Sur la trace des Templiers

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C’est à Vienne, en 1312, que sera scellée la fin des Templiers. Outre cet épisode marquant, l’Isère conserve un bel héritage de cet ordre religieux, le plus fort de l’époque et l’un des plus mystérieux.

D’octobre 1311 à mai 1312, 150 évêques et membres éminents du clergé sont réunis dans la cathédrale Saint-Maurice de Vienne par le pape Clément V sous l’ordre du roi de France, Philippe le Bel. La ville accueille le XVe concile œcuménique, qui aboutira principalement à la suppression définitive de l’ordre du Temple.

Le feu et le sang qui suivirent n’ont pas effacé les nombreux vestiges que l’Isère conserve de ces énigmatiques chevaliers. Qui étaient-ils ? Quelle était leur mission ? D’où venait leur richesse ? Pour mieux comprendre leur histoire, il faut remonter en 1120.

Neuf chevaliers venus de France, sous la conduite d’Hugues de Payns, s’installent à Jérusalem et prennent le nom de l’ordre des Pauvres Chevaliers du Christ. À la fois moines et soldats, ils logent à l’emplacement de l’ancien temple du roi Salomon, d’où leur nom de templiers. L’Ordre sera reconnu au concile de Troyes en janvier 1129. Sa mission ? Bâtir des forteresses dans les États latins pour conserver les territoires conquis pendant les croisades et protéger des brigands et des Sarrazins les milliers de pèlerins qui se rendent en Terre sainte.

Très vite, leur réputation s’étend dans toute l’Europe. Chargés de gloire, ils y reçoivent de la part des souverains et des nobles familles des terres où ils fondent leurs commanderies près des voies de communication. Il s’agit bien souvent de petites exploitations agricoles propres à faire vivre quelques frères, à élever des chevaux, des moutons, à produire du blé et à fournir des armes.

Un tiers des revenus est envoyé – en théorie – à Jérusalem pour nourrir l’effort de guerre. Généralement issus de la noblesse, ces moines-soldats, animés par une grande ferveur spirituelle, se révèlent aussi d’excellents guerriers.

Au fil du temps, bénéficiant de la générosité des princes et des fidèles qu’ils protègent et hébergent tout au long des chemins, ils acquièrent une immense richesse qui forgera la légende de leur trésor.

 

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Carte régionale des principales commanderies, réalisée par Eric Gerboulet d’après un fond de Jean de Beins de 1613.

 

Un ordre riche et puissant

En Isère, de nombreux édifices témoignent encore de cet ordre mystérieux. Autour de Grenoble, à Échirolles, Veurey-Voroize et Réaumont ; dans le Grésivaudan, à Avalon et Allevard ; en Bièvre-Valloire, à Ornacieux, Beaurepaire et Saint-Siméon-de-Bressieux ; mais aussi dans le Nord-Isère, à La Bâtie-Divisin, La-Tour-du-Pin et Vienne. À Villemoirieu, Courtenay et Vaulx-Milieu, trois commanderies sont encore en élévation.

Dans le sud de l’Isère, des traces subsistent aussi de leur passage, comme dans l’église de Mens, sur les sculptures ornant les chapiteaux. Jusqu’à la chute de l’Ordre, les commanderies étaient dans tout le royaume de France des centres économiques importants. Les Templiers étaient alors les banquiers du roi.

Mais ce dernier décide de s’attaquer à leur puissance et à leur richesse pour effacer la dette qu’il avait envers eux. Le 13 octobre 1307, Philippe le Bel ordonne l’arrestation de tous les Templiers de France.

Nombreux vont être torturés et brûlés, mais dans le Dauphiné, alors principauté indépendante, la plupart auront pu s’échapper.

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