- Nature
Le parc naturel régional du Vercors a obtenu le label « Réserve internationale de ciel étoilé », qui récompense une qualité de ciel nocturne exceptionnelle. Le fruit d’un engagement contre la pollution lumineuse et ses impacts sur la biodiversité.
Contempler les étoiles. Depuis toujours, un spectacle naturel et merveilleux, accessible à tous… jusqu’il y a peu. Les astronomes sont les premiers à tirer la sonnette d’alarme dans les années 1970 : plus l’éclairage se généralise, plus ils doivent s’éloigner des villes pour observer les étoiles.
Aujourd’hui, 99 % de la population européenne vit sous un ciel impacté par la pollution lumineuse et 60 % ne peut plus voir la Voie lactée. En France, l’éclairage public représente 11 millions de lampadaires et un tiers de la consommation d’électricité des communes.
Parallèlement, certains territoires font tout pour préserver leur ciel étoilé et la biodiversité nocturne. C’est le cas du parc naturel régional du Vercors, qui a reçu en 2023 le label « Réserve internationale de ciel étoilé » (Rice), décerné par DarkSky International.
Il est le cinquième site en France à en bénéficier, et le 22e dans le monde. Créé en 1988 aux États-Unis par une communauté d’astronomes, ce label récompense une qualité de ciel nocturne exceptionnelle et engage les territoires à mener des actions de réduction de la pollution lumineuse.
La Rice du Vercors s’étend sur les trois quarts du parc naturel régional, soit 1 600 km2. Elle implique 39 communes, dont 13 en Isère, et concrétise les efforts menés depuis quinze ans pour la rénovation de l’éclairage public et l’extinction au cœur de la nuit (généralement entre 23 heures et 6 heures du matin).
Le parc du Vercors a ainsi sensibilisé les collectivités, les professionnels du tourisme, les particuliers et les entreprises. Il les incite à adopter un éclairage plus sobre et plus intelligent (voir encadré).
3 000 : c’est le nombre d’étoiles que l’on peut observer dans le ciel du Vercors (contre moins d’une centaine dans celui de l’agglomération grenobloise par endroits). Un ciel nocturne d’une qualité devenue rare.
L’un de ses enjeux est de préserver ses espèces emblématiques, telles que les chouettes de montagne, très sensibles au dérangement lumineux, ou les chauves-souris qui abondent dans les grottes et les falaises du territoire (le Vercors compte 29 des 36 espèces connues en France).
Protéger la biodiversité nocturne
Les réactions physiologiques et les cycles induits par l’alternance du jour et de la nuit sont brouillés par la lumière artificielle. Certains oiseaux se croient en pleine journée et modifient leur horloge interne, voire leur calendrier de nidification. Les migrateurs, qui se repèrent grâce aux étoiles, sont désorientés à cause des halos lumineux des villes.
Côté mammifères, les chevreuils ou les blaireaux fréquentent dix fois moins les lisières éclairées. La lumière artificielle perturbe ainsi les déplacements, la reproduction ou encore la chasse de nombreux animaux. Un tiers des vertébrés et deux tiers des invertébrés sont des espèces nocturnes.
Mais les humains aussi sont sensibles à un éclairage inadapté : l’excès de lumière bleue est néfaste pour les yeux et empêche la production de mélatonine, l’hormone qui régule l’endormissement. Le parc du Vercors donne l’exemple. Son prochain objectif : étendre la réserve de ciel étoilé à l’ensemble de ses communes.
Source : article rédigé avec la collaboration d’Emmanuel Jeanjean, chargé de mission au Parc naturel régional du Vercors.
Repères :
5 règles d’or pour un éclairage plus sobre
- Utiliser l’éclairage uniquement lorsqu’il est nécessaire. En cœur de nuit, l’éclairage est idéalement éteint, sinon réduit. L’intensité doit être adaptée au besoin.
- Orienter toujours la lumière vers le bas, là où elle est utile.
- Canaliser le faisceau et limiter la surface éclairée : pas de lumière intrusive dans les zones naturelles ou les bâtiments.
- Privilégier une lumière jaune orangé (et non pas bleutée).
- Prendre en compte la consommation d’énergie lors de la rénovation de l’éclairage.
Plus d'infos : parc-du-vercors.fr
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Certaines espèces de chauves-souris, comme ici le petit rhinolophe, sont fortement dérangées par la lumière artificielle. Elle limite leur territoire de prédation et de reproduction, mettant en danger les populations.AdobeStock
La pollution lumineuse est la deuxième cause de mortalité des insectes après les pesticides. Un seul lampadaire tue en moyenne 150 insectes en une nuit ! Les papillons de nuit sont attirés par la lumière, confondue avec celle de la lune ou des étoiles.AdobeStock
Les yeux des rapaces nocturnes, comme la chouette de Tengmalm, leur permettent d’avoir une vision de nuit efficace, mais les rendent aussi très sensibles à l’éblouissement provoqué par la lumière artificielle.