Les nouvelles mesures en faveur du patrimoine

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Patrick Curtaud, vice-président du Département en charge de la culture, du patrimoine, du devoir de mémoire et de la coopération internationale.
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Dix millions d’euros. C’est la somme que le Département de l’Isère a réservée en juin dernier pour préserver et restaurer, sur la période 2022-2024, notre patrimoine protégé et non protégé. Patrick Curtaud nous explique comment va être utilisée cette dotation.

Patrick Curtaud, vice-président du Département en charge de la culture, du patrimoine, du devoir de mémoire et de la coopération internationale. Président d’Aida.

 

Isère Mag : Pourquoi avoir voté, en juin dernier, de nouvelles aides pour le patrimoine ?

Patrick Curtaud : Comme nombre de départements français, l’Isère dispose d’un patrimoine exceptionnel. On ne compte plus le nombre de châteaux, d’édifices religieux, d’anciennes usines ou de sites archéologiques qui jalonnent notre territoire.

Cet héritage aux multiples facettes, il nous incombe de le préserver et de le valoriser pour le transmettre dans les meilleures conditions possibles aux générations futures. Et notre approche, au Département de l’Isère, est universelle. Il n’y a pas de « grand » ou de « petit » patrimoine. C’est un tout !

Et comme le disait à juste titre l’enseignante et résistante Lucie Aubrac : “ Une œuvre d’art détruite, c’est le patrimoine de l’humanité qui est entamé, et c’est irremplaçable.” C’est pour cela que nous avons développé l’attribution du label Patrimoine en Isère et que, depuis 2016, nous réservons d’importants crédits à la sauvegarde du patrimoine non protégé.

 

I. M. : C’est-à-dire ?

P. C. : En matière de préservation du patrimoine, on distingue quatre catégories d’aides : celles qui concernent les sites d’intérêt national, c’est-à-dire les édifices classés et/ou inscrits au titre des Monuments historiques.

On en dénombre 324 en Isère, comme le château delphinal de Beauvoir-en-Royans, celui de Lesdiguières à Vizille, la cathédrale Saint-Maurice à Vienne ou encore les halles de Crémieu. La surveillance des travaux et la prise en charge d’une partie des coûts incombent à l’État même si nous participons grandement à leur entretien et à leur restauration.

La deuxième catégorie concerne les édifices situés dans le périmètre d’un monument historique. Qu’ils soient publics ou privés, ils peuvent également recevoir des aides pour leur préservation ou leur mise en valeur. Puis viennent les édifices labellisés Patrimoine en Isère.

On en compte 104 dans le département. Comme je l’ai mentionné, ce label permet de préserver des édifices d’intérêt départemental non inscrits au titre des Monuments historiques, tels le site minier de Susville et son chevalement ou la chapelle des Angonnes à Brié-et-Angonnes. Le label offre aux propriétaires, particuliers ou collectivités, des outils de valorisation de leur patrimoine à des fins culturelles et touristiques.

Enfin, la dernière catégorie a trait à ce que l’on appelle le patrimoine de proximité. Il s’agit de tous les bâtiments patrimoniaux non protégés et les petits édifices, plus discrets, tels les croix de chemin, lavoirs, bassins, fours à pain, cadrans solaires, séchoirs, portails et autres poids publics. Ils sont de loin les plus nombreux, mais ne bénéficient d’aucune mesure de protection, ni nationale ni départementale alors qu’ils contribuent à la qualité du paysage et du cadre de vie.

C’est pour cette raison que le Département s’y intéresse particulièrement en accompagnant techniquement et financièrement les aménagements que leurs propriétaires envisagent de réaliser.

Mais à une condition : que ces travaux soient réalisés dans les règles de l’art. On ne rénove pas, on restaure à l’identique ou du moins au plus près, en respectant l’identité des édifices et les matériaux utilisés.

 

I. M. : Comment allez-vous détecter les projets ?

P. C. : La porte d’entrée, ce sont évidemment nos spécialistes de la Direction de la culture et du patrimoine mais aussi nos 13 Maisons du Département. Maires, associations ou particuliers trouveront dans chacune d’entre elles l’interlocuteur dont ils auront besoin pour faire avancer leur projet avant que celui-ci soit étudié en comité technique.

Des aides vont aussi être proposées aux collectivités qui ne disposent pas de services d’ingénierie pour qu’elles puissent faire établir des diagnostics préalables et être accompagnées dans la conduite de leurs projets.

Pour l’heure, je ne peux présumer des demandes qui vont nous être formulées, mais quelques grands sites classés seront également financés comme la tour Perret à Grenoble, le fort Barraux, l’abbatiale de Saint-Antoine, ou encore le plan patrimoine de Vienne.

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Le patrimoine protégé et non protégé en Isère

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