Expérimenta : Techs en scène

EtSi, une création du chorégraphe Rachid Ouramdane et du collectif Coin.

Et si on allait au spectacle ? Bien calé dans notre fauteuil, on se prépare au rituel lever de rideau… Et on se retrouve embarqué dans un voyage hallucinatoire, une sorte de capsule temporelle où le corps virevoltant de la danseuse Lora Juodkaite se fond dans le mouvement giratoire de la machine lumineuse imaginée par Maxime Houot, qui brouille toutes nos perceptions.

Parmi la trentaine de pièces programmées pour cette 11^e biennale, EtSi, création du chorégraphe Rachid Ouramdane et du collectif grenoblois Coin, fait encore la preuve que le mariage de la virtuosité artistique et des technologies peut produire des expériences scéniques inédites.

Pas besoin de casque ou d’écran : la parole et le geste, augmentés (ou pas) par la 3D et l’intelligence artificielle, suffisent à nous projeter dans une autre réalité et à nous amener à porter un nouveau regard sur les sciences, sur notre rapport au vivant ou sur des questions d’actualité, comme la fabrique des fake news.

“Le lien entre la nature et la société est au cœur de cette édition”, résume Jérôme Villeneuve, nouveau directeur de l’Hexagone de Meylan et d’Expérimenta – un physicien issu de l’INP de Grenoble, qui s’intéresse depuis longtemps aux outils de la création contemporaine.

Image

Des créations immersives

Entre imaginaire futuriste et poésie ubuesque, la déambulation théâtrale de la compagnie Kiroul, Allant vers, ouvrira ces dix jours d’expérimentations azimutées entre créatifs et technologues. La biennale se déploiera d’ailleurs largement dans l’espace public avec notamment quatre créations in situ.

Dans la Fabrique du lieu par exemple (photo ci-dessus), Raphaël Patout, comédien-danseur, occupera Prémalliance et l’École nationale d’architecture de Grenoble avec deux bétonnières, pour un poème visuel et sonore sur la construction et la déconstruction, tandis que la chorégraphe Veronika Akopova, dans Flying Bodies Across the Fields, fera voler des drones pollinisateurs à la chapelle des Capucins, à Meylan – une réflexion poétique sur la disparition des abeilles et sur notre capacité de réinvention.

Les théâtres du Sud-Isère seront aussi investis, de Voiron à Crolles : “Nous avons choisi de sortir de l’Hexagone pour toucher de nouveaux publics”, explique Jérôme Villeneuve. Ludique, poétique ou festive, cette onzième biennale Arts Sciences s’annonce très réjouissante !