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Toute sa vie durant, reclus dans son atelier de Bologne, l’artiste italien Giorgio Morandi (1890-1964) a peint des objets de rien dans d’infinies variations de lumière et de matière. Le Musée de Grenoble nous invite à pénétrer dans cet univers feutré à la magnétique beauté.
Des pichets, des bouteilles, des bols peints, un bouquet de roses… Avec quelques objets soigneusement mis en scène et une palette de couleurs sourdes, tout en nuances de gris et d’ocres, Giorgio Morandi a traversé en solitaire la première moitié du XXe siècle et ses convulsions artistiques.Et il a laissé une œuvre parmi les plus singulières et fascinantes qui soient, dans une quête obstinée de la « vérité en peinture », selon les mots du conservateur du Musée de Grenoble, Guy Tosatto.
Grâce au prêt exceptionnel de la Fondation Luigi Magnani, l’un des plus grands collectionneurs et amis de l’artiste, complété par les rares œuvres présentes dans les musées français, cette exposition nous introduit dans l’univers de ce peintre et graveur italien contemplatif, qui inspira les grands poètes et intellectuels de son temps.
“Ce n’est pas une rétrospective mais un regard intime sur son parcours, depuis les compositions métaphysiques des années 1910 à celles, toujours plus épurées, des années 1960”, présente Sophie Bernard, conservatrice en chef.
Nature morte 1936. Mamiano di Traversetolo (Parme), Fondazione Magnani-Rocca
On découvrira ainsi, à côté des iconiques natures mortes, des facettes moins connues de Morandi : ses rares autoportraits, ses eaux-fortes (magnifiques), ses paysages (toujours vus de sa fenêtre) ! Et l’on pourra ensuite s’introduire dans le saint des saints, dans la matrice de l’œuvre, à travers les photos de Luigi Ghirri prises dans son atelier-chambre de la via Fondazza de Bologne, vingt-cinq ans après sa mort.
C’est là, au sein de cet appartement modeste, que Morandi peignit et vécut avec sa mère et ses trois sœurs dans une ascèse monacale. Le photographe italien s’attache à en restituer l’atmosphère avec ses murs blancs, ces objets représentés jusqu’à épuisement, le dispositif qui lui permettait de tamiser la lumière.
Morandi ne s’en échappait que pour se rendre à son autre atelier de Grizzana en été, dans la campagne des Apennins. Tout est là, inscrit dans quelques mètres carrés, réduit à l’essentiel. Et cette peinture puissante, toute de lumière douce et de silences, continue d’irradier en nous longtemps après sa contemplation.
Pratique
Deux expositions :
- « Giorgio Morandi, la collection Magnani-Rocca »
- « Italia Moderna »
Jusqu’ au 14 mars 2021 au Musée de Grenoble
Contact : museedegrenoble.fr
Repères
Italia Moderna
L’art transalpin a toujours occupé une place importante dans les collections du Musée de Grenoble. De La Femme au col blanc de 1917, premier Modigliani entré dans un musée français, aux dernières œuvres de Giuseppe Penone ou Luciano Fabro, acquises dans la dernière décennie, en passant par celles de Giorgio De Chirico ou Lucio Fontana, le musée a sélectionné une soixantaine d’œuvres, qui permettent de mieux saisir la singularité de Giorgio Morandi dans le contexte artistique du XXe siècle.