Développer les Tiers-lieux : pourquoi, pour qui et pour quoi faire ?

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Annick Merle, vice-présidente du Département chargée de l’innovation, de la performance des politiques départementales et des questions européennes.
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Parce que les Tiers-lieux d’activité correspondent à un réel besoin de vivre ensemble et de faire ensemble, parce qu’ils participent aussi à l’attractivité des territoires, le Département de l’Isère veut encourager leur création. Il lance un appel à projets.

Interview d'Annick Merle, vice-présidente du Département chargée de l’innovation, de la performance des politiques départementales et des questions européennes.

 

Isère Mag : Qu’est-ce qu’un Tiers-lieu ?

Annick Merle : Le Tiers-lieu est un concept qui est apparu en France dans les années 2010. Il se développe aujourd’hui assez fortement dans tous les territoires de l’Hexagone – on en compte plus de 2 000 aujourd’hui –, car il correspond à un réel besoin : celui de vivre ensemble et de faire ensemble.

Concrètement, le Tiers-lieu désigne un espace, distinct du domicile et du travail, que des personnes souvent issues d’horizons divers ont ou vont fréquenter pour des raisons qui leur sont propres. Pour certains, c’est l’occasion de disposer d’un lieu de travail adapté à leurs besoins, avec des moyens que l’on n’a pas forcément chez soi ou dans son entreprise (système de visioconférence, imprimantes 3D…).

Pour d’autres, le Tiers-lieu permet de rompre l’isolement, d’échanger, de faire des rencontres et, parfois, d’élaborer des projets en commun : créer une ressourcerie, un fablab, un cybercafé ou des animations culturelles. Il peut être aussi tout cela à la fois. L’essence même de cet espace est de mutualiser les moyens (ingénierie, équipements, outils numériques…) et les compétences.

Son objet, son fonctionnement et son statut importent peu, association, coopérative, entreprise, collectivité locale… pourvu qu’il soit géré collectivement et contribue à renforcer le lien social et la vitalité des territoires. En revanche, il serait inopportun qu’il fasse concurrence à des offres de même nature sur un même secteur.

 

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I. M. : Pourquoi le Département s’implique-t-il en faveur de leur développement ?

A. M. : L’une des missions prioritaires d’un Département est de faire en sorte qu’aucun territoire ne soit oublié. Que ce soit en matière de routes, de transports, d’offre numérique, mais aussi en matière économique et sociale. Si dans les centres urbains, l’usager peut encore avoir accès à un large panel de services publics et privés, il n’en est pas toujours ainsi en zone périurbaine et en milieu rural, où les services publics ne sont plus adaptés ou, par endroit, ont quasiment disparu.

Nous avons observé, par ailleurs, avec le confinement lié à la pandémie de Covid-19, que le télétravail est majoritairement plébiscité par les actifs français qui, pour 76 % d’entre eux, aimeraient poursuivre cette expérience selon une étude récente de l’Ademe*.

Le télétravail présente nombre d’avantages : il permet de diminuer les déplacements domicile-travail et donc de réduire la congestion des routes et les émissions de gaz à effet de serre. Il permet aussi de relocaliser les activités du quotidien autour du domicile, générant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Il permet enfin d’accéder plus facilement à l’emploi : 75 % des personnes au chômage déclarent en effet que l’absence de moyens de transport est un frein à leur retour à l’emploi.

Le télétravail est donc une solution, parmi tant d’autres, pour répondre à des offres d’emploi non pourvues. Encore faut-il que toutes ces personnes, télétravailleurs, travailleurs indépendants, demandeurs d’emploi ou porteurs de projets, puissent disposer d’aménagements de qualité dans un espace connecté pour travailler et profiter d’une communauté pour enrichir leurs projets et leurs réseaux.

C’est pourquoi, pour renforcer l’attractivité des territoires ruraux, le Département veut susciter la création de ces espaces collaboratifs, en souhaitant aussi l’implication de partenaires comme les communes et les EPCI. Il est pleinement dans son rôle d’aménageur du territoire.

Les tiers-lieux d’activité doivent participer, aux côtés d’autres mesures que nous portons aussi, comme le déploiement du très haut débit, au vaste mouvement de « renaissance des campagnes », avec l’implantation de nouveaux actifs en espace rural, cadres, jeunes actifs tentés par la microentreprise, mais aussi cette génération de quadras qui, après une expérience de vie en agglomération, aspirent à vivre autrement. Et de l’idée au mot, il n’y a qu’un pas que nous franchissons, avec cet appel à projets que nous lançons jusqu’à la fin 2023.

 

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I. M. : Quel est l’objectif de cet appel à projets ?

A. M. : Nous procédons par étapes. Nous travaillons actuellement à identifier les Tiers-lieux existants, de l’ordre d’une douzaine aujourd’hui hors agglomérations. L’appel à projets doit permettre d’ici à deux ans d’en révéler 40 en Isère et de les mettre en réseau.

Le Département se positionne en soutien technique et financier pour l’aide au démarrage ou la consolidation de Tiers-lieux existants. Le réseau des tiers-lieux isérois ainsi constitué permettra notamment à chacun d’entre nous de trouver rapidement celui le plus proche de chez soi. L’aventure ne fait que commencer.

 

* Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.

 

©Monika-Glet

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