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Créé en 1980 à la suite de la donation de la veuve du peintre Jean Vinay, le musée de Saint-Antoine-l’Abbaye rend régulièrement hommage à l’enfant du pays. Il invite cette fois-ci à redécouvrir le plus parisien des artistes dauphinois à l’aune de ses amis peintres.
Bateaux à Trévignon, Ginette Rapp (1977). Huile sur toile
Natif de Saint-Marcellin, Jean Vinay (1907-1978) resta toujours attaché à la maison familiale de l’Albenc et aux paysages des contreforts du Vercors et de la vallée de l’Isère qui l’ont vu grandir.
L’artiste autodidacte fut pourtant surtout connu en son temps au-delà de nos frontières comme « le peintre de Paris », où il s’installe après la Seconde Guerre mondiale, à Montmartre. Dans le sillage des Picasso, Modigliani, Soutine ou Utrillo qui ont fait la réputation du quartier et des grands courants qui ont révolutionné l’art en ce début de siècle – impressionnisme, expressionnisme, surréalisme… –, il rejoint toute une nouvelle génération de peintres qui tente de trouver sa place sur le marché.
Elle formera ce que les critiques ont appelé la « nouvelle école de Paris ».“Ils se nomment Montané, Desnoyer, Lorjou ou Volti… Aucune unité de style ne les réunit, mais ils se retrouvent jusque dans les années 1960 au centre de la scène artistique mondiale, dans les grands salons parisiens qui font la renommée de la capitale”, explique Lola Graillat, co-commissaire de l’exposition du musée de Saint-Antoine-l’Abbaye avec sa directrice, Géraldine Mocellin.
Vue du Grand Canal de Venise, Jean Vinay.
Des œuvres inédites pour la plupart
D’Afrique du Nord (où il se réfugie sous l’Occupation avec ses mentors Albert Marquet et Lucien Mainssieux) à Montmartre, de galerie en salon, Jean Vinay nouera des amitiés indéfectibles avec de nombreux artistes de son temps, que l’on retrouve au fil de la présentation.
Abstraction lyrique, réalisme, fauvisme, ces dessins et peintures, rassemblés au gré de ses rencontres, reflètent l’éclectisme de ses affinités artistiques et le goût d’une époque. Le musée de Saint-Antoine a sélectionné une trentaine d’œuvres de ses amis artistes, pour la plupart inédites.
Nu au canapé, Jean Vinay (1979). Huile sur toile.
Celles-ci sont mises en correspondance avec celles de l’artiste dauphinois : une Vue du Grand Canal de Venise de Jean Vinay face à la Chambre sur la mer de Marcel Mouly ; le Nu couché en regard avec Le Repos de Cottavoz…
Vibrato des couleurs, chatoiement des lumières, vivacité du trait : on redécouvre dans ces compagnonnages une œuvre émouvante et poétique, teintée d’instants fugaces et d’une aura de mystère. Dans le site majestueux de l’abbaye de Saint-Antoine, ces artistes un peu oubliés prennent tout leur éclat.
Pratique
« Le temps recomposé » , collection particulière de Jean Vinay
Du 7 mars au 11 décembre 2022. Musée de Saint-Antoine l’Abbaye. Entrée libre.
Contact : 04 76 36 40 68 ; musees.isere.fr