Le charme rétro de la Matheysine

On se représente un ancien bassin minier en noir et gris. Serpentant sous un ciel bleu à travers un paysage verdoyant de forêts, le Petit train de La Mure, fraîchement repeint en rouge vif, balaie cette image d’Épinal !

Partis de la gare de La Mure, capitale de ce petit pays de moyenne montagne, Ariane, Lucas et leurs trois garçons poussent des « ho » et des « ha » à mesure que « la ligne la plus pittoresque des Alpes » déroule ses points de vue spectaculaires à flanc de falaise. L’eau est la grande architecte de la Pierre-Percée.

Cette arche de calcaire de six mètres d’ouverture, créée par l’érosion à 1 220 mètres d’altitude, domine l’entrée du tunnel de La Festinière. Plus loin, la silhouette altière de l’ancien château médiéval de La Motte-Saint-Martin évoque le passé thermal de la commune à la Belle Époque. Les curistes empruntaient déjà celui qui fut le tout premier train électrique du monde en 1903.

Créé dès 1888 pour acheminer les précieux blocs d’anthracite — ce charbon aux vertus calorifiques, extrait mille ans durant des tréfonds du sous-sol —, le train est très tôt devenu une attraction connue dans le monde entier grâce… au cinéma ! Léon Gaumont, pionnier de cette industrie en France, tourna en effet un film en 1902.

Ouvrages d’art et cités-jardins

En 1997, une page se tournait avec l’arrêt définitif des houillères. Si les cicatrices du paysage se sont peu à peu refermées, le patrimoine minier, bien ancré dans la mémoire collective, n’a pas été effacé : de gare en gare, le train borde les anciennes cités-jardins réhabilitées. Sur l’ancien carreau de la mine de Susville, le chevalement du hameau du Villaret, dernier puits en activité à la fermeture, est devenu le totem du plateau.

Après avoir emprunté les viaducs de Loulla, deux ouvrages d’art en courbe qui franchissent le ravin à quarante mètres de hauteur, le petit train dépose les voyageurs à son terminus, au Grand balcon.

Cheminant à pied sur quelques centaines de mètres, la petite tribu n’en a pas fini avec les sensations fortes entre tunnels et panoramas vertigineux sur le lac et le barrage de Monteynard. Grâce aux jumelles de réalité augmentée, sur la terrasse du belvédère, l’impression de plonger dans le lac tel un oiseau est saisissante !