21 août 1944 : le jour où les Allemands ont quitté Grenoble

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Les troupes allemandes en quittant la ville se sont acharnées à détruire des points, comme ici celui enjambant le Drac à Fontaine, le 22 août 1944. Photos Coll. Musée de la Résistance et de la Déportation – Département de l’Isère
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Chaque jour du 20 août au 2 septembre, en coopération avec le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, nous vous faisons revivre dans ces colonnes la Libération de l’Isère, telle qu’elle s’est déroulée il y a 80 ans, jour par jour. Épisode 2...

Les troupes allemandes en quittant la ville se sont acharnées à détruire des points, comme ici celui enjambant le Drac à Fontaine, le 22 août 1944. Photo Coll. Musée de la Résistance et de la Déportation – Département de l’Isère.

 

Depuis le débarquement en Provence, les troupes alliées fondent vers la vallée du Rhône, dépassant toutes les prévisions de leur commandement. Si la majeure partie des troupes emprunte ce sillon, une seule division américaine prend celui des Alpes. Il s’agit de la 36e, dirigée par le major général John E. Dahlquist.

Le 20 août, après avoir libéré Gap au côté des résistants, elle franchit les cols Bayard et de la Croix Haute. Le plateau du Trièves est le premier territoire isérois à être libéré par les Américains. Dès lors, l’objectif est de prendre Grenoble.
 

La retraite de la Wehrmacht vers l’Italie


La Résistance, de son côté, continue son harcèlement et ses actions de guérilla pour déstabiliser l’Occupant et couper les voies de communication. Le 21 août, les hommes de la section Muelle du 1er  bataillon de choc reçoivent l’ordre d’attaquer Le Pont-de-Claix, porte d’entrée vers Grenoble. Ces militaires d’élite, formés en Algérie, et parachutés dans la Drôme voisine, engagent le combat avec une compagnie allemande. L’affrontement est violent. Raymond Muelle perd deux hommes (et cinq blessés). Mais les pertes allemandes sont supérieures.
 

Puis le général Pflaum, conformément aux ordres de l’état-major de la Wehrmacht, commande aux 15 000 soldats allemands de quitter la ville et de refluer vers l’Italie via la Maurienne et le col du Mont-Cenis. Des responsables de la collaboration prennent la fuite.
 

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La foule tente de franchir un de ces ponts gravement endommagés. Photo Coll. Musée de la Résistance et de la Déportation – Département de l’Isère.

 

Cette retraite ne se fait pas sans heurts. La famille Cohen-Faraggi est victime d’une des dernières exactions des collaborateurs français. Léon, Rachel, leur fille Flore et leur petit-fils Jack sont raflés dans la nuit du 20 au 21 août, fusillés sur le pont reliant Grenoble au quartier Saint-Laurent, et leurs corps jetés à l’eau. Les Allemands dynamitent les deux ponts sur le Drac. Et les archives de la Gestapo, alors située sur le boulevard du Maréchal-Pétain qui va redevenir le boulevard Gambetta, sont brûlées.
 

Sur le plan militaire, la voie est désormais libre. Et la libération de Grenoble va par conséquent se dérouler sans que la ville ne soit le théâtre d’affrontements sanglants.

Encart

Repères 

L’aboutissement pour la Résistance grenobloise


Ces 21 et 22 août 1944, c’en est fini de l’occupation allemande, une page sombre de l’histoire de Grenoble. Ville pionnière, Grenoble a été marquée par l’esprit de résistance peut-être encore plus qu’ailleurs. Ainsi, le 11 novembre 1943, a lieu une manifestation patriotique, laquelle se solde par plus de 400 déportations.


Cette rébellion atteint tous les secteurs. Révoltés par les arrestations des juifs, des prélats entrent en résistance à l’image du vicaire de la cathédrale Notre-Dame, Henri Grouès (l’Abbé Pierre). Certaines usines sont le berceau de mouvements comme la Viscose à Échirolles.


