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En résidence au Musée dauphinois, Simon Augade, artiste sculpteur et performeur, a littéralement transformé l’espace du cloître de Sainte-Marie d’en-Haut. À voir absolument, avant une seconde création attendue au musée Arcabas en Chartreuse au printemps 2022.
Écorcée, l’œuvre tentaculaire de Simon Augade au Musée dauphinois.
Tour à tour couvent, prison, pensionnat, caserne, logement de fortune pour des immigrés italiens et maintenant musée, le couvent de Sainte-Marie d’en-Haut, sur les hauteurs de Grenoble, a vu défiler des hôtes de toutes sortes en quatre siècles.
Jamais depuis sa construction, ce bijou d’architecture rectiligne n’avait pourtant été envahi par une aussi étrange créature.
Une puissance tellurique
Entre végétal des temps originels et animal préhistorique, un géant tentaculaire, tout en courbes et en écailles de bois, a en effet poussé entre les murs et les arches, comme surgi des profondeurs du sol, cannibalisant une bonne partie du carré central.
De la fin septembre à décembre, les visiteurs du musée ont pu voir la bête prendre forme peu à peu entre les mains de son pygmalion.
Car cette œuvre monumentale, baptisée Écorcée est celle d’un seul homme : Simon Augade. Invité en résidence de création par le Département de l’Isère dans le cadre de son événement « L’Appel de la forêt » et de l’exposition en cours Amazonie[s], forêt-monde, ce jeune artiste d’origine pyrénéenne a en effet passé trois mois sur site à lui donner vie, au prix d’un véritable corps-à-corps technique.
“C’est une installation performative, appuie-t-il. L’ossature est constituée de 30 mètres cubes de bois écorcé, des dosses de résineux, qu’il a fallu façonner et assembler. J’ai planté les 180 kilos de clous à la main. C’est un peu une métaphore de la précarité du vivant qui se débat face aux remparts érigés par l’homme…”
Inspirée par les racines-échasses des palétuviers, Écorcée fait aussi écho aux mangroves, ces zones frontières infranchissables qui caractérisent les régions tropicales, entre terre et mer. “Ces milieux a priori inhospitaliers abritent en fait une extraordinaire biodiversité. Avec ce travail, je voulais renvoyer à cette époque lointaine où ces vallées étaient submergées par l’océan, où le végétal régnait en maître.”
Entre lisse et rugueux, figé et mouvant, force et caresse, la sculpture de Simon Augade dégage une vraie puissance tellurique. Elle nous amène à reconsidérer notre regard sur ce haut lieu patrimonial. En novembre 2022, cette installation éphémère ne sera plus qu’un rêve.
Encadré
Où voir ses œuvres en Isère ?
- Dans le cloître du Musée dauphinois, à Grenoble, jusqu’en septembre 2022 - Entrée libre - Contact : 04 57 58 89 01
- Au musée Arcabas en Chartreuse, à Saint-Hugues-de-Chartreuse, à partir du printemps 2022. Toujours dans le cadre de « L’Appel de la forêt », l’artiste présentera une nouvelle création en résonance avec la forêt séculaire de Chartreuse.
Plus d'infos : simonaugade.fr - musees.isere.fr - appeldelaforet.isere.fr
Repères
Qui est Simon Augade ?
Diplômé de l’École européenne supérieure d’art de Bretagne, à Lorient, où il vit aujourd’hui, cet artiste plasticien de 34 ans s’est fait connaître en France par ses installations et accumulations monumentales à base de matériaux de récupération, dans l’espace public ou des lieux patrimoniaux.