Blancs comme neige

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Le lièvre variable a la particularité de changer de couleur en fonction des saisons. En hiver, tout son pelage est d’un blanc immaculé. Seul le bout de ses oreilles reste noir toute l’année.
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Chapô

En Isère, trois maîtres du camouflage possèdent la capacité extraordinaire de changer de couleur au fil des saisons. Le lièvre variable, le lagopède alpin et l’hermine affrontent l’hiver, blancs comme neige.

Ils sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation. Le lièvre variable, le lagopède alpin et l’hermine ont en commun un don particulier doublé d’une stratégie de survie : celui de changer de couleur pour se confondre avec leur environnement… et ainsi passer inaperçu aux yeux de leurs prédateurs !

 

Pas vu, pas pris

Le lièvre variable, cousin montagnard du lièvre d’Europe et rescapé des glaciations du quaternaire, porte un nom évocateur : son pelage varie dans l’année, passant du brun gris, comme les cailloux en été, au blanc, comme le manteau neigeux en hiver. Seul le bout de ses oreilles reste noir.

Autre espèce emblématique des montagnes iséroises, le lagopède alpin, surnommé « perdrix des neiges », reste difficile à repérer en toute saison grâce à son don du mimétisme. Il revêt trois plumages à l’année.

En été, il vire au brun gris et obtient le camouflage idéal dans les roches et les broussailles. À l’automne, sa mue est partielle et forme un mélange entre ses livrées d’été et d’hiver. À la saison froide, son plumage est entièrement blanc (sauf l’extrémité de sa queue). Cet habit d’hiver ne réfléchit pas les rayons ultraviolets que les rapaces parviennent à voir. Le lagopède devient alors « invisible ». Et pour se protéger encore davantage, y compris des intempéries, il peut creuser des trous de neige pour s’abriter, comme dans un igloo. Les plumes qui entourent ses pattes se développent, telles d’épaisses chaussettes anti-froid, et l’aident à se déplacer, à la manière des raquettes à neige.

La jolie hermine devient aussi presque entièrement blanche, seul le bout de sa queue noir trahit sa présence dans la neige. Alors que d’autres espèces hibernent en hiver, l’hermine doit continuer de se nourrir en redoublant d’efforts.

Avec le froid, ses besoins énergétiques sont très importants : elle doit manger l’équivalent de la moitié de son poids par jour. Elle passe donc le plus clair de son temps à chasser. Quand la neige est abondante, l’hermine peut se cacher de ses prédateurs comme de ses proies. Devenir blanc en hiver est un excellent choix pour se dissimuler… à condition qu’il y ait de la neige !

 

Victimes du réchauffement

Derrière le mécanisme de cette transformation, une sensibilité au photopériodisme, c’est-à-dire à la durée du jour, qui diminue à l’approche de l’hiver.

Le hic : le réchauffement climatique entraîne une diminution de l’enneigement. La mue étant contrôlée par la durée de la luminosité, les animaux risquent de se retrouver de plus en plus en décalage visuel avec leur habitat. Blancs sur la roche sombre, visibles comme des ampoules dans la pénombre, ils deviennent alors des proies faciles !

À défaut de stopper le dérèglement du climat, reste à espérer que les capacités génétiques de ces trois espèces leur permettront de s’adapter et de survivre à l’inévitable réchauffement actuel et à venir.

Encart

Plus d’infos : biodiversite.isere.fr

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