Percussionnistes des forêts

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Pic epeichette
  • Nature
Chapô

Ils tambourinent, martèlent et creusent leur loge dans les vieux arbres, grâce à leurs capacités extraordinaires. Pic-vert, pic épeiche, pic noir… il existe six pics en Isère, tous protégés. Rencontre avec ces drôles d’oiseaux.

Rendu célèbre par Woody Woodpecker, le fameux personnage de dessin animé, le pic-vert (ou pivert) est probablement le plus connu des pics.

Mais il en existe cinq autres dans notre département : le pic épeiche, le pic épeichette, le pic mar, le pic noir et le torcol fourmilier. 

Leur point commun ? Ce sont des oiseaux arboricoles, spécialisés dans l’escalade des arbres et la recherche d’insectes ou de larves pour se nourrir. Toute leur anatomie, des plumes aux pattes, en passant par le bec et la langue, est faite pour explorer branches et troncs. Des adaptations morphologiques fascinantes.

 

Taillés pour le bois 

La queue du pic, en plumes rigides et très résistantes, lui sert à la fois d’appui pour tenir à la verticale le long des troncs et de propulseur pour bondir. Contrairement aux autres oiseaux qui ont trois doigts tournés vers l’avant, le pic possède deux doigts avant et deux arrière, munis de longues griffes incurvées, pour s’accrocher aux écorces. Ses pattes sont courtes et musclées. 

Redoutable ciseau à bois, son bec dur et puissant lui permet de marteler le bois : il fait voler des fragments d’écorce à la recherche de proies ou creuse dans un tronc une « loge », où naîtront ses petits. 

Son bec lui sert aussi d’outil de communication à la saison des amours : certaines espèces l’utilisent pour tambouriner sur un support sonore, afin de marquer leur territoire et d’attirer les femelles.

 Pour compenser une usure rapide, ce bec pousse en continu. En une année, il s’allongerait de 10 à 15 centimètres si le pic n’en faisait pas un usage aussi intensif : il peut donner plus de 10 000 coups par jour, à la cadence de 15 à 20 coups par seconde ! 

Pour protéger son cerveau, l’os du crâne est dense et sa tête contient un système antivibrations sophistiqué. Des muscles servent d’amortisseurs et sa longue langue s’enroule au repos autour de la boîte crânienne. 

Gluante et parfois dotée de petits crochets pour harponner les larves enfouies dans le bois, elle se projette hors de son bec. La langue du pic-vert, dont le régime alimentaire est basé sur les fourmis, comme le torcol, peut sortir de 10 centimètres pour s’enfoncer dans une fourmilière !Ces deux espèces affectionnent ainsi le sol des milieux ouverts pour se nourrir. 

Le pic épeiche, qui a les menus les plus variés, préfère les troncs en forêt mais aussi les mangeoires, alors que le pic mar s’alimente uniquement dans la canopée (à la cime des arbres). Les pics ne se font pas concurrence et chaque espèce à ses particularités. Mais tous sont protégés. 

 

Bois mort, forêt vivante

Dépendants du bois sec ou vermoulu, y compris sur pied, les pics sont notamment menacés par la gestion forestière intensive et les coupes d’arbres encore jeunes. 

Paradoxalement, les arbres en décomposition et le bois mort sont indispensables à la vie en forêt, pour les pics, mais également pour de nombreux autres oiseaux, mammifères, insectes ou champignons. 

Plus les espèces d’arbres, les classes d’âge et de strates végétales sont diversifiées, plus la biodiversité est riche. La présence des pics est ainsi un excellent indicateur de la santé d’une forêt. 

 

Source : article rédigé avec la collaboration de Fabrice Bassompierre, guide naturaliste.
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