Ces papillons qui font le printemps

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papillon paon du jour
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Dès que les jours se font plus doux, ils dévoilent leurs superbes couleurs. À peine sortis de leur léthargie hivernale ou de leur chrysalide, les tout premiers papillons égayent l’horizon de leur vol léger. Rencontre avec ces éclaireurs qui annoncent le retour du printemps.

Un papillon ne fait pas le printemps ? Il annonce tout du moins le proche retour de la belle saison. 

En Isère, les premiers voltigeurs montrent le bout de leurs ailes colorées dès mars. Sur les 260 espèces de papillons de jour recensées en France, 202 sont présentes en Isère – l’un des départements les plus riches du pays en termes de diversité –, dont une vingtaine s’observe avant le mois d’avril. 

Parmi ces éclaireurs, certains ont passé l’hiver à l’état adulte, d’autres à l’état larvaire. En effet, les papillons vivent toute l’année : sous forme d’œufs, de chenilles, de chrysalides ou d’imagos (adultes). Selon les espèces, les stratégies pour passer l’hiver sont donc diverses. 

 

Petit mais costaud

Le citron, par exemple, hiverne au stade adulte, à l’abri dans les bois, les granges, les remises, sous une feuille… Il fait partie des papillons les plus précoces et les plus répandus. On peut l’apercevoir en plaine comme à 2 000 mètres d’altitude. 

Grâce à l’antigel naturel qu’il produit dans sa circulation sanguine, il peut survivre à des températures allant jusqu’à – 20 °C ! 

Alors que d’autres papillons ne vivent que quelques jours ou semaines, le citron peut vivre jusqu’à 12 mois. L’adulte « naît » en juin. Il se nourrit, puis se cache pour estiver, c’est-à-dire se protéger des fortes chaleurs, en se réfugiant dans des zones ombragées (sous-bois, lierre feuillu, surplomb rocheux…) où il reste tapi jusqu’au début de l’automne. 

Ensuite, il profite des dernières fleurs pour reconstituer des réserves avant d’hiverner. Suivant les années, le citron refait surface en février ou mars, lorsque les températures atteignent environ 14 °C. Le mâle se met alors en quête d’une femelle à féconder. S’ensuivent la ponte, puis les chenilles, les chrysalides… et les adultes de la nouvelle génération émergent à leur tour en juin. 

En Isère, le citron est le papillon qui vit le plus longtemps à l’état adulte, suivi du morio. Autre stratégie : certaines espèces passent l’hiver métamorphosées dans une chrysalide, prête à émerger pour déployer leurs ailes dès les premiers beaux jours, telle l’aurore. D’autres migrent, comme les oiseaux, mais sur plusieurs générations, tel le vulcain qui est de retour au début du printemps. 

 

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Pas vu, pas pris 

Pour survivre, la plupart des papillons ont développé d’étonnantes techniques de défense contre les prédateurs. Certains ont opté pour le camouflage : grâce à la découpe et à la couleur du revers de leurs ailes, ils parviennent à se rendre presque invisibles dans leur environnement.

D’autres intimident leurs prédateurs grâce à un leurre, comme le paon-du-jour qui ouvre brusquement ses ailes rouges dont les ocelles (taches de couleur arrondies) imitent les yeux d’un animal plus gros. 

Le paon-du-jour (comme le morio) est aussi capable d’émettre des sons en ouvrant ses ailes, une sorte de cliquetis qui font fuir les petits rongeurs. 

Autant de stratagèmes pour atteindre la fin de l’hiver et être les premiers à égayer jardins et lisières de forêt ensoleillées, où ils pourront se nourrir et assurer le renouvellement des générations.

Encart

Plus d’infos : https://www.sciences-participatives-au-jardin.org/files/Guide-papillons.pdf

Vous pouvez participer au recensement des papillons via ce site : https://www.vigienature.fr/fr/operation-papillons

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Connaître pour mieux protéger

Le Département de l’Isère effectue depuis 2019 un suivi des populations de papillons sur les espaces naturels sensibles (ENS) de la tourbière du Peuil, des Écouges et du marais de Montfort.

L’objectif est de connaître l’ensemble des espèces de chaque milieu, d’assurer la meilleure gestion possible en matière de pâturage et de fauche, et d’évaluer la qualité des actions de conservation. On dénombre en moyenne une quarantaine d’espèces différentes par ENS.

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Repères

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Fauchage raisonné, nature préservée 

En Isère, la pratique du fauchage raisonné dans le cadre de l’entretien des bords de routes départementales vise à préserver la biodiversité. Il s’agit de ne faucher que le strict nécessaire pour garantir la sécurité des usagers, mais aussi d’organiser un fauchage plus tardif (et sans produits phytosanitaires). 

Cela permet aux insectes de se nourrir plus longtemps. L’ortie, par exemple, propose le gîte et le couvert à une trentaine d’espèces de papillons, comme le paon-du-jour, le robert-le-diable ou encore la « petite tortue ». Certaines espèces ne pondent même que sur des feuilles d’ortie. 

Ensuite, les chenilles s’y développent en se nourrissant des feuilles et les adultes trouvent du nectar à l’intérieur des corolles. Espèces végétales et animales sont donc étroitement liées.

Les particuliers peuvent aussi appliquer le principe du fauchage raisonné dans leur jardin en laissant une bande de quelques mètres tondus tardivement.

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