Musée de la Révolution française : 40 ans déjà !

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Vizille - Château
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Créé par le Département en 1983 dans le château de Vizille, le musée de la Révolution française, qui a accueilli 2 millions de visiteurs depuis son ouverture, célèbre ses 40 ans jusqu’en juillet 2024. L’occasion de venir le (re)découvrir.

Le 10 juin 1983, le Département de l’Isère décide de créer dans le château de Vizille un musée de la Révolution française. L’idée n’est pas nouvelle. Avancée dès 1924 lors de l’acquisition du château par l’État, elle a sombré dans l’oubli. Jusqu’à ce que le bâtiment soit cédé au Département en 1973, sous réserve qu’il en fasse un lieu culturel. 

Il faudra dix ans encore avant que la collectivité relève le défi et inaugure ce musée dans la demeure des ducs de Lesdiguières. “La perspective du bicentenaire de l’assemblée de Vizille a donné une impulsion décisive”, analyse Alain Chevalier, le directeur du musée. 

 

À sa création, le musée ne possédait aucun fonds

“Comment créer un musée à partir de rien ? Comment donner à Vizille une fonction conforme à sa valeur symbolique ?”  Ces questions, le conseil scientifique, créé en 1981 pour concevoir et aménager des espaces d’exposition, se les est posées. Car ce château, qui a fait de Vizille le berceau de la Révolution française, ne possédait aucun fonds iconographique. Et il n’était pas envisageable, pour un musée qui n’existait que sur le papier, d’emprunter des collections. D’où l’idée de l’inaugurer, le 13 juillet 1984, avec une exposition temporaire, « Une dynastie bourgeoise dans la Révolution : les Perier »

En coulisses, le projet se dessine. Non sans frictions ! Alors qu’une génération d’historiens marqués du sceau du jacobinisme rêve d’un centre d’interprétation, Philippe Bordes, le premier directeur, plaide en faveur d’un musée des Beaux-Arts et impose une approche originale de la Révolution et de son mythe à partir d’œuvres replacées dans leur contexte culturel. 

 

Des collections créées ex nihilo

Reste à constituer les collections. Les conservateurs s’attachent d’abord à réunir des œuvres et des objets produits pendant la décennie révolutionnaire. Avec une obsession. “Il était impératif de trouver une cohérence, de construire des collections sur un temps long, avec une vision globale, sur un marché de l’art par définition aléatoire”, poursuit Alain Chevalier.

 

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Parmi les 225 peintures exposées au musée de la Révolution française, L’Enrôlement des volontaires le 22 juillet 1792, œuvre d’Auguste Vinchon (1789-1855). 

 

Depuis, les collections se sont développées grâce à l’engagement du Département et à l’aide financière du Fonds régional d’acquisition pour les musées d’Auvergne-Rhône-Alpes. Plus de 2,7 millions d’euros ont été consacrés à la constitution de cette collection, qui compte de véritables pépites, telles que Prise de la Bastille, peint en 1791, ou Marie-Antoinette quittant la Conciergerie, de William Hamilton. 

Alain Chevalier évoque aussi La République française, de Jean-Baptiste Wicar. “C’est la première allégorie connue de la République, peinte en 1793, alors qu’on cherchait quel emblème allait remplacer le blason de la monarchie.”

 

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Des travaux titanesques

L’acquisition de collections suppose la réalisation de travaux auxquels le conseil scientifique associe d’emblée Jean-Louis Taupin, architecte en chef des Monuments historiques de l’Isère. Premier chantier, le « circuit du rocher » aménagé pour l’exposition inaugurale de 1983, a été suivi, trois ans plus tard, de travaux d’envergure dans la perspective du bicentenaire de l’assemblée de Vizille. 

L’opération consistait à modifier le sens de circulation du bâtiment en créant un accès au musée par le parc en lieu et place de l’entrée par le château située en étage. Une gageure technique dans un bâtiment classé Monument historique, qui plus est en site occupé !

 

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Évoquant les investissements sur le musée et ses collections, le président du Département, Jean-Pierre Barbier, rappelle la valeur inestimable de ce patrimoine : “Le château de Vizille et son histoire sont uniques. Le Département est fier de présenter au public dans cet écrin, l’un des plus grands châteaux du sud-est de la France, une page d’histoire fondatrice de notre démocratie et de bien d’autres dans le monde. Depuis 40 ans, le musée de la Révolution française fait revivre ces événements à travers les œuvres à un public nombreux et varié.”

