L’eau, ce bien commun à partager

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Fabien Mulyk
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Que fait le Département pour préserver notre ressource en eau ? Le point avec Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la gestion de l’eau, président du Symbhi, 

Le 22 mars dernier a été célébrée la traditionnelle Journée mondiale de l’eau. L’occasion de faire le point avec Fabien Mulyk, vice-président du Département en charge de l’agriculture, de la forêt et de la gestion de l’eau, président du Symbhi, sur les actions entreprises par le Département pour préserver cette ressource vitale, qualifiée de « patrimoine commun de la Nation ».

 

Isère Mag : La disponibilité en eau est source d’inquiétude. Quelle est l’état des lieux de cette ressource en Isère ? 

Fabien Mulyk : Je voudrais rappeler qu’il n’y a pas si longtemps encore, personne ne se préoccupait de la raréfaction de l’eau. C’était l’eau facile. Il suffisait d’ouvrir le robinet !

Aujourd’hui, avec les effets du réchauffement climatique et les sécheresses à répétition, la donne a changé. Dans nos régions de montagne, les régimes hydrologiques ont été modifiés. Auparavant, nous pouvions compter sur des stocks de neige importants, une fonte lente et des rivières bien alimentées en eau fraîche. 

Avec des stocks de neige moins abondants et une fonte accélérée, nos cours d’eau se retrouvent aujourd’hui dans une situation inhabituelle. Selon une étude de Météo-France, le débit de l’Isère devrait ainsi baisser de 40 % en été d’ici à 2050 ! 

À cela s’ajoute le phénomène d’évapotranspiration. Avec des températures plus élevées, les plantes retiennent davantage l’eau de pluie, qui, du coup, va moins alimenter les nappes. Cette évapotranspiration équivaut pour les sous-sols à la perte d’un mois de pluie. Des rivières au débit plus réduit et des nappes phréatiques qui se rechargent moins bien, voilà ce qui nous attend dans un avenir proche. 

Nous devons donc collectivement nous adapter à ce nouveau contexte et être plus performants dans la gestion de cette ressource naturelle. C’est ce à quoi le Département travaille depuis plusieurs années

 

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I. M. : Le Département a d’ailleurs lancé une étude prospective sur le sujet.

 F. M. : C’est l’une de nos actions prioritaires pour 2023. En concertation avec les acteurs de l’eau – agriculteurs, industriels, associations environnementales, usagers… –, nous avons lancé une étude sur la ressource en eau en Isère et ses différents usages. 

Cette étude va nous permettre d’évaluer les tensions sur la ressource et de pointer les secteurs géographiques où nous sommes le plus vulnérables, avec l’objectif de faire évoluer les pratiques si l’on souhaite préserver et partager cette ressource entre tous.

I. M. : Un nouvel outil de coopération interdépartementale est également annoncé.

F. M. : L’Isère prend sa source en Savoie, à Val-d’Isère, et se jette dans le Rhône, près de Valence. Avec les Départements de la Savoie, des Hautes-Alpes et de la Drôme, nous avons décidé de créer un Établissement public territorial de bassin spécifique à la rivière Isère et ses affluents. Cet outil de coopération nous permettra d’harmoniser les actions à mener pour la gestion de ce cours d’eau important. 

I. M. : Pourtant la gestion de l’eau n’est pas une compétence départementale. 

F. M. : Effectivement, ce n’est pas une compétence diredte. Mais, historiquement, le Département a toujours eu la volonté d’accompagner les acteurs de l’eau, surtout en matière de prévention des inondations. 

Nous sommes ainsi à l’origine de la création, en 2004, du Syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère, le Symbhi, dont la vocation première était la protection des populations contre les inondations entre Grenoble et Pontcharra, à laquelle ont été intégrées deux autres dimensions : le retour à un meilleur état écologique de la rivière et des aménagements de loisirs. 

Dans le même esprit, le Symbhi a également réaménagé la Romanche entre Séchilienne et Vizille, programme qu’il poursuit aujourd’hui dans la plaine de Bourg-d’Oisans. Et puis, en 2014, le législateur a confié aux intercommunalités (EPCI) une nouvelle compétence : la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi). 

Du jour au lendemain, il a fallu organiser la couverture intégrale du territoire en matière de lutte contre les inondations et de restauration des rivières. Le Département s’est tout naturellement mobilisé pour accompagner les EPCI dans cette nouvelle mission en incitant le regroupement des structures au sein de bassins-versants. 

I. M. : Comment se manifeste le soutien du Département aux structures partenaires ? 

F. M. : Pour accompagner les projets, le Département a mis en place un fonds de 10 millions d’euros entre 2018 et 2021, fonds qui a été reconduit à hauteur de 7,5 millions d’euros jusqu’en 2024. 

Il a permis à l’Épage de la Bourbre d’entreprendre, par exemple, d’importants travaux de protection contre les inondations sur ce cours d’eau et au Symbhi de restaurer la Gresse entre Vif et Le Gua en gommant de nombreuses traces humaines du passé (une digue obsolète, une ancienne conduite d’alimentation en eau…) au profit de l’élargissement du lit de la rivière, de l’ouverture de bras secondaires, d’aménagements piscicoles et de la végétalisation de berges.

Dans le même esprit, à Eyzin-Pinet, le Syndicat isérois des rivières Rhône aval (Sirra) s’est attaché à redonner son caractère naturel à la Gère. Le lit a été élargi, les enrochements artificiels ont été supprimés et les berges revégétalisées. 

Sur le périmètre du Syndicat interdépartemental du Guiers et de ses affluents (Siaga), le Département a soutenu les travaux de restauration et d’entretien des boisements des berges. Le Département aide aussi le fonctionnement de ces syndicats à hauteur de 390 000 euros et a mis à leur disposition six ingénieurs et deux techniciens. 

Redonner à nos rivières un bon fonctionnement hydraulique et écologique tout en partageant les usages est une des actions mises en œuvre actuellement par le Département et ses partenaires pour préserver et sécuriser la ressource.

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L'eau en Isère

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