Solident redonne le sourire aux plus démunis

Le docteur Sage (à gauche) avec une partie de son équipe.

“Ne vous inquiétez pas, avant de soigner la dent, je vais vous faire une petite anesthésie locale. Vous n’allez rien sentir du tout. Il faudra ensuite éviter de mâcher du côté gauche pendant au moins trois heures.”Ses propos sont rassurants et ses explications sont toujours très précises.

En 2015, le docteur Alexandre Sage, chirurgien-dentiste, a ouvert un cabinet dentaire en plein centre de Grenoble destiné à soigner gratuitement des personnes sans couverture médicale. Aujourd’hui, dix praticiens, tous bénévoles, s’y relaient les lundis, mercredis et jeudis après-midi. Les patients sont tous adressés par des structures médico-sociales, comme Médecins de monde, Point d’eau, ou encore la Permanence d’accès aux soins de l’hôpital de Grenoble.

“Ce fonctionnement permet de nous consacrer à ceux qui n’ont aucune couverture sociale et du coup pas d’autre solution. Grâce à un lien avec leur travailleur social qui les suit, nous pouvons les prendre en charge en fonction de leur histoire et de leurs antécédents médicaux. La moitié n’a jamais consulté un dentiste de sa vie, ajoute le docteur Sage. Selon les statistiques, 27 % des bénéficiaires du RSA renonceraient à des soins bucco-dentaires et 30 % des ayants droit à la CMU ne la demanderaient pas !”

Une dentisterie publique pour les plus démunis

Après six années d’activité, Solident ne désemplit pas. “Nous recevons en moyenne 350 personnes par an pour 1 000 actes environ. Mais les besoins sont bien plus importants. D’où la volonté d’ouvrir un centre de santé bucco-dentaire associatif ouvert cinq jours sur sept qui puisse accueillir davantage de patients. Il sera dédié aux plus précaires et sur prescription.”

La structure, qui devrait ouvrir courant 2023 à proximité de l’hôpital de Grenoble, sera constituée de six salles de soins et d’une salle de chirurgie. Elle sera animée par six dentistes salariés à temps plein, qui consacreront également trois heures par semaine à des actions de prévention hors les murs, notamment dans les centres d’accueil pour toucher les publics ciblés.

Pour réaliser ce projet, Alexandre Sage a obtenu une aide de 100 000 euros du Département, qui intervient dans le cadre de sa politique santé.

“Nous savons que les infections dentaires peuvent avoir de graves conséquences sur les femmes enceintes et les personnes souffrant de problèmes cardiaques. L’accès au soins dentaires est un vrai problème de santé publique. Il ne doit pas y avoir un système à deux vitesses qui néglige les plus démunis et les plus éloignés de l’offre de soins. D’où la décision de financer le projet de Solident”, conclut Annie Pourtier, vice-présidente du Département en charge de la santé.

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