 

©Domaine de Vizille & MRF

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Début septembre, la parade aérienne des tambours majors et le mobile homme céleste de la Cie Transe express. 

 

Un programme d’animation ambitieux

À l’occasion de ses 40 ans, le musée de la Révolution française propose un large programme d’animations. L’exposition « Style Révolution française, Mobilier, objets d’art et papiers peints » met en lumière jusqu’au 11 mars 2024 les différents codes des Arts décoratifs de la dernière décennie du XVIIIe siècle, qualifiés à tort de style Louis XVI ou Directoire. 

Autre exposition temporaire, « Les habits de la Révolution française, entre rupture et continuité » s’intéresseront du 28 juin au 10 novembre 2024, au vêtement à la fois vecteur d’identité sociale et marqueur de l’opinion publique. 

Parmi les autres événements-phares, une visite théâtralisée « Les femmes et la Révolution » de la compagnie Acour, le 25 novembre prochain et le 23 mars 2024, la plantation d’un arbre de la liberté le 25 novembre, la course de la Résistance du 8 mai 2024 ou encore la découverte, en mai 2024 également, d’une œuvre d’art dont le musée a passé commande à l’artiste de renommée internationale Philippe Favier pour mettre en valeur le puits de lumière situé au premier niveau du musée. 

Contact : musees.isere.fr

 

©Cie Transe Express


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Début septembre, la parade aérienne des tambours majors et le mobile homme céleste de la Cie Transe express. 

 

Un centre de ressources unique en son genre 

Acquise dès la conception du musée, l’idée de la création d’un centre de ressources consacré à la Révolution française s’est imposée comme un axe central du projet. Le dépôt par l’État en 1984 du legs du fonds d’Albert Soboul, l’un des historiens les plus célèbres de la Révolution française, a donné une base solide à cette orientation. 

Les collections se sont ensuite enrichies d’un fonds patrimonial alimenté par des dons et par une politique soutenue d’acquisition. 

Inauguré en 2001, le centre de ressources Albert Soboul abrite sur 500 m2 la plus importante documentation consacrée aux différents aspects de l’histoire de la Révolution française en Europe, soit plus de 27 000 titres.

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Repères

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L’assemblée générale des trois ordres de la province du Dauphiné, réunie dans la salle du jeu de paume du château de Vizille (Alexandre Debelle ; 1853).

 

De la monarchie à la République, un héritage haut en couleurs 

Louis XIII, le pape Pie VI, La Fayette, Sadi Carnot, Jean-Jaurès et cinq présidents de la République, dont le général de Gaulle, ont séjourné dans l’ancienne résidence des seigneurs de Lesdiguières.

Successivement symbole de la puissance de la monarchie, de la Révolution française puis de la République, ce château, classé monument historique depuis 1862, résonne des riches heures de l’histoire de France. 

Il a été construit dans la plaine de Vizille entre 1611 et 1622 par François de Bonne, ancien Ligueur converti au catholicisme et compagnon d’armes d’Henri IV devenu premier duc de Lesdiguières, lieutenant général du Dauphiné et connétable de France. 

À la mort de ses derniers descendants, en 1780, la luxueuse demeure est acquise par Claude Perier, un bourgeois qui y installe une manufacture d’impression sur tissu. Au lendemain de la journée des Tuiles, ce progressiste, hostile à l’esclavage, accepte de recevoir, le 21 juillet 1788, dans la salle du Jeu de Paume, l’assemblée générale des trois ordres de la province du Dauphiné, interdite de réunion à Grenoble après une série d’émeutes. 

395 délégués de la noblesse, du clergé et du Tiers-État délibèrent 16 heures durant et exigent la réunion des États généraux du royaume, prélude à la Révolution française. 

Au cours du XIXe siècle, la propriété change sept fois de mains avant d’être rachetée par l’État et de devenir la résidence d’été des présidents de la République. Elle est acquise par le Département de l’Isère pour le franc symbolique en 1973. 

On connaît la suite...

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