Quand Alzheimer frappe précocement

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Maison de Crolles
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Créées en 2016 par la Fondation OVE avec l’aide du Département, les Maisons de Crolles ont été conçues pour accueillir des personnes jeunes touchées par la maladie d’Alzheimer. Un centre d’hébergement innovant où l’on vit comme chez soi.

En 2019, la vie de Cyril bascule quand le diagnostic tombe. À seulement 41 ans, cet ancien jardinier apprend qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer. Difficulté d’organisation, troubles de la mémoire, confusion… très vite, il doit quitter son travail et retourner vivre chez ses parents. Aujourd’hui, Cyril habite aux Maisons de Crolles, l’une des deux structures agréées en France pour recevoir des personnes diagnostiquées Alzheimer avant 60 ans. 

Selon Delphine Hartmann, vice-présidente du Département en charge de l’autonomie et des handicaps, “ce type d’hébergement répond à un réel besoin. C’est pourquoi le Département a participé à hauteur de 925 000 euros à sa création. Pour information, chaque année en France, 5 000 nouveaux malades sont diagnostiqués Alzheimer précoces.” 

 

Un cadre familial peu médicalisé

Aux Maisons de Crolles, la vie s’organise comme chez soi. À la différence des établissements médicalisés (Ehpad ou autres), on ne parle pas de résidents, mais d’habitants. Une demi-journée par semaine, puis quelques jours par mois, l’entrée est progressive, le temps de s’habituer à son nouveau logement. Autre particularité, durant la journée, la porte donnant sur l’extérieur reste ouverte en permanence, permettant à chacun d’aller et venir en toute liberté. 

“Chez nous, l’ensemble du personnel a été formé à la méthode Carpe Diem, explique Nathalie Hervé, la directrice. Développé par la Québécoise Nicole Poirier, cet accompagnement s’intéresse aux personnes avant leur maladie. Nous nous ajustons toujours à leurs besoins et non l’inverse. Nous ne délivrons des médicaments que si nécessaire et privilégions toujours le contact humain.” 

Cuisine, jardinage, rangement… tout au long de la journée, les habitants peuvent prendre part aux tâches collectives selon leurs capacités et leurs envies. Différentes activités sont aussi proposées, comme des balades, des séances d’équitation, des sorties au théâtre et au musée, mais aussi des animations plus personnalisées, comme des sauts en parapente. 

Réparti en deux maisons, l’une rouge et l’autre blanche, l’établissement, d’une capacité de 32 personnes, a été conçu pour améliorer la qualité de vie. Chaque chambre compte un lit double et est aménagée selon les goûts de son occupant. Les familles ne sont pas contraintes à des horaires de visite et sont hébergées dans des chambres d’amis. 

Il y a aussi plusieurs petits salons pour se retrouver et un grand jardin avec un poulailler, un potager et une cuisine extérieure. Partout, l’aspect médical se fait le plus discret possible. Les bureaux du personnel sont répartis dans les bâtiments et restent ouverts en permanence. 

Signe marquant : l’équipe ne porte jamais de blouse blanche ! Une étude réalisée par le professeur Olivier Moreaud, neurologue au CHU de Grenoble, démontre que cette forme de soins permet de retarder le déclin cognitif, mais aussi de prolonger l’autonomie.

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Repères

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Agnès Belleil, compagne d’un résident.

Ici, on vit normalement

“Pascal, mon compagnon, a été diagnostiqué Alzheimer en 2019 à 57 ans. Un gros choc pour nous deux ! Après qu’ont été mis en place un accompagnement à domicile et une mise sous tutelle, il est entré aux Maisons de Crolles en 2020. 

C’est le professeur Moreaud qui lui a parlé de l’établissement. C’est vraiment ce qu’il lui fallait. Ici, les personnes sont considérées en tant que telles et le personnel est très disponible. Et il y a de nombreux bénévoles pour encadrer les activités. 

Aujourd’hui, Pascal a retrouvé le sourire, même si sa maladie évolue défavorablement.”

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