Santé et handicap : la difficile équation

Auteur de la charte Romain Jacob en 2013, Pascal Jacob s'alarme. “Actuellement, en France, de 20 à 25 % des personnes porteuses d’un handicap sont privées de soins et, dans certaines régions, on dépasse les 50 %. Par ailleurs, 90 % ne connaissent pas leurs droits et entre 13 et 15 % ont essuyé un refus de rendez-vous médical au cours de leur vie” 

Pascal Jacob connaît bien le sujet. Il a eu trois enfants, dont deux lourdement handicapés. Un jour, son fils Romain a dû se faire enlever des dents de sagesse. Victime d’une erreur d’anesthésie, il est plongé dans le coma et reste immobilisé à l’hôpital durant un an.

À la suite de cela, en 2013, il fonde l’association Handidactique. Son idée, dresser un état des lieux des problèmes rencontrés par les personnes vivant avec un handicap en matière d’accès aux soins. De là naît la charte Romain Jacob, un document réalisé par et pour les personnes concernées visant à préconiser des méthodes et recommandations leur permettant d’être considérées comme tous les citoyens. 

Plus de 7 000 signataires français et étrangers y ont adhéré, dont des organismes, des syndicats, l’ensemble des Régions et 23 Départements…

Des pistes d’action concrètes dès cette année

Le 11 septembre dernier, le Département de l’Isère, aux côtés de la CPAM de Grenoble et de nombreux autres partenaires (Assurance maladie, Carsat, associations, Ordre des médecins…), s’est inscrit dans cette démarche au titre de ses compétences dans le domaine de la santé et de l’autonomie.

“Si avec les désertifications médicales, tout le monde peine à trouver un praticien, cette difficulté monte d’un cran lorsqu’on est handicapé. Cette charte s’intègre dans notre schéma autonomie qui fixe les objectifs pour soutenir les personnes âgées et handicapées dans les prochaines années. Notre objectif est de nous doter d’un levier supplémentaire pour mieux prendre en compte les obstacles rencontrés”, explique Delphine Hartmann, vice-présidente en charge de l’autonomie et des handicaps, qui précise par ailleurs que la ratification de cette charte se traduira par des pistes concrètes dès le premier trimestre 2024.

Trois groupes de travail ont ainsi été constitués. Le premier doit repérer les besoins des patients (matériel adapté ou équipes mobiles par exemple), en ville comme à l’hôpital, ainsi que les freins rencontrés pour faire valoir leurs droits. 

Le deuxième a vocation à identifier un parcours d’accompagnement, autrement dit à savoir quel praticien les refuse et pourquoi. Le troisième groupe doit se pencher sur la formation initiale et continue des soignants. 

Enfin, le Département s’appuiera sur ses nombreux points d’accueil pour qu’ils puissent faire remonter leurs difficultés sur le baromètre Handifaction.

En savoir plus : cliquez ici