Grenoble aura aussi vu se constituer de forts réseaux de résistance. C’est dans cette ville que le mouvement Combat a été fondé lors d’une réunion chez Marie Reynoard, professeur de lettres au lycée Stendhal. Et les réseaux de résistance auront épousé presque tout le spectre politique, depuis les communistes menés par Pierre Flaureau à des proches de l’Action française comme Louis Nal, futur chef des Groupes francs, en passant par les membres de l’ex-Front populaire comme Eugène Chavant, ex-maire de Saint-Martin-d’Hères ou le Dr  Martin, député ayant refusé les pleins pouvoirs à Pétain, qui firent du café La Rotonde tenu par Aimé Pupin, le siège du mouvement Franc-Tireur, très actif et à l’origine des premiers camps du Vercors.


Parmi les grandes figures et sans pouvoir être exhaustifs, citons encore le doyen René Gosse, qui sera assassiné avec son fils par la Milice, le Dr Gaston Valois qui réunira Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur au sein des Mouvements unis de la Résistance, le capitaine Alain Le Ray, 1er  chef militaire du Vercors et chef des FFI, Marguerite Gonnet, responsable de Libération, ou Albert Reynier qui deviendra le préfet de la Libération.


Ces réseaux ont mené des actions audacieuses, notamment en faisant sauter le parc d’artillerie du Polygone ou la caserne de Bonne qui servait d’arsenal aux Allemands. Mais la ville aura aussi payé dans le sang sa bataille pour la Libération avec l’arrestation et la déportation de nombreux résistants (et notamment lors de ce que l’on appelle La Saint-Barthélemy grenobloise de novembre 1943 qui porta un rude coup à la Résistance avec l’arrestation de certains de ses principaux responsables comme le Dr  Valois).

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Le pont métallique à arches a été lui aussi en partie détruit par les troupes allemandes le 21 août 1944, la veille de la libération de Fontaine.

 

La veille de la Libération, deux ponts sur le Drac étaient détruits...

En ce 21 août 1944, Grenoble et sa banlieue sont en effervescence. Les occupants, tout affolés, courent dans tous les sens et font sauter tout ce qui pourrait ralentir la marche des libérateurs.

Tout au long de la journée, les explosions vont se multiplier un peu partout et dans la soirée, l’ennemi va faire sauter les deux ponts sur le Drac ; deux points stratégiques pour les Allemands puisqu’ils étaient la seule voie permettant de franchir le torrent du Pont-de-Claix à Veurey, et également le passage obligé de la rive droite du Drac (Grenoble) à la rive gauche (Fontaine) pour se rendre dans le Vercors.

Le premier de ces ponts était métallique. Il avait été construit en 1889 et était la voie directe pour se rendre dans le Vercors. Reconstruit ensuite en béton armé, il fut baptisé “Pont du Vercors”. Le second était un pont en pierre avec de grandes arches. Il avait été réalisé pour remplacer le pont suspendu construit en 1827 et qui donnait quelques signes de fatigue.


« Une terrible explosion qui a fait trembler tout le secteur »

Ce nouveau pont fut mis en service quelques mois seulement avant la déclaration de guerre 1939-1945. C’est donc seulement cinq ans après, qu’il fut en partie détruit par les Allemands. Quelques Fontainois, qui étaient bien jeunes à cette époque, se souviennent encore de cet événement survenu la veille de l’entrée des troupes alliées : « Une terrible explosion qui a fait trembler tout le secteur et les premières arches du pont qui s’affaissaient dans le torrent en faisant grand bruit. » Mais si cette destruction fit de nombreux dégâts matériels, ce n’était rien à côté de l’immense joie qui devait par la suite envahir le cœur des Fontainois. 

Aujourd’hui, 80 ans après, on ne peut oublier ceux qui avaient choisi le dur et long combat contre l’occupant. Certains périrent les armes à la main, d’autres furent fusillés ou conduits vers des destinations où leurs corps ne furent jamais retrouvés.


Commémoration du 80e anniversaire de la Libération

Le maire et le conseil municipal invitent la population à la commémoration du 80e anniversaire de la Libération de Fontaine ce jeudi 22 août à 18 heures,

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