Quand la terre crache du feu !

La fontaine Adrente
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Chapô

C’est l’une des Sept Merveilles du Dauphiné. Au Gua, au pied des falaises du Vercors, des flammes jaillissent en permanence des rochers. Voyage dans un univers surnaturel et envoûtant.

En hiver, dès que les jours raccourcissent, le lieu se charge de mystère. Car ici, fait exceptionnel, l’eau crache du feu. Aux confins de la commune du Gua, à 25 kilomètres au sud de Grenoble, ce site appelé Fontaine ardente (ou « font qui brûle ») fascine depuis des siècles. Avec la Pierre percée de Pierre-Châtel, la Tour-sans-Venin de Seyssinet-Pariset ou encore les grottes de la Balme, c’est l’une des Sept Merveilles du Dauphiné. 

La première mention de son existence remonterait à saint Augustin qui, dans son traité de la Cité de Dieu, rédigé au Ve siècle, y aurait fait référence pour mettre en évidence la toute-puissance du Seigneur.

Mais il est probable qu’elle ait été vénérée dès l’Antiquité, époque où l’on vouait un culte à Vulcain, le dieu romain du Feu et des Forges. Un peu plus tard, au Moyen Âge, les esprits crédules l’associent à une malédiction. 

Selon une croyance populaire, il s’agit d’une bouche de l’Enfer où les âmes coupables expient leurs fautes. Oubliée au XVIe siècle, exaltée aux XVIIe et XIXe, cette curiosité sera enfin expliquée à l’ère industrielle. 

On sait depuis que ces étranges flammes proviennent de l’émanation d’un gaz naturel, le méthane, qui s’enflamme au contact de l’air. La manifestation est également connue sous le nom de feu follet. 

 

Entre mystère et réalités 

Bien que le sacré ait cédé sa place au profane, la magie demeure. Pour découvrir ce site, il faut emprunter la route départementale 8 jusqu’au hameau de la Pierre. Un parking et un panneau explicatif y ont été installés. 

De là part un chemin aménagé, facile d’accès, qui serpente dans la forêt. Au bout de quelques minutes de marche, on arrive à proximité du lit du Verdant où le phénomène se produit. 

Au fond d’un ravin, tapissé de mousse, des flammes orange d’une trentaine de centimètres s’échappent d’un tas de cailloux. Pas toujours spectaculaire, l’effet devient plus impressionnant au crépuscule.

Réhabilitation du site, forage, aménagement du captage de gaz… depuis 1973, les collectivités effectuent sur ce site légendaire des interventions régulières pour le rendre attrayant.

 

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Le chemin de résistance et de mémoire

 

Outre cette curiosité, Le Gua recèle d’autres richesses qui méritent le détour. Située sur le balcon est du Vercors, la commune, dont le nom vient de « gué » (partie d’une rivière pouvant être traversée à pied), est divisée en trois villages (Les Saillants, Saint-Barthélemy et Prélenfrey) et dix hameaux riches de curiosités. 

De Prélenfrey, on peut aisément rejoindre le plateau du Vercors par le col Vert et par celui des Deux-Sœurs. De là, un parcours sur la Résistance retrace en sept étapes les faits marquants de la Seconde Guerre mondiale, les planques des maquis, mais aussi des endroits insoupçonnés, comme ce préventorium (établissement de cure pour des patients atteints de tuberculose) où des enfants juifs ont été cachés durant l’occupation allemande (voir diaporama).

 

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L’intérieur de l’église Sainte-Marie-de-Genevrey

 

Aux Saillants-du-Gua, les amoureux de vieilles pierres pourront admirer l’église Sainte-Marie-de-Genevrey, un bijou du patrimoine dont l’origine remonte au XIe siècle qui a été classé au titre des monuments historiques en 1908. 

Saint-Barthélemy est le point de départ de nombreux chemins qui conduisent jusqu’à la cascade du Champa qui descend de l’Échaillon ou, plus bas encore, sur les bords de la Gresse. 

Depuis janvier 2023, deux agricultrices se sont installées sur ce territoire : Lisa Kaplanski, productrice de plantes aromatiques et médicinales ; et Magali Barengo, éleveuse de poules grises du Vercors. Toutes deux profitent pleinement de ce havre de paix.

 

©F.Pattou

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À voir à proximité

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Le musée Champollion à Vif

 

  • Le Tichodrome : Situé sur les hauteurs du Gua au hameau de Champrond, ce dispensaire, créé en 2011, recueille toute l’année des animaux sauvages orphelins ou blessés. 

    Contact : 04 57 13 69 47
     

  • Le musée Champollion : Installé à Vif dans la propriété familiale des Champollion, ce musée, l’un des 11 musées du Département de l’Isère, présente la vie et l’œuvre de Jean-François Champollion, célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, et de son frère aîné, Jacques-Joseph. 

    Contact : 04 57 58 88 50
     

  • L’église de Vif : Ce monument fait partie d’un ancien prieuré bénédictin fondé en 1035 et détruit en partie pendant les guerres de Religion. À l’intérieur se trouve un remarquable ensemble de peintures murales.

©JS.Faure

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Repères

Une fontaine ardente aussi à Meylan

Une autre fontaine ardente se trouve à Meylan, dans l’agglomération grenobloise. Bien que moins spectaculaire, elle est digne d’intérêt. Pour la découvrir, il suffit de se rendre au parc de Rochasson. 

Une petite randonnée de 2 kilomètres vous mènera vers cette curiosité géologique.

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