice Marie Recio, épousée en secondes noces — est arrivé par des chemins plus détournés. 

Devant le refus d’Emmaüs de la débarrasser de cet « encombrant », la dame normande qui l’avait en sa possession le mit en vente sur le Bon Coin… Heureusement, des collectionneurs avertis ont tout de suite repéré l’instrument, disparu des radars depuis le décès du compositeur en 1869 (mais présent dans l’inventaire de ses biens). 

Le piano, acquis pour finir par le musée Berlioz après restauration, a pris place sous le portrait d’Hector peint par Melchior Blanchard en 1865 — où l’on reconnaît, en arrière-plan, ce quart de queue en bois de palissandre. 

Régulièrement, des pianistes de renom viennent le jouer pour des mini-concerts, ou pour le pur plaisir de retrouver le son chaleureux des instruments anciens. Les mélomanes pourront quant à eux s’installer devant le juke-box interactif dans l’auditorium pour écouter les différentes interprétations du compositeur au fil des siècles. 

Ils pourront par exemple choisir leur œuvre préférée parmi quarante heures de musique. Et pendant l’été, ils profiteront de petits concerts de musique de chambre au jardin, sous le balcon d’Hector.