Les frères Champollion : “Moi, c’est toi.”

Publié le
Modifié le
Les frères Champollion
  • Culture
  • Événement
Chapô

Pour le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes, un an après l’ouverture du musée Champollion à Vif, les Archives départementales de l’Isère dévoilent la correspondance des deux frères et leur relation fusionnelle.

Le 18 septembre 1822, à 31 ans, Jean-François Champollion (1790-1832), déboule en fièvre chez son aîné Jacques-Joseph (1778-1867) à Paris pour lui annoncer la grande nouvelle : “Je tiens mon affaire !”

Après dix ans de travaux acharnés, le prodige croit avoir trouvé la clé de déchiffrement des hiéroglyphes grâce à la triple inscription de la pierre de Rosette (dont son frère a pu lui obtenir une bonne copie).

Fort de sa connaissance de la langue copte, Jean-François peut prendre de vitesse l’anglais Thomas Young et les autres savants en passe de résoudre l’énigme à laquelle tous se heurtent depuis des décennies. Enfin, les murs et les monuments de la plus fascinante des civilisations antiques vont pouvoir parler.

 

Image
Les 60 volumes de la correspondance des frères Champollion ont été acquis en 2001 par le Département de l’Isère.

 

Le découvreur des hiéroglyphes accédera rapidement à la célébrité. Mais l’histoire ne se résume pas à un trait de génie. Les 60 volumes de la correspondance des frères Champollion – acquise en 2001 par le Département de l’Isère en même temps que la maison familiale de Vif – nous révèlent les coulisses d’une aventure captivante, où la fraternité tient le premier rôle.

“Il y a longtemps que tu me prouves que moi, c’est toi. Je serai trop heureux de prouver l’inverse. Mon cœur m’assure que nous ne ferons jamais deux personnes”, écrit Jean-François à Jacques-Joseph en 1818.

 

Image
Lettre de Jean-François Champollion agrémentée de hiéroglyphes.

 

Un fonds exceptionnel accessible à tous

“Sans le soutien indéfectible de son frère qui n’a cessé de lui trouver les protecteurs dont il avait besoin, Jean-François ne serait sans doute jamais venu à bout de ce travail, affirme Hélène Viallet, directrice des Archives départementales de l’Isère, où sont conservés les précieux volumes. C’est d’ailleurs son frère qui a publié son œuvre après sa mort prématurée à l’âge de 42 ans. C’est encore lui qui plaidera auprès du roi en 1832 pour que la Bibliothèque nationale acquière l’impressionnante masse de notes, courriers et estampages accumulée durant ses recherches et fournisse une rente à sa belle-sœur et à sa nièce Zoraïde.”

Après le travail de dépouillement accompli par une jeune égyptologue, fruit d'un partenariat entre l'ADEC et le Département, ce fonds exceptionnel – par volume, 350 lettres manuscrites de trois ou quatre pages, soigneusement reliées par les descendants de Jacques-Joseph – sera progressivement numérisé et mis en ligne dans son intégralité sur le site des archives départementales à partir de cet automne.

Cette plongée dans l’intimité des deux frères et dans le bouillonnement politique et scientifique de l’époque sera aussi mise en scène dans une exposition temporaire riche en documents originaux, assortie de conférences et visites.

On y découvrira comment Jacques-Joseph, fils d’un modeste libraire de Figeac et passionné d’archéologie et de civilisations anciennes, prend en main l’éducation de son jeune frère en le faisant venir auprès de lui à Grenoble à l’âge de 12 ans et en lui transmettant le virus de l’égyptologie. Chargé par son ami Joseph Fourier, alors préfet de l’Isère, de rédiger l’introduction de la Description de l’Égypte commandée par Bonaparte, ce brillant érudit a le souci de sa carrière, quand le cadet, avec son caractère impétueux, a vite fait de se créer des inimitiés !

À la Restauration, en 1816, avec le retour des Bourbons au pouvoir, leurs idées républicaines leur vaudront un exil d’un an loin de Grenoble et Paris, à Figeac, qui les privera de revenus. Heureusement, un adoucissement du régime les autorisera à reprendre leurs recherches.

Leur correspondance nous emmène également en Égypte en 1828-1829, quand Jean-François peut enfin réaliser le rêve de sa vie. Malgré ses problèmes de santé récurrents, il peut vérifier au bord du Nil toutes ses hypothèses. Il décède trois ans après, épuisé. Mais la science de l’égyptologie vient de naître.

Corps suite

Pratique

Image

 

  • « Les frères Champollion, la correspondance dévoilée. » Jusqu’au 16 décembre aux archives départementales de l’Isère, à Saint-Martin-d’Hères.

Deux autres expositions à voir dans le cadre du bicentenaire :

  • « Musée Champollion, un chantier déchiffré. » À partir du 22 octobre au musée Champollion, à Vif.
  • « Égyptomanie ! » À partir du 3 novembre au Musée dauphinois, à Grenoble.

Contacts : musees.isere.fr - archives.isere.fr

3
minutes de votre temps
A- A+
Publié le
Modifié le