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À Gillonnay, les associations Le Bercail paysan et Sainte Agnès accueillent, à la journée, des adultes en situation de handicap mental pour leur proposer des activités favorisant leur autonomie et leur épanouissement. Une initiative inédite en France.
Grâce au Bercail paysan, Léo, autiste, se sent utile et reconnu en s’occupant des animaux de la ferme de Romain Poureau.
Léo, 22 ans, jeune autiste, est aujourd’hui un garçon heureux qui a trouvé une source d’épanouissement. Depuis dix-huit mois, il se rend trois fois par semaine dans la ferme de Romain Poureau, à Gillonnay, pour ramasser les œufs, nourrir les lapins et s’occuper des moutons.
Quand on l’interroge sur les bienfaits de ces activités, son regard s’illumine : “Être à l’extérieur avec les animaux, j’adore ça ! Je me sens détendu et rassuré”, se réjouit-il. Ici, on évolue en toute confiance et surtout sans se mettre la pression. Mis en place il y a trois ans par l’association Le Bercail paysan, ces ateliers à la ferme ont été entièrement conçus pour les adultes autistes ou en situation de handicap mental qui ont besoin d’un cadre sécurisant.
“Jusque dans les années 1970, le monde agricole acceptait les différences et donnait une place à tous. Tout cela a disparu avec l’arrivée de la mécanisation, rappelle Raymond Riban, son président. Nous avons voulu renouer avec cette tradition, mais aussi proposer une alternative aux établissements et aux services d’aide par le travail pour les personnes ne pouvant y accéder.”
En partenariat avec l’association Sainte Agnès, spécialisée dans l’accompagnement du handicap, l’accueil s’effectue par petits groupes de neuf personnes au maximum, avec trois éducateurs pour l’encadrement. Soins des animaux, récolte ou conditionnement des produits… tous les ateliers sont adaptés à leurs difficultés. Romain est aussi très impliqué.
Gagner en confiance en soi
Pour monter son projet, Le Bercail paysan s’est appuyé sur sa ferme, la Ferm’avenir du Bercail, une exploitation de 40 hectares labellisée agriculture biologique, constituée d’un troupeau de 200 brebis, d’un poulailler de 400 poules et d’une vingtaine de lapins.
“Ce qui m’a motivé, c’est la générosité de l’initiative et son côté humain. Cela donne un autre sens à mon métier.” Bien sûr, il faut parfois résoudre des problèmes auxquels on ne s’attend pas. “À tout moment, les personnes peuvent nous faire part de leur mal-être. Dans ce cas, on ajuste, on soutient, on accompagne, l’idée étant de stimuler leurs capacités afin de les rendre le plus autonomes possible”, ajoute Estelle Dubois, cheffe de service de l’association Sainte Agnès et responsable du service d’accueil de jour.
À la longue, ces activités augmentent les chances de trouver un emploi. Le Bercail paysan s’est d’ailleurs rapproché du lycée agricole de La Côte-Saint-André pour offrir une validation des compétences acquises en reconnaissance du temps donné.
©M.Gruss
Contact : Le Bercail Paysan, 06 26 55 14 17
Zoom
Delphine Hartmann, vice-présidente du Département en charge de l’autonomie et des handicaps.
Mieux accompagner les personnes en situation de handicap mental
Nous allouons 135 000 euros par an à l’association Saint Agnès et au Bercail paysan pour financer le service d’accueil de jour qu’ils ont mis en place.
Cette aide permet de proposer aux personnes en situation de handicap mental des activités valorisantes leur permettant de se sentir utiles et de (re)trouver un emploi. Cette initiative favorise le lien social et l’insertion.
Pour rappel, le taux de chômage des personnes handicapées est deux fois supérieur à la moyenne nationale !
Pour améliorer la prise en charge du handicap, Le Bercail paysan a aussi lancé un projet d’habitat inclusif d’une capacité de huit places qui devrait voir le jour courant 2024. Nous suivons ce dossier de près.
©F.Pattou