Égyptomania : immortelle mode

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Affiche Tutankhamen
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Depuis deux siècles et demi, l’Égypte antique n’a jamais cessé d’être à la mode. La collection d’objets, photos, jouets ou bandes dessinées accumulée pendant cinquante ans par l’égyptologue Jean-Marcel Humbert, exposée en partie au Musée dauphinois, témoigne de cette fascination occidentale.

Bronzes d’Isis, horloges sphinx, brûle-parfum, vases canopes, statues cubes, carafes obélisques, poupées Barbie, opéras, péplums, céramiques, tatouages, clips vidéo de rap… De tout temps, l’Égypte antique et ses mystères ont nourri les fantasmes, inspirant tous les pans de la création.

Luxe, beauté, pouvoir : au temps des Romains, Cléopâtre, souveraine et séductrice, cochait déjà toutes les cases. Avant même la naissance de la science de l’égyptologie et le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, après le retour des campagnes napoléoniennes et les fouilles archéologiques successives, l’égyptomanie ne va plus cesser de se développer tout au long du XIXe siècle et se muer très vite en « Tutmania » à partir de 1922 avec la découverte de la tombe de Toutankhamon (« Tut » pour les intimes).“À l’époque, Carter et Carnarvon, ses découvreurs, ont fait de cet événement une véritable saga dans la presse”, relate Franck Philippeaux, conservateur au Musée dauphinois.

 

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Kitsch et pop culture

C’est précisément en visitant l’exposition internationale et itinérante « Les trésors de Toutankhamon » – la toute première exposition « blockbuster » –, en 1967 à Paris, que Jean-Marcel Humbert va contracter le virus.

À partir de là, cet historien, ancien conservateur au musée du Louvre, va se mettre à chiner et collectionner méthodiquement les productions égyptisantes, dont il va faire aussi le sujet de sa thèse : soit des centaines d’objets décoratifs, jouets, disques, vidéos, photos, documents et quelque 800 bandes dessinées accumulés, dont une partie se retrouve aujourd’hui au Musée dauphinois, sur un espace de 700 mètres carrés.“Que ce soit clair : les visiteurs ne verront aucun vestige antique, précise Franck Philippeaux. Les objets les plus anciens datent du Second Empire.”

 

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Arts décoratifs, sociologie, architecture, littérature, cinéma, cosmétique ou spiritualité : le parcours thématique permet de mesurer à quel point cette égyptomanie a infiltré notre imaginaire, et ce dès notre plus jeune âge. Du kitsch de pacotille à l’industrie du luxe, elle touche toutes les catégories sociales.“C’est une manie qui reflète le temps et les modes en se réappropriant les codes d’un Orient fantasmé, de façon parfois irraisonnée. Mais pas sans fondement”, poursuit le commissaire de l’exposition.

 

©coll.JM Humbert

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Pratique

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Égyptomania. La collection Jean-Marcel Humbert. 

Jusqu’au 27 novembre 2023 au Musée dauphinois, à Grenoble - Entrée libre.

Contact : 04 57 58 89 01 - www.musees.isere.fr

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Pour aller plus loin

Le catalogue de l’exposition : Égyptomania. La collection Jean-Marcel Humbert, aux éditions Libel.

Deux autres expositions à voir dans les musées départementaux, pour le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes :

  • « Les frères Champollion, la correspondance dévoilée », jusqu’au 16 décembre aux Archives départementales de l’Isère, à Saint-Martin-d’Hères. www.archives.isere.fr
  • « Musée Champollion, un chantier déchiffré. » Depuis le 22 octobre au Musée Champollion, à Vif.
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