Faire corps avec le rocher

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Escalade - Saint-Égrève
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Depuis 2021, le Département a repris en main le conventionnement des sites d’escalade avec les propriétaires fonciers pour assurer aux grimpeurs un accès à ce sport dans les meilleures conditions de sécurité. Un terrain de jeu illimité, que l’on se doit d’appréhender avec humilité.

Avec 150 sites d’escalade en plein air recensés par la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME), l’Isère est une terre de grimpeurs.

Depuis 2021, le Département a repris le conventionnement avec les propriétaires fonciers publics et privés des sites labélisés dans son schéma départemental des sports de nature. Quarante-trois falaises sont déjà passées sous la gestion directe de la collectivité et elles devraient être 25 de plus d'ici à la fin de l’année.

Le Département assume les risques financiers et juridiques auprès des assurances et finance les structures chargées d’entretenir les équipements (clubs et FFME), pour le plus grand plaisir des pratiquants, qui peuvent continuer à accéder librement à ces falaises.

 

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Pour accompagner l’essor de l’escalade en Isère et sécuriser la pratique, le Département et la FFME ont dernièrement conventionné plus de 40 sites majeurs dans le département.

 

L’escalade sportive en plein air évoque certes la liberté et une communion avec la nature, mais elle se savoure d’autant plus qu’elle comporte des règles. La principale est d’essayer d’enchaîner un itinéraire sans prendre de repos dans son baudrier.

“En athlétisme, un 100 mètres, ce n’est pas faire dix fois 10 mètres ; en escalade, c’est pareil ! note Sylvain Maurin, guide de haute montagne grenoblois et formateur au Creps de Voiron. Et c’est tellement satisfaisant de venir à bout d’un itinéraire qui nous a causé des difficultés ! Pour progresser, il faut accepter de grimper dans des voies aux cotations où l’on est à l’aise, car on n’est pas toujours en forme ni habitué à tel ou tel style d’escalade, puis, seulement quand les conditions s’y prêtent, faire une performance.”

Deuxième règle, se faire plaisir. Une fois que l’esprit fait corps avec le rocher, les mouvements suivent, on s’élève sereinement vers le « nirvana », dans un univers vertical auquel l’homme n’est pas habitué, le vide sous les fesses. Troisième et dernière règle, la sécurité.

Pour cela, il aura fallu au préalable apprendre à s’encorder, à mousquetonner, à assurer, mais aussi des manœuvres spécifiques à la falaise, comme la pose des dégaines sur les points d’ancrage ou la « manip » du relais (pour redescendre en sécurité), et surtout à faire preuve d’humilité. 

 

Savourer les sensations fortes de la grimpe

“Grimper en extérieur représente plus de risques qu’en intérieur, précise Sylvain Maurin. Même si on grimpe bien dans une salle en suivant des prises colorées, il faut savoir que souvent en falaise on ne voit pas les prises !”

À la « lecture » du rocher, qui s’acquiert avec l’expérience, s’ajoute un équipement plus « aéré » qu’en salle (2 à 3 mètres entre chaque point, contre 1 mètre environ). Soucieux d’écarter tout risque de chute au sol, les clubs et la FFME s’assurent, sur les sites isérois, que les premiers points soient rapprochés, puis laissent les équipeurs se faire plaisir un peu plus haut, une fois qu’il n’y a plus d’« exposition ». Montée d’adrénaline garantie !

Pour que l’escalade soit satisfaisante, Sylvain Maurin recommande là aussi de rester humble face aux risques que l’on peut prendre en extérieur : “Comme on augmente les paramètres de sécurité, il faut diminuer le niveau de motricité et donc baisser la cotation.”

Une voie de 5B en extérieur n’aura rien à voir avec une voie du même niveau en salle. Quand on grimpe « en tête », une chute en falaise, où l’inclinaison est faible dans les voies de niveau modeste, peut être bien plus « mauvaise » qu’en salle, où les murs sont verticaux.

Enfin, la culture du risque, c’est aussi s’interroger sur notre rapport au « matos » : “Dans notre société très techno, le matériel, avec ses innovations constantes, peut donner l’illusion de se prévaloir du risque, conclut Sylvain Maurin. C’est toujours bien de mettre un casque au pied d’une voie, mais pas si c’est pour être sous une autre cordée ; le plus sûr, c’est de choisir une autre voie !”

Encart

Pour en savoir plus : isereoutdoor.fr, rubrique « grimper » - ffme.fr

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