- Nature
Avec son manteau de neige et ses basses températures, l’hiver met la faune alpine à rude épreuve. La nourriture se fait rare. Pour survivre, les animaux doivent absolument économiser leur énergie. Attention donc à ne pas les déranger !
À la saison hivernale, certains oiseaux, comme l’hirondelle, migrent vers l’Afrique. D’autres animaux hibernent, telles la chauve-souris et la marmotte. En montagne, ceux qui restent actifs doivent affronter le froid, tout en redoublant d’efforts pour rechercher une nourriture devenue rare, très peu nutritive et difficile d’accès.
Pour les herbivores, les seuls végétaux qui restent, souvent enfouis sous la neige, sont peu digestes et pauvres en calories : aiguilles de conifères, écorces, lichens, herbes sèches… De plus, les courtes journées offrent peu de temps pour s’alimenter et les déplacements dans l’épais manteau neigeux sont énergivores.
Stratégies de survie
Pour survivre, chaque espèce a sa stratégie. Le bouquetin, qui se déplace avec difficulté dans la neige du fait de son poids, rejoint les crêtes et les zones rapidement déneigées par le soleil et le vent, entre 1 600 et 3 200 m d’altitude.
Le chamois, lui, délaisse les alpages pour gagner les zones forestières, moins enneigées, où il peut s’alimenter plus facilement.
Autre espèce emblématique des montagnes iséroises, le lagopède alpin creuse des trous dans la neige pour s’abriter. Les plumes qui entourent ses pattes se développent, telles d’épaisses chaussettes anti-froid, et l’aident à se déplacer, à la manière de raquettes.
Comme le lièvre variable, il devient entièrement blanc, « invisible » sur la neige aux yeux de ses prédateurs. Ces deux espèces limitent leurs déplacements au maximum, pour se faire encore plus discrètes et ne pas puiser dans leurs réserves.
Le tétras-lyre, lui, a besoin de poudreuse pour creuser un igloo, où il vit jour et nuit, afin de se protéger du froid. Il n’en sort qu’une fois le matin et une fois le soir pour se nourrir d’aiguilles de résineux que son gésier adapté lui permet de digérer.
Son abri est indétectable et on ne se rend souvent compte de sa présence qu’une fois dérangé… lorsqu’il brise son igloo et s’envole. Il aura par la suite beaucoup de difficultés à en creuser un nouveau.
La fuite, un ennemi mortel
Les animaux de montagne luttent contre le froid pour maintenir leur température corporelle en puisant dans leurs réserves de graisse. Les déranger en hiver peut avoir des conséquences dramatiques : leur fuite occasionne une dépense d’énergie considérable.
Affaiblis, ils deviennent plus sensibles aux maladies, se défendent moins des prédateurs, manquent d’énergie pour chercher leur nourriture ou se reproduire… Des dérangements répétés peuvent même entraîner leur mort par épuisement.
Chez certaines espèces, la période hivernale est aussi celle de la reproduction et des naissances. C’est le cas du chamois (rut en novembre-décembre), du bouquetin (rut en décembre-janvier), et du tétras-lyre (parade en avril). Ils sont donc particulièrement vulnérables et sensibles au dérangement.
Skieurs et randonneurs doivent se faire discrets pour partager la montagne dans le respect des animaux. Leur survie est en jeu.
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Plus d’informations : biodiversite.isere.fr
Repères
5 règles d’or pour ne pas déranger
Promeneurs du dimanche, randonneurs ou skieurs, voici quelques conseils pour réduire votre impact sur la faune :
- Privilégier les secteurs découverts afin d’être vu de loin et d’éviter l’effet de surprise. Éviter également les zones non enneigées, particulièrement courues par la faune sauvage.
- Respecter les zones d’hivernage des animaux : zones de quiétude (pour le tétras-lyre) et les sites protégés (espaces naturels sensibles, réserves naturelles…).
- Rester sur les itinéraires parcourus et les sentiers balisés.
- Laisser son chien en laisse ou à la maison : sa seule présence (odeur) est une source de stress pour les animaux sauvages.
- Éviter de se déplacer à l’aube et au crépuscule : ce sont les heures où les animaux cherchent leur nourriture.
SDe Danieli
Le bouquetin mâle peut perdre un tiers de son poids en hiver.AdobeStock
En hiver, comme le lièvre variable, le lagopède alpin devient tout blanc, camouflé de ses prédateurs. Il creuse des trous dans la neige pour s’abriter.SDe Danieli
Le tétras-lyre creuse un igloo dans la neige pour se protéger du froid. Il n’en sort que deux fois par jour pour se nourrir.AdobeStock
En hiver, le discret lièvre variable, devenu blanc, limite au maximum ses déplacements. Dans la neige, il consomme beaucoup plus d’énergie et impossible de refaire les stocks !AdobeStock
La course du chamois dans une pente avec 50 cm de poudreuse demande 60 fois plus d’énergie que la marche normale sur terrain plat. Évitons de le faire fuir.