François-Auguste Biard : étonnant voyageur du XIXe siècle

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Biard - Baie Madeleine
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Le peintre-voyageur lyonnais François-Auguste Biard, contemporain de Victor Hugo, très populaire en son temps, portait un regard aiguisé et curieux sur le monde. Le musée Hébert, à La Tronche, nous fait redécouvrir cet artiste oublié.

 

Des scènes de genre pittoresques truffées de caricatures de ses contemporains ; des peintures de marines très cinématographiques ; de vastes paysages lointains du Grand Nord et d’Amazonie témoignant d’un regard curieux et ethnologique sur les populations autochtones ; des sujets historiques tels que l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, en 1848, dont Biard fera un grand format très souvent reproduit dans nos manuels d’histoire… Tout à la fois portraitiste, satiriste, paysagiste, peintre d’histoire, François-Auguste Biard échappe à toute classification. 

Son nom ne vous dit rien ? Cet artiste singulier toujours en mouvement, né à Lyon en 1799 et décédé en 1882 dans l’anonymat, connut pourtant un impressionnant succès populaire dans la première moitié de sa vie, avant de passer de mode sous le Second Empire. 

 

Un témoin engagé de son temps

C’est en travaillant sur l’exposition du Musée dauphinois sur l’Amazonie que Fabienne Pluchart, aujourd’hui conservatrice du musée Hébert, découvre l’artiste voyageur. La Maison de Victor Hugo à Paris vient de lui consacrer sa première rétrospective en mars 2020. Las, la pandémie de Covid-19 va la laisser confinée !  D’où l’idée d’offrir une seconde chance à l’artiste dans la belle maison du peintre d’Ernest Hébert, qui fut aussi son contemporain. Un travail mené en collaboration avec Baptiste Henriot, expert de Biard. 

En 70 œuvres – des tableaux de grand format ou plus intimistes, mais aussi des gravures et des croquis faits sur le vif au cours de ses voyages –, on découvre une œuvre éclectique et passionnante, qui nous transporte avec malice et justesse dans le quotidien de la société du XIXe siècle, avant de nous emmener dans celui de peuples lointains : les Samis de l’île Spitzberg ou les Indiens d’Amazonie sont dépeints par Biard avec un sens aigu de l’observation. 

Formé aux beaux-arts de Lyon, le jeune François-Auguste, fort du soutien du duc d’Orléans (futur Louis-Philippe), se fait vite un nom à Paris où il s’installe en 1835 : ses tableaux burlesques sont toujours très attendus au Salon, où ils font le « buzz » ! 

Évidemment, il ne se fait pas que des amis en tournant en dérision les notables de l’époque, qui n’ont aucun mal à se reconnaître. Le musée nous introduit dans son atelier de la place Vendôme, au cœur de l’ambiance artistique bouillonnante du Tout-Paris. 

Puis on le suit dans ses expéditions picturales au bout du monde : en 1839, le voilà parti en Laponie avec sa compagne, Léonie d’Aunet, l’une des rares femmes occidentales à fouler la terre boréale (hélas, l’histoire tournera mal quand débutera sa liaison avec Victor Hugo). Ruiné, tombé en disgrâce sous Napoléon III, l’homme repart en 1858 au Brésil où il passera deux ans de sa vie, de Rio à la province d’Espírito Santo, via Manaos et le río Negro. 

Il en rapporte un livre illustré de 180 gravures très documenté, dont Jules Verne s’inspirera pour ses propres écrits ! Peintre et raconteur d’histoires, on rencontre un homme enflammé et totalement de son temps, curieux de tout, qui s’inscrit en partie dans une tradition héritée des peintres flamands et de Hogarth, tout en restant anticonformiste. 

Dépaysement et plaisir assurés !

 

Encart

Repères

 « Le monde en scène. François-Auguste Biard (1799-1882) »

 Du 7 avril au 4 septembre, au musée Hébert, à La Tronche. Entrée libre. 

Contacts : 04 76 42 97 35 - musees.isere.fr

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