Une nuit avec Victor Hugo

Poète, dramaturge, romancier, dessinateur, pamphlétaire, homme politique, intellectuel engagé… Victor Hugo (1802-1885) appartient à la catégorie des monstres sacrés. Des Orientales à La Légende des siècles, de Hernani aux Burgraves, de Notre-Dame de Paris aux Misérables, l’œuvre comme les facettes de sa personnalité ne se digèrent pas en une soirée.

Michel Belletante, directeur du Théâtre Ponsard à Vienne, qui aime de longue date à revisiter les classiques, a composé un menu hugolien « aux petits oignons », riche en saveurs et en surprises, qui nous propulsera dans l’ambiance du XIX^e siècle.“On se rendra compte que cette époque de la III^e République, sur fond d’affairisme, de révolution industrielle et de menaces de guerre, n’est pas si lointaine de la nôtre”, confie le metteur en scène.

Tout commencera par une mise en bouche, avec une version « allégé » de Marie Tudor, “faux drame historique, mais vrai thriller romantique” écrit en 1833, où l’on voit la première reine d’Angleterre, « Bloody Mary » conclure un pacte de vengeance avec un ouvrier ciseleur. “C’est une série télé avant l’heure, avec pour dialoguiste Victor Hugo !” s’enflamme Michel Belletante – qui avait monté la pièce avec sa compagnie au printemps 2021.

Pour cette soirée, il nous invite à pénétrer derrière le rideau, comme lors d’une répétition. “À travers les échanges entre le metteur en scène et les comédiens, le spectateur comprendra ce qui démarque le théâtre classique du drame romantique, dont Hugo a été le chef de file. Typiquement, la première scène du complot peut se traiter de manière tragique ou grotesque, avec son côté shakespearien !”

Alors que, dans la version intégrale, Michel Belletante l’an dernier avait dû trancher entre les deux fins écrites par Victor Hugo – l’une fatale pour le favori de la reine, l’autre pour l’ouvrier –, les convives auront droit cette fois aux deux.

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Des vers, des tirades, des amours…

Le temps de prendre l’apéritif à l’extérieur, le théâtre à l’italienne se métamorphosera ensuite en taverne, pour un dîner (avec de vraies nourritures terrestres !) chez les Thénardier.

On y côtoiera bien sûr Cosette, Éponine, Gavroche, Jean Valjean… mais aussi des personnages comme Marion de Lorme, Lucrèce Borgia ou encore Ruy Blas, dont la fameuse tirade sera servie à point : “Bon appétit, messieurs, ô ministres intègres, conseillers vertueux […], serviteurs qui pillez la maison.” Du théâtre, de la poésie, de la politique… “Plus la soirée avancera et plus on rentrera dans l’intimité de l’auteur… avec ses lettres d’amour au moment de la tisane”, promet Michel Belletante.

©G.Carlier