- Ça s'explique
Depuis de nombreux mois, le Département de l'Isère se prépare à accueillir les 14 et 15 juillet deux étapes du Tour de France cycliste. Comment s’est-il organisé ? Combien ça coûte ? Pour quelles retombées économiques ? Vice-président chargé du tourisme, Christophe Suszylo répond à nos questions.
Isère Mag : Accueillir le Tour de France en Isère un 14 juillet, jour de la fête nationale, et le lendemain, 15 juillet, pour une étape qui traversera de part en part notre département, est certainement une fierté. Comment cela a-t-il été possible ?
Christophe Suszylo : Le Département de l’Isère est une terre de vélo. Les organisateurs du Tour, ASO, avec qui nous travaillons en étroite proximité et en pleine confiance depuis plusieurs années, le savent bien. Ils savent aussi, lorsqu’ils élaborent le parcours, qu’ils seront merveilleusement soutenus en Isère par des équipes départementales et communales rodées à l’exercice.
Cette forte expérience, conjuguée au choix de faire passer le Tour dans des sites incontournables, comme la montée de l’Alpe-d’Huez, est l’un des paramètres qu’ASO prend en compte. Et puis en Oisans, la ferveur populaire pour le cyclisme et pour le Tour de France est bien réelle.
Christophe Suszylo, vice-président du Département chargé du tourisme et de l'attractivité.
I. M. : Comment est impliqué le Département de l’Isère ?
C. S. : Un Tour de France, ça se prépare au moins un an à l’avance. Car rien n’est laissé au hasard. Dès le parcours dévoilé au mois d’octobre par Christian Prudhomme, le directeur du Tour, les routes qu’emprunteront les coureurs font l’objet d’une évaluation administrative menée par la préfecture de l’Isère et d’une expertise technique par les services du Département.Portion après portion, tous les points « durs », à savoir les obstacles sur le parcours des coureurs, carrefours giratoires, rétrécissements, parapets saillants, avancées de trottoirs… sont recensés afin de les sécuriser avec des bottes de paille, généralement acquises auprès d’agriculteurs locaux.Lorsque cela est nécessaire, certaines sections routières bénéficient de reprises de couches de surface ou de petites réparations.
À l’approche du jour J, les bas-côtés sont fauchés pour permettre au public de s’installer confortablement et des sacs-poubelles mis à disposition pour recueillir les déchets des spectateurs. Les panneaux spécifiques à l’organisation du Tour sont également installés ainsi que ceux informant les automobilistes des horaires de fermeture des routes.
Enfin, le jour J, la totalité des itinéraires est balayée pour optimiser la sécurité du peloton. Toutes ces dispositions sont bien évidemment conduites en collaboration avec les services techniques des communes traversées. Au total, une centaine d’agents du Département est mobilisée pour veiller à ce que cette grande fête cycliste soit une réussite. Et dès le « spectacle » terminé, place au nettoyage et à la réouverture des routes.
I. M. : Combien coûte l’accueil du Tour ?
C. S. : Avant de parler finances, accueillir le Tour est d’abord une formidable occasion de faire connaître notre département, son patrimoine, ses paysages, sa gastronomie. C’est une incroyable carte de visite !
Les prises de vues aériennes commentées à la télévision offrent une promotion inégalée de notre territoire avec des retombées touristiques qui peuvent intervenir plusieurs années après. Mais accueillir le Tour, c’est vrai, cela a un coût ! Le ticket d’entrée pour les collectivités est au minimum de 80 000 euros pour une ville de départ et de 120 000 euros pour une ville d’arrivée.
I. M. : Quelle est la participation du Département de l’Isère et pour quelles retombées ?
C. S. : Le Département a engagé 60 000 euros pour soutenir les communes de l’Alpe d’Huez et du Bourg-d’Oisans. Somme à laquelle il faut ajouter les dépenses liées au barriérage, à la sécurité et à la communication autour de l’événement. Quant aux retombées économiques, elles sont immédiates avec la consommation dans les restaurants, les campings, les gîtes, les chambres d’hôtes et les hôtels des communes hôtes ou traversées.
Rien que pour l’organisation du Tour, c’est un village de 3 000 personnes qui se déplace chaque jour avec les coureurs, les techniciens, la caravane publicitaire et les quelque 2 000 journalistes accrédités. Quoi qu’il en soit, dans toutes les études réalisées par les villes, il ressort que pour 1 euro investi, ce sont de 3 à 8 euros de retombées.. Mon confrère, Guy Verney, maire du Bourg-d’Oisans, m’a fait déjà savoir que tout était complet en Oisans du 9 au 17 juillet. Il attend un record d’affluence avec près d’un million de visiteurs !
Enfin, au-delà de l’aspect sportif et économique, je voudrais dire que le Tour de France est surtout une grande fête populaire, un événement qui rassemble toutes les générations et tous les publics. Et cela n’a pas de prix.