Sur les traces du patrimoine textile à Vienne

Au XVIII^e siècle et jusqu’à la fin du XX^e siècle, la ville de Vienne a vécu au rythme incessant de l’industrie textile. En 1870, sur ses 26 000 habitants, 15 000 étaient employés dans les usines textiles de la vallée de la Gère et du quartier d’Estressin. Durant la Première Guerre mondiale, un soldat français sur sept portait un uniforme fabriqué avec du drap de laine viennois.

Cette histoire trouve sa source au bord de la Gère, une rivière qui traverse tout un quartier de Vienne avant de se jeter dans le Rhône. Aurélien Chazelet et Estelle Jeunet, animateurs du patrimoine à la Ville, organisent des visites guidées.

Une formidable épopée

De fil en aiguille, la confection artisanale va se mécaniser. En 1721, la manufacture Charvet s’installe au bord de la Gère et se spécialise dans la fabrication du drap cardé : un tissu très absorbant, bien adapté pour les militaires, qui a été très utilisé pour les uniformes des troupes de Napoléon I^er. Très vite en 1754, elle obtient le titre de « manufacture royale » et côtoie de nombreux ateliers familiaux qui profiteront de la force motrice de l’eau. À partir du XIX^e siècle, la production s’étend sur l’ensemble de la ville : Vienne se couvre d’une forêt de cheminées. La dernière usine fermera en 1994, victime de la mondialisation et de la concurrence du synthétique.

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Un musée à visiter

Dans la vallée de la Gère, quelques bâtiments industriels imposants avec leurs grandes baies vitrées témoignent de cette épopée, comme l’usine Vaganay Frères, qui produisait des draps de laine cardée jusqu’en 1967. Et dans le quartier d’Estressin demeurent les trois usines Pascal-Valluit, qui ont fermé en 1971.

Pour en savoir davantage, une visite s’impose au musée de l’Industrie textile qui a pris place dans l’ancienne manufacture Proplan. Une belle collection de machines (sauvegardées par l’association Textile et Patrimoine), avec des échantillons de tissus, met en scène tout le processus de confection, de la fibre au produit fini.

Les hommes, femmes, enfants, ouvriers d’ici et d’ailleurs, tout comme les figures patronales et syndicales sont aussi évoqués. Une mémoire qui fait entièrement partie de l’identité viennoise.

©Musees de Vienne