Ils font revivre les charbonniers de nos forêts

Couper les hêtres, les faire sécher. Transporter le bois dans une clairière. Fabriquer la charbonnière. Mettre à feu et surveiller la lente carbonisation pendant vingt-quatre heures jusqu’à obtention du charbon végétal. 

Ces gestes des anciens charbonniers du Vercors, Sébastien Perroud, Julien Lobbedez, Sabine Campredon et le cheval blanc Déreck, piliers de l’association Culture Ailleurs, les ont remis au goût du jour pour charbonner à leur tour à partir de déchets forestiers au col de Papavet, dans le Trièves. 

Équipés depuis trois ans d’un four à pyrolyse ambulant unique en France, ils répètent régulièrement l’opération lors de performances artistiques, comme au salon Experimenta, à Grenoble, et bientôt au domaine des Hautes Glaces, à Cornillon-en-Trièves, où ils sont accueillis cette année. 

Une démarche artistique, historique et environnementale 

Mais pourquoi vouloir réhabiliter le charbon à l’heure où l’on ne parle que de « décarboner » la société ? “Le carbone végétal n’a rien à voir avec le minéral, précise Sébastien Perroud. Il sert pour la dépollution de l’eau, l’amendement des sols ou pour fabriquer du fusain. Outre la valeur économique, ce savoir-faire oublié donne matière à réfléchir et à ouvrir l’imaginaire. Notre démarche est à la fois artistique, historique et environnementale.” 

Pour couronner cette aventure entamée il y a déjà seize ans, l’association, qui est soutenue par le Département, vient de sortir, Charbonniers !, un ouvrage édité chez Terre vivante, mettant à contribution une quarantaine de scientifiques, photographes, anthropologues…