Dans l’intimité des frères Champollion

La maison Champollion ouvrira ses portes à la fin mai après quatre ans d’étude et de chantier.
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Fin mai, le musée Champollion ouvrira enfin ses portes dans la maison familiale de Vif, entièrement rénovée, où le célèbre égyptologue (1790-1832) prit goût à l’antiquité égyptienne.

La maison Champollion ouvrira ses portes à la fin mai après quatre ans d’étude et de chantier.

 

Ceux qui avaient pu découvrir la maison champêtre des frères Champollion à Vif en 2004, à l’occasion du IXe Congrès international d’égyptologie de Grenoble, n’ont certainement pas oublié : la petite chambre sous les combles où Jean-François se retirait régulièrement pour étudier au début du XIXe siècle. L’estampage de la pierre de Rosette sur laquelle il travailla au déchiffrement des hiéroglyphes.

Le mobilier et les objets de la famille, soigneusement conservés… Et ce salon chargé de souvenirs et de portraits où l’égyptologue devait se retrouver le soir avec son frère aîné Jacques-Joseph et sa belle-sœur Zoé Berriat, propriétaire des lieux, à discuter au coin du feu…

C’était la toute première fois que la propriété, occupée jusqu’en 2001 par les héritiers de la famille puis cédée au Département, ouvrait ses portes au public… pour se refermer aussi vite !

En 2016, Jean-Pierre Barbier relançait le projet de musée avec un contenu culturel et scientifique ambitieux. Après quatre ans d’études et de chantier intensifs, le musée Champollion, labellisé « Musée de France », ouvre donc ses portes à Vif dans une tout autre configuration : le visiteur plonge non seulement dans l’intimité d’un grand savant, mais il découvre aussi le bouillonnement intellectuel qui régnait dans la capitale des Alpes au début du XIXe siècle alors en pleine « égyptomania », et comprend toutes les implications des découvertes de Champollion.

Il peut également mesurer le rôle important tenu par son frère aîné, qui l’accompagna dans ses travaux et s’attacha à promouvoir son œuvre après sa mort prématurée, à l’âge de 41 ans.

 

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Une immersion au XIXe siècle

Caroline Dugand, conservatrice de ce onzième musée départemental, nous fait découvrir la nouvelle entrée principale par la cour des dépendances avec son grand marronnier, puis le jardin d’agrément, son bassin central et son immense parc arboré (2,5 hectares).

On entre ensuite dans le bâtiment via une grande verrière pour arriver à l’accueil. Une vaste salle aménagée dans l’ancienne magnanerie accueillera des expositions temporaires en lien avec l’égyptologie.

Pour l’heure, on traverse la cour d’honneur pour pénétrer dans la demeure familiale, où se situe le parcours permanent. Boiseries, toiles peintes, tableaux, objets personnels : nous voici en immersion dans le « domaine des ombrages », où les Champollion venaient se mettre au vert.

Natif de Figeac, Jean-François, dit « le jeune », montrait déjà des facultés hors du commun dès son plus jeune âge : en témoignent cette bible en hébreu annotée de sa main offerte pour sa première communion ou ce dessin réalisé à l’âge de 14 ans, quand il était l’élève du professeur Jay, premier conservateur du Musée de Grenoble.

Dans les étages se dévoile le travail de déchiffrement proprement dit. Estampages, relevés, moulages de plâtre, la matrice d’une œuvre ! Champollion n’a que 8 ans quand Bonaparte mène sa campagne au bord du Nil, mais elle nourrit tout un imaginaire. On peut admirer sa tenue d’égyptien, portée quand il part sur ses traces trente ans après.

“Le déchiffrement des hiéroglyphes en 1822 n’a été qu’une étape vers la redécouverte de toute une civilisation”, insiste la conservatrice.

On découvre au passage les magnifiques décors peints révélés lors des travaux sous les couches de plâtre et de tapisseries et qui recouvrent toute une salle – en cours de restauration. Puis sous les combles, on se retrouve enfin avec émotion dans la petite chambre du génial déchiffreur, la bibliothèque aux mille ouvrages… On n’est pas au bout de nos découvertes !

Encart

En chiffres

  • 4 ans d’étude et de chantier et 6,3 millions d’euros financés par le Département.
  • L’État a subventionné le projet au titre du patrimoine protégé à hauteur de 367 000 euros
  • La ville de Vif a participé au financement des aménagements paysagers à hauteur de 62 000 euros.
  • Plus de 300 objets exposés, dont beaucoup d’inédits.
  • 50 000 visiteurs attendus par an.
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Pratique

Musée Champollion, 45 rue Champollion, à Vif.

Ouverture le 29 mai sous réserve de l’évolution de la crise sanitaire - Réservation conseillée.

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