Qu’est-ce que la Médiathèque départementale de l’Isère ?

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Patrick Curtaud
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Depuis sa création en 1945, la médiathèque départementale est l’un des piliers du développement de la lecture publique en Isère. Patrick Curtaud, vice-président en charge de la culture et du patrimoine nous présente la « Bibliothèque des bibliothèques ».

Isère Mag : Quels sont le rôle et les missions de la Médiathèque départementale de l’Isère ?

Patrick Curtaud : En préambule, je voudrais rappeler que c’est une chance inouïe de pouvoir se rendre dans n’importe quelle bibliothèque publique et de se procurer aisément le livre, document, CD ou DVD que l’on recherche.

Ce libre accès à la culture, à la connaissance, à l’information est une liberté exceptionnelle en France et l’un des piliers de notre démocratie. En Isère, nous avons un outil de qualité qui remplit cette mission : la Médiathèque départementale de l’Isère, dont l’histoire peut se résumer en deux dates principales : 1945 et 1983.

 

I. M. : Pouvez-vous nous en dire plus ?

P. C. : Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que le pays amorce sa reconstruction, le gouvernement de l’époque veut promouvoir la lecture et lutter contre l’illettrisme à un moment où le livre s’est raréfié ; les bibliothèques communales n’étant pas en mesure de financer l’achat de nouveaux ouvrages ou tout simplement de fonctionner.

Il est alors décidé que des bibliothèques centrales de prêt soient mises en place dans tous les départements, mais, dans un premier temps, pour des raisons budgétaires, seuls huit départements, dont l’Isère, en seront pourvus.

La Médiathèque départementale de l’Isère est créée en 1945 et devient la structure de référence vers laquelle on se tourne pour alimenter en livres les bibliothèques de nos villes et nos villages. C’est pourquoi on l’appelle « la Bibliothèque des bibliothèques ».

Par la suite, pour apporter lecture et culture au plus près des usagers, les bibliobus font leur apparition. Quarante ans plus tard, avec la mise en œuvre des lois de décentralisation de 1983, l’État transfère aux Départements cette mission de développement de la lecture publique. À eux désormais de pérenniser les réseaux, d’optimiser leur maillage et de proposer les « produits » culturels innovants que les usagers attendent.

 

I. M. : Que propose-t-elle de plus aujourd’hui ?

P. C. : La Médiathèque départementale de l’Isère est toujours marquée par cette activité de prêt, mais les supports proposés ont bien évolué. Si elle fournit encore livres, CD et DVD, elle a vu son catalogue s’élargir considérablement avec la mise à disposition, par exemple, de kamishibaïs, ces théâtres à histoires d’origine japonaise, d’expositions thématiques, de tapis de lecture, de jeux vidéo, de tablettes, de robots, de tables de montage, de drones et même de kits pour créer une webradio.

Sans parler des ressources numériques accessibles gratuitement à l’ensemble des abonnés des 303 bibliothèques soutenues par le Département : films, livres, musique, presse, spectacles, cours en ligne…

 

I.M : Mais encore…

P.C : Cette activité de prêt s’est étoffée d’une autre mission tout aussi importante : le conseil et l’accompagnement des établissements de lecture publique, en particulier des communes de moins de 10 000 habitants. Car le public de la médiathèque départementale, c’est le bibliothécaire, qu’il soit salarié ou bénévole. Ce métier, cette passion, cela s’apprend !

Elle propose donc des formations toute l’année, organise des journées d’étude et des rencontres afin que professionnels et bénévoles puissent échanger sur leurs pratiques. L’an passé, elle a réuni à Minatec tous les responsables de réseaux afin qu’ils travaillent ensemble sur la meilleure manière de proposer des services mutualisés. Et en octobre dernier, ce sont les référents numériques qui ont été invités à réfléchir autour d’un « escape game » sur le thème des fablab.

En complément de ces formations et de ces animations, les agents de la Médiathèque départementale interviennent aussi pour adapter les bibliothèques iséroises aux évolutions sociétales et favoriser la création de services innovants.

L’idée actuellement est de penser les équipements existants comme des espaces de créativité, de coworking, de rencontre où l’on peut accueillir auteurs, artistes en résidence, cinéastes, musiciens ou conférenciers.

La bibliothèque d’aujourd’hui ne doit plus se résumer à cette « armoire à livres » que l’on connaissait autrefois. Elle est désormais un outil de lien social qui doit permettre à tous et partout, et je pense aussi aux publics empêchés comme les personnes hospitalisées ou les détenus, celles en situation de handicap, ou encore les tout-petits, de s’épanouir à travers une offre culturelle adaptée.

 

I. M. : L’actualité, c’est aussi cette loi « Robert » votée par le Parlement en décembre dernier. Que vous inspire-t-elle ?

P. C. : Évidemment une grande satisfaction à l’heure où l’on doit tous faire bloc contre l’obscurantisme, l’intolérance mais également l’illettrisme qui touche encore 7% des Français.

Car cette loi rend obligatoire l’existence d’une médiathèque départementale dans tous les départements – il y avait encore « quelques trous » dans la raquette – et garantit le libre accès aux bibliothèques et le respect du pluralisme des collections. Cela induit que personne ne peut retirer des rayonnages des ouvrages qui ne lui plairaient pas.

 

Propos recueillis par Richard Juillet.